Privatisation d’Air France ?

, par CRÉMIEUX Léon

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  • Que pensez-vous de vos premiers contacts avec le gouvernement ?

Le ministre des Transports a dit qu’il ne serait pas « le ministre de la privatisation ». Mais Lionel Jospin a été ambigu devant l’Assemblée. Il évoque la possibilité d’une ouverture du capital d’Air France, sans préciser s’il s’agit d’un actionnaire privé ou public, comme lorsque le Crédit lyonnais, la SNCF et Air France étaient actinnaires d’Air Inter. En outre, les déclarations de Jacques Delors, de Claude Fiterman ou de Catherine Salmon de la CGT, font pression sur le gouvernement pour la privatisation. Il faudra bien choisir : le plan Blanc se poursuit. Dans l’entreprise, on convoque le personnel à des réunions pour lui proposer de souscrire à des actions alors que chacun ignore la position du gouvernement sur ce dossier !

  • Pourquoi s’opposer à la privatisation ?

Le projet Blanc prévoit un démantèlement de l’entreprise avec la création de filiales en informatique, en formation, en maintenance industrielle et en fret aérien. On sait ce que cela veut dire : les filiales deviennent de simples fournisseurs qui devront diminuer les coûts salariaux. De plus, les trois arguments en faveur de la privatisation sont contestables. Un, la Commission de Bruxelles n’a jamais imposé à l’Etat français de privatiser l’entreprise, une telle recommandation étant a ailleurs contradictoire avec l’article 222 du traité de Rome. Deux, les alliances internationales, utiles sur le plan commercial, n’imposent pas de privatiser : 85 % des alliances dans le transport aérien sont de simples accords de coopération. Trois, la recapitalisation de l’entreprise ne passe pas nécessairement par sa privatisation : rien n’interdit à l’État actionnaire de jouer son rôle !

P.-S.

Entretien paru dans Marianne, édition du 30 juin 1997.
Le titre est de la rédaction (titre introuvable sur le site Internet de Marianne).

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