Un peuple persécuté
« Éternels étrangers de l’intérieur », ils ont été la cible de toutes les politiques discriminatoires des États européens dès leur entrée sur le continent au 15e siècle. Réduits en esclavage sous l’empire ottoman, internés en Espagne, soumis aux lois d’assimilation forcée dans l’empire austro-hongrois. Ils se réfugient à l’ouest à partir du milieu du 19e siècle où ils vont continuer de subir les politiques discriminatoires. Les différentes administrations les qualifient de « périls errants ».
Au moins un million d’entre eux seraient morts dans les camps d’extermination nazis. Ce génocide facilité par la complicité des États européens aux politiques racistes, jamais réellement reconnu à la hauteur des atrocités vécues, jamais « réparé », reste une plaie vive dans les mémoires du peuple rom.
Discriminations dans l’Union européenne
Les Roms deviennent des citoyens européens lorsque le pays dont ils possèdent la nationalité entre dans l’UE. Ils acquièrent à ce titre des droits dont celui de circuler et de séjourner librement dans l’UE, de voter et de se porter candidat aux élections municipales et à celles du Parlement européen, de travailler dans un autre État membre que celui de leur nationalité. Mais pour les ressortissants roumains et bulgares, des mesures transitoires de restriction discriminatoires de l’accès au travail ont duré jusqu’en 2014. Ils ne pouvaient postuler à toutes les catégories d’emploi disponibles et ils étaient les seuls européens à devoir fournir un titre de séjour et une autorisation de travail. De plus l’employeur devait s’acquitter d’une taxe de 806 euros pour un an de travail au SMIC ! Difficile dans ces conditions d’arracher un emploi ! D’où un maintien dans une spirale de précarité et de paupérisation sans fin.
D’après l’ERRC (European Roma Rights Centre) [1] il y aurait des cas de violences racistes dans 12 pays, de ségrégation scolaire dans 15, de ségrégation dans l’habitat dans 18 et des atteintes à la libre circulation dans 8...
La France pays des non-droits humains !
Sur les 300 000 Roms vivant en France, « noyés » dans la population, seuls 10 000 seraient des migrants... Ceux-ci ont été désignés comme « catégorie ethnique dangereuse » (circulaire du ministre de l’intérieur du 5 août 2010). La France a été condamnée pour politique raciste flagrante par le Conseil de l’Europe le 27/02/2012. La Commission européenne des Droits de l’Homme a condamné 6 fois la France pour non respect de droits des Roms à la santé, à l’assistance sociale et médicale, à la protection, à l’éducation, au logement. Mais les expulsions, même en plein hiver, les destructions de biens et d’habitats continuent par milliers chaque année. Pour les gouvernements successifs, la construction raciste du bouc émissaire rom est facile : ils sont pauvres, possèdent une autre langue, une autre culture. Ils sont LE coupable idéal des peurs engendrées par une situation sociale et économique désastreuse et terriblement angoissante pour la majorité de la population. Cette politique violente et raciste favorise la montée de l’extrême droite, parti et groupuscules confondus. Des petites phrases ignobles « Comme quoi Hitler il en a peut-être pas tué assez, hein » (Bourdoulex, maire de Cholet en 2013), aux ratonnades des personnes et incendies criminels de camps dans différentes villes de France !
Résistances avec les Roms !
Des militant·es avec leurs associations, leurs syndicats, leurs partis parfois s’engagent contre les exactions faites aux Roms : procès gagnés contre des élus prononçant des propos racistes, manifestations réussies après des attaques fascisantes de camps, soutien permanent à la scolarisation des enfants, à l’accès aux droits et à l’égalité de traitement, résistances contre les expulsions, procès contre ces expulsions souvent illégales... L’espoir naît de la participation de plus en plus active des personnes roms. Leurs organisations demandent « la reconnaissance par l’UE des discriminations et du génocide pendant la seconde guerre mondiale et la reconnaissance de la nation romani comme nation constitutive de l’Europe en pleine égalité avec les autres nations ». Au quotidien ils sont souvent actifs dans les rencontres avec les institutions, dans les rassemblements, fêtes, etc. conscients que rien ne sera gagné sans leur participation.