- L’association « Ni putes ni soumises » veut porter plainte contre le NPA qui présente une femme voilée sur ses listes...
Pierre Godard : C’est un non-événement. Cela en serait un si « Ni putes ni soumises » l’avait fait contre des partis qui ont des élues déjà voilées à Creil (Oise) ou Échirolles (Isère). Ou si elle avait demandé à Fadela Amara pourquoi le gouvernement expulse des femmes vers des pays incertains.
- Cet épisode fait rebondir ce qui peut être interprété comme un coup de pub du NPA...
- Pierre Godard
- Ancien syndicaliste, travailleur social, Pierre Godard veut « être radical. C’est prendre les choses à la racine ». © Photo Guillaume Ruoppolo.
P.G. : Si c’était le cas, on ne serait pas à 1% dans les sondages. On n’a rien préparé. Ilhem Moussaid a créé le mouvement à Avignon il y a un an. Le gouvernement stigmatise nos positions et nous pousse vers le communautarisme. Alors que c’est tout le contraire. Dans les quartiers populaires où on vit et on travaille, on se bat tous les jours contre ça, hommes et femmes, voilées ou pas. Personne ne dit rien, en revanche, sur le Parti démocrate chrétien de madame Boutin, dont la dénomination est pourtant claire en République dite laïque ou la présence de Fatima Orsatelli, membre du Conseil régional du culte musulman, sur la liste PS.
- Vous ne vous doutiez pas que cette affaire exploserait ?
P.G. : On savait qu’avoir une femme portant un foulard sur nos listes ne serait pas populaire. On comprend les féministes qui disent que le voile est un symbole d’oppression. Mais ce n’est pas le cas pour Ilhem. On aurait donc assumé de toute façon, mais avant d’aller jusque-là... On nous est tombés dessus en un temps record.
- Vous disiez être à 1 % dans un sondage. Votre rôle n’est-il pas de mettre des coups de pied dans la fourmilière ?
P.G. : Si on veut changer les choses, on doit participer à l’exécutif. Mais vu nos statuts, on ne peut être amenés qu’à mettre des coups de pied dans la fourmilière. On espère atteindre 5 % pour être des porte-parole forts sur les retraites ou les transports.
- Les retraites ne sont pas de la compétence de la Région...
P.G. : Mais toute tribune politique doit faire avancer le débat de société. Tout le monde sait qu’on ne tiendra pas sur les retraites jusqu’à 67 ans. Elles seront amputées par les décotes.
- Quelles sont vos positions sur les transports ou la formation, où la Région peut agir ?
P.G. : Il y a urgence. Pour le fret, on doit faire le tunnel du Montgenèvre. Mais il y a le lobby routier et une SNCF découpée. On est favorable à un établissement public couvrant le rail et les réseaux urbains. Avec la gratuité. Sur la formation, il faut un établissement public pour contrôler l’argent et la pédagogie. Beaucoup d’instituts de formation restent douteux.
- C’est quoi être d’extrême-gauche aujourd’hui ?
P.G. : C’est être radical en prenant les choses à la racine. Le capitalisme mondialisé met les travailleurs en concurrence. Il faut lutter contre les chapelles, les mafias qui ne permettent pas de compromis. Contrairement à la lutte des classes.