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Régionales 2010 : les réponses du NPA en Provence

, par GODARD Pierre

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Les 14 et 21 mars, les Provençaux iront aux urnes pour les élections régionales. Tout au long de la campagne, nous recevrons en tchat les principaux candidats. Transports, crise économique, environnement, aménagement du territoire, enseignement, ils répondront à vos questions. Egalement au menu, la politique nationale menée par Nicolas Sarkozy, les alliances et les bagarres des partis politiques, etc.

Premier invité, ce mardi 12 janvier de 11 heures à midi, Pierre Godard. Ancien éboueur et syndicaliste, ce Marseillais travaille depuis un an au Samu social. Il sera désigné tête de liste du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) d’ici dix jours, le temps que les négociations avec les Alternatifs aboutissent.

  • Laprovence.com : Bonjour et bienvenue à tous. Pierre Godard inaugure cette série de tchats politiques dans la perspective des régionales de mars prochain. Il vous répondra pendant une heure en direct sur LaProvence.com ?

Pierre Godard (NPA Marseille)
Photo : Cyril Sollier.

Pierre Godard : Heureux d’inaugurer cette série et bienvenue aux questions les plus diverses possibles.

  • Biquetit. Les négociations avec le front de gauche n’ont pas abouties à un accord, ne pensez-vous pas que la gauche anticapitaliste (PCF, PG, Fédération, LO, Alternatifs) unie n’aurait pas pesé sur le PS pour faire une politique plus à gauche et ne croyez vous pas que cette division à la gauche du PS n’est pas favorable à Europe Ecologie et à la marge au Modem ? Merci.

Pierre Godard : Bien sûr que nous aurions souhaité cette union de l’ensemble des forces qui se positionnent à gauche du PS. Nous avons d’ailleurs dès le mois de juin pris l’initiative de se réunir pour aboutir à de telles listes sur un programme qui nous soit commune. Cela n’a pas été possible. Nous le regrettons beaucoup.

  • Tutuve : Bonjour, J’ai suivi quelques articles sur les discussions unitaires à la gauche, j’ai trouvé l’attitude du front de gauche et notamment du PC très fermée à l’égard du NPA, confirmez vous ? Et j’aimerai bien comprendre pourquoi ?

Pierre Godard : Le sentiment que nous avons eu très vite dans les rencontres avec le PC et le parti de gauche, c’est qu’ils ne voulaient en aucun point compromettre leur choix d’une alliance avec le Parti socialiste. C’est tellement vrai que même les discussions sur le contenu du programme n’ont pas été possibles malgré nos demandes répétées.

  • Must : Monsieur Godard. Pourquoi n’arrive t-on pas dans les élections qui se succédent à une union de tous les partis de gauche. Quand je dis partis de gauche, j’exclue naturellement le PS et les radicaux qui ont quitté la gauche depuis bien longtemps déjà. Néanmois une union avec LO, le PT, le PC, les partis à Mélenchon et José Bové pourrait conduire l’extrême gauche à une représentativité plus importante dans les diverses assemblées. À trop décevoir les électeurs avec des positions trop radicales, le NPA ne risque t-il pas de laisser passer sa chance, un peu comme Le Pen a laissé passer la sienne à droite. Merci et bonne chance.

Pierre Godard : Le point de départ doit être le suivant : est-ce que le bilan de la majorité sortante PS-PC-Verts-Modem est bon ou non ? Nous considérons que la région n’a pas été un pare-feu contre le vent fou libéral de ces dernières années. Prenons un exemple : le budget de la région, ce n’est pas rien. Or, une partie très substantielle a été donnée sous forme de subventions sans contrepartie à des entreprises qui ont licencié ou qui ont fait de très substantielles bénéfices.
Si nous sommes élus, ce que nous espérons, nous demanderons un audit au cas par cas de toutes ces subventions. Pour nous, c’est clair, l’argent public doit être affecté au bien public. Sur ce point, la divergence est évidente avec le PS. On ne pouvait la contourner.

  • Tutuve. Bonjour Monsieur, je voudrai savoir quels sont vos principaux axes de campagne ?

