Déjà six mois de vie sous l’état d’urgence...
Décrété par le chef de l’État au lendemain des attentats de novembre 2015, puis prolongé par une première puis une deuxième loi afin de permettre l’identification rapide des présumés terroristes et de déjouer d’éventuels futurs attentats. Il vient à nouveau d’être prolongé jusqu’au 26 juillet. Dès le 29 novembre, lors des manifestations autour de la COP 21, il a essentiellement servi à compliquer les manifestations militantes et à porter atteinte au droit de manifester. Il a également permis d’intensifier le harcèlement dans les quartiers populaires : des milliers de perquisitions, plusieurs centaines d’assignations à résidence. L’état d’urgence a servi de prétexte pour renforcer les effectifs de police et augmenter leur armement, pour envoyer de plus en plus fréquemment l’armée en patrouille dans les rues et les gendarmes dans les manifestations… En avril, des manifestants de Paris, Nantes et Rennes se sont vus signifier, comme l’autorise l’état d’urgence, des interdictions personnelles de manifester sous le prétexte « qu’ils avaient été vus plusieurs fois dans des manifestations qui ont dégénérées ». Ce qui est sanctionné n’est pas une acte illégal mais une présence !
Une violence démocratique au service de la violence sociale
Au fond, avec la loi travail, on perçoit clairement à quoi sert ce déchaînement de restrictions des libertés et de droits : à réprimer complètement la contestation, faire peur, pour faire passer une loi dont plus de 80 % de citoyens ne veulent pas. Et si l’Assemblée nationale se rebelle elle aussi, eh bien le gouvernement sort le 49.3, l’article le plus autoritaire de la Constitution. Cet exécutif gouverne contre la volonté de son propre peuple, et se moque de la représentation nationale. De l’autoritarisme pour défendre l’indéfendable : les intérêts de l’infime minorité, ceux des patrons du CAC 40 par exemple, dont la rémunération moyenne est de 240 fois le SMIC, contre la majorité des habitants de ce pays.
Mais ça ne passe plus !
L’irruption des Nuits debout et les appels répétés des syndicats à la grève et à la mobilisation organisent le refus de ce que le gouvernement tente de faire passer. Beaucoup de rencontres, de paroles, d’actions sur ce qu’on ne veut plus et sur le sens de ces luttes. Ici, le CIIP est engagé dans ce mouvement multiforme qui cherche à agir sur des questions sur lesquelles nous sommes en permanence mobilisés. Pour les droits au logement, pour la gratuité de certains biens communs comme les transports publics par exemple, contre les discriminations raciales, pour l’égalité des droits, pour l’accueil de tous ceux et celles qui fuient leur pays, contre la loi travail, contre l’état d’urgence, pour la solidarité internationale...
« Quand un gouvernement viole les droits de son peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs », stipulait la Déclaration des droits des citoyens de juin 1793. Beaucoup de peuples le savent et le vivent, nous suivons leur pas…