Placer la question sociale au cœur des débats électoraux !

, par MAILFERT Martine

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L’Assemblée nationale a voté la privatisation de GDF. Les tonnes d’amendements du Parti socialiste et du Parti communiste ont été bien impuissantes. Comment la gauche plurielle pourrait-elle s’opposer de façon efficace et cohérente au projet de la droite alors qu’elle a, elle-même, quand elle était au pouvoir, décidé l’ouverture du secteur de l’énergie au marché et à la concurrence ?

La conséquence de cette privatisation sera, pour les consommateurs, la hausse des prix, déjà largement entamée, et pour les salariés, des licenciements, tout cela pour satisfaire les appétits des actionnaires. Toute l’industrie est aujourd’hui mise sous pression pour diminuer les coûts. Peugeot (PSA) a annoncé 10 000 suppressions de postes : 8 000 en France, dont 5 000 licenciements de CDD et 3 000 retraites anticipées. Dans l’industrie du verre, 7 000 suppressions d’emplois sont prévues d’ici à 2008. Airbus vient de décider un nouveau plan d’économies, dont les syndicats estiment qu’il dépassera le milliard d’euros par an pendant quatre ans au moins. Déjà les salariés de la sous-traitance en font les frais.

Malgré l’augmentation des petits boulots, des Contrats Nouvelle Embauche, de la précarité, malgré les radiations, le chômage augmente à nouveau. Comment pourrait-il en être différemment alors que le gouvernement donne l’exemple. Le budget 2007 prévoit la suppression de 15 000 postes de fonctionnaires dont plus de 9000 dans l’Education nationale. Il prétend vouloir réduire le déficit budgétaire, mais ce ne sont pas les fonctionnaires qui créent ce déficit, mais bien les mille et une subventions de l’Etat aux patrons. Parmi celles-ci, les exonérations de charges sociales sous prétexte d’encourager les embauches sont particulièrement scandaleuses. Elles représentent plus de 25 milliards d’euros, soit une augmentation de 217 % par rapport à 1999 ! Les patrons empochent l’argent, mais n’embauchent pas plus. Et quand ils licencient tout en faisant des profits, il n’est même pas possible de récupérer l’argent public qui leur a été distribué.

Les profits des entreprises sont, pour citer la Banque de France, à « leur plus haut niveau depuis des décennies ». Les salaires, eux, n’ont quasiment pas bougé. Les inégalités se creusent, la pauvreté progresse, la vie dans les quartiers et les cités se dégrade. Les financiers investissent plus dans des opérations boursières ou spéculatives que dans l’industrie ou pour développer les services.

Pour nous faire oublier tous leurs mauvais coups, Chirac et Villepin préconisent « le dialogue social ». Pour eux, « il faut plus de contrats et moins de lois ». Moins de lois, c’est moins de droits. Plus de contrats, c’est plus de pouvoir pour les patrons, des entreprises « libérées de contraintes inutiles » selon les mots de Chirac. Loin de se plier à ce discours, les salariés et leurs organisations doivent le dénoncer.

Alors que Sarkozy tente par ses multiples provocations d’enflammer les banlieues et ainsi de faire de la question sécuritaire la question principale des futures élections présidentielles, la seule façon de contester la politique de la droite et du patronat est de se mobiliser sans attendre les élections. Pour cela, une convergence des mobilisations