Pierre Godard : Notre axe majeur tient en cette formule : l’argent public doit aller au bien public. D’abord, nous mènerons une bagarre très ferme contre Sarkozy, qui a, par le bouclier fiscal, aidé les plus riches du pays ( 15 milliards en 2009 et rebelote en 2010). Il a mobilisé tous les moyens de l’Etat, en l’endettant comme jamais la France ne l’a été en temps de paix pour sauver les banques sans contreparties, sans les socialiser. À sa manière Sarkozy redistribue la richesse dans le sens des pauvres vers les riches. Nous nous voulons faire exactement le contraire.
Sur le plan régional :
— nous voulons rompre avec les politiques libérales
— nous ferons un audit de tout l’argent donné au privé et nous demanderons aux grands groupes financier et industriels, comme la loi le permet, le remboursement, à la Région, de tout ce qui a servi à enrichir les actionnaires.
— le Conseil régional ne doit plus construire de lycée privé. Dans les Bouches du Rhône, près d’un lycée sur deux (professionnel compris) relève du privé.
— sur les transports, je vais y revenir à travers vos autres questions qui sont nombreuses sur ce sujet.

  • Gilbertou : Bonjour Pierre Godard, le Conseil Régional a beaucoup fait pour les TER en PACA au vu des autres régions et des défaillances de l’Etat.
    Comment envisageriez-vous une politique des transports désenclavant le territoire tout en étant plus écologique ? Merci, Gilbert de Pertuis en Luberon.

Pierre Godard : Bonjour Gilbert, en la matière, la seule question qui vaille est : la Région s’est-elle donnée tous les moyens pour que les voitures restent dans les garages et que les poids-lourds n’envahissent plus les routes ? Pour nous, la réponse est non. Si tel avait été le cas, la Région serait en train de construire un RER de Nice à Toulon, de Toulon à Aubagne, à Aix, à Marseille, à Arles... Tout électrifié, correctement cadencé, avec des intermodalités (parkings sécurisés aux gares....). Bien évident, pour faire cela, il aurait fallu construire une régie publique régionale intégrant tous les modes de transports, y compris urbains.
Pour convaincre les gens d’emprunter en masse ces modes de transport collectif et respectueux de l’environnement, il faut qu’ils soient intégralement gratuits.

  • Richman13127 : Bonjour M. Godard, vous êtes pour la gratuité des transports collectifs. Mais vous savez mieux que moi que la gratuité n’existe pas. Ça passera forcément par une augmentation des impôts que paieront aussi les usagers de ces transports. Puis-je connaître vos solutions pour arriver à une véritable gratuité des transports collectifs ? Merci et bonne journée.

Pierre Godard : Il n’est pas question que les citoyens paient un centime de plus mais ça ne veut pas dire que ça ne coûte rien...
Bien entendu, c’est un choix d’ampleur qui commence par la remise en cause des directives européennes sur le démantèlement des services publics. Tous les partis qui ont soutenu ces directives, en particulier le projet de traité constitutionnel 2005, sont responsables de la situation actuelle.
Cela dit, un syndicat public unique régional pourra percevoir l’ensemble des taxes transport et instaurer une taxe particulière sur les grands centres commerciaux qui seront les bénéficiaires d’une telle politique.
Au final, nous proposons que ce soit le grand patronat qui finance ces frais supplémentaires. Nous ne cachons pas que c’est un choix majeur de société.

  • Fadoli13bb : Pierre Godard, quel souvenir gardez-vous des événements de mai 1968 à Marseille et de vos rapports à l’époque avec la CGT ? La température de l’eau était elle bonne dans le Vieux-Port dans lequel vous auriez, bien involontairement, été plongé par des dockers exaspérés ?

Pierre Godard : C’est un vieux mythe qui circule... pas qu’à mon propos. Il a aussi beaucoup circulé sur Samuel Joshua et quelques autres mais il est faux ! Ceci dit, nous sommes bienheureux que les moeurs violents qui régnaient au sein du mouvement ouvrier à cette époque soient largement atténuées...

En 1968, j’étais lycéen, au lycée Pierre Puget : 68 a été un événement tout simplement merveilleux dans ma vie, comme pour toute une génération. Voire la société s’éclore comme ça, discuter de tout dans la rue, au lycée.
J’habitais sur un chantier où les ouvriers ont fait grève pour la première fois : il ont occupé l’usine et ont fraternisé avec les habitants du quartier.
A la différence avec d’autres, c’est que moi je suis resté fidèle à ces idéaux et à ces combats...

