Ainsi, fin août, le gouvernement va dévoiler, sur la base du rapport Moreau, son plan sur les retraites. Mesures phares : l’allongement de la durée de cotisation et la baisse de nos pensions.
La durée de cotisation pour une retraite à taux plein pourrait passer de 41,5 actuellement (réforme Sarkozy) à 44 ans ! Le premier emploi débutant en moyenne à 23 ans… il faudrait donc attendre, au mieux, 67 ans pour toucher une retraite à taux plein !
Et, comme à chaque fois, médias et dirigeants des partis politiques institutionnels et des syndicats nous présentent cette réforme comme inévitable. Et, on nous refait le coup du « déficit » des caisses de retraites : 20 milliards à l’horizon 2020, prétendument. Une telle mystification mérite le rappel de quelques vérités.
Et d’abord, d’où vient l’argent qui sert à payer les retraites du privé ? Cet argent vient quasi exclusivement des salaires et de rien d’autre.
Ce qui fait encore la force de la protection sociale « à la française », c’est son financement par le salaire différé (cotisation salariale et cotisation « patronale »). On dit aussi « salaire socialisé » car il est mis dans un pot commun. Les cotisations prélevées servent immédiatement au paiement des pensions de retraites, des prestations maladie. Les actifs cotisent pour les retraités d’aujourd’hui, les bien portants cotisent pour les malades. C’est le système de répartition solidaire issu de la conquête révolutionnaire de la Sécu en 1945 (chacun cotise selon ses moyens et perçoit selon ses besoins).
Dans ce cadre, rappelons aussi que la part de la cotisation prétendument « patronale », c’est aussi du salaire différé qui ne provient absolument pas de la poche du patron. Il suffit de voir une fiche de paye pour le comprendre. L’argent de la Sécu, toutes branches confondues, appartient bien aux salariés et les patrons ne versent rien qui leur appartienne en propre. C’est pourquoi tout ce qui revient à réduire la masse salariale est un ennemi de la Sécu et des retraites : licenciements, chômage, et… exonérations des cotisations dites « patronales ». Ainsi, depuis 1992, les patrons ont été exonérés de 316 milliards d’euros. Or, seulement 276 milliards ont été compensés par l’État, avec nos impôts qui plus est. Une simple soustraction indique donc qu’il manque pas moins de… 41 milliards d’euros à la Sécu. Le simple fait de rendre aux retraites ce qui leur revient suffit à combler ce « déficit » pour bien longtemps !
Les retraites n’ont donc pas besoin de « réforme ». Elles ont besoin de la suppression de la CSG et de l’abrogation de toutes les lois qui les menacent, lois Balladur-Juppé-Fillon-Sarkozy…, du retour aux 37,5 annuités pour tous avec 75 % du salaire « actif », du départ à 60 ans, de l’arrêt des licenciements, de l’augmentation des salaires, des retraites et des minima sociaux et de l’arrêt immédiat des exonérations patronales. Pas réaliste, tout cela ? Le « réalisme », ça serait donc de mourir au travail et de ne rien « coûter » ?