  • Gaudin : Que penseriez vous d’une politique faite et dirigee par des hommes politiques payés au SMIG. Y aurait-il autant de candidats pour si peu de postes ? Merci.

Pierre Godard : En parlant de smic, j’ai une pensée émue chaque fois que dans le cadre de mon travail au Samu social de la ville de Marseille, je descends visiter les parkings le plus souvent construits par la société Vinci, dont le patron M. Huillard a déclaré un jour que « ses parkings étaient si beaux que les gens jouaient des coudes pour y passer la nuit.. ». Ce monsieur gagnait en 2007 un salaire annuel égal à 867 smic annuels...
Au NPA, les responsables politiques sont payés au salaire moyen de la région, autour de 1600 euros net. Il n’y a aucune raison qu’il en soit autrement pour les élus et c’est d’ailleurs un des axes de notre programme.

  • Caribo : Vous avez connu Gaston Defferre, en tant que délégué syndical. Vous vous êtes souvent opposé à lui. Quel homme était-il vraiment ? Et les autres maires de Marseille, Gaudin, Vigouroux, Cristofol...

Pierre Godard : Je n’ai pas connu Cristofol mais j’ai connu Deferre, Vigouroux, Gaudin et j’aurai le temps d’en connaître encore un peut-être. Sous Deferre, j’ai participé à la direction de la 1e grève, non télécommandé et victorieuse : celle des éboueurs en 1976. Il est quand même l’instaurateur du système hyper-clientéliste qui caractérise la mairie de Marseille, qui s’est beaucoup dégradé de décennie en décennie, au point de devenir aujourd’hui un très gros problème pour le service public.

  • Jérémie : Salut Pierre. Deux questions. 1°) Sur les régionales : on me demande d’être écolo mais comment je fais en habitant à la campagne avec trois bus qui se court après et les gares qui ferment les unes après les autres ? 2°) En tant qu’ancien éboueur et militant syndicaliste, tu dois pouvoir nous parler un peu ce qui se passe au niveau local, sur la gestion des déchets, Nono et son frérot et l’incinérateur, et Gaudin dans tout ça non ?

Pierre Godard : Sur l’incinérateur, je me suis toujours battu contre, et syndicalement et politiquement et écologiquement. C’est une erreur politique manifeste de la part de la nouvelle majorité à la communauté urbaine que d’avoir poursuivi le choix de Gaudin.

  • Petrus13 : Affaire des associations à la Région, affaire des marchés publics au CG 13 et à MPM (époque Gaudin comme Caselli), affaires de la Côte d’Azur... Allez-vous en faire un thème de campagne ? Plus largement, comment moraliser la vie publique ?

Pierre Godard : De Fos à Beausoleil, de Marignane à Marseille, il y a un évident problème de mélange de la vie publique et des intérêts privés. La justice est saisie et dira sur les individus concernés ce qu’il en est. Nous ne pensons pas que tous les hommes politiques soient des pourris. Mais nous attendons d’eux qu’ils mettent un terme à des dérives inacceptables qui pourrissent tout, y compris dans le mouvement social et syndical. Ca fait 38 ans, en tant qu’éboueur, que je vois passer les marchés. Il est chaque fois flagrant qu’il y a anguille sous roche. Tous les éboueurs le voient bien. On ne règlera jamais le problème de la propreté de Marseille, si on ne règle pas ça en amont.
Ce sera un thème de campagne mais les solutions ne portent pas que sur les comportements individuels. Elles sont aussi structurelles :
— pas de cumul des mandats
— pas plus de deux responsabilités successives dans la même fonction
— pas de responsable à vie
— transparence absolue des décisions...

  • Laprovence.com : Merci à tous pour vos questions. Notre prochain invité en tchat politique sera Patrice Miran, de l’Alliance écologique indépendante jeudi à 15h.

Pierre Godard : Au plaisir de poursuivre cette discussion. Rendez-vous sur notre site : www.npa13.org et bienvenue à toutes vos remarques, questions et critiques... Et aussi bien sûr sur le terrain puisqu’avec Fadela El Miri, nous démarrons ces jours-ci un cycle de réunions publiques aux quatre coins du département.

P.-S.

Entretien paru dans La Provence, édition du 12 janvier 2010 (sous le titre : « Régionales 2010 : retrouvez les réponses de Pierre Godard (NPA) »).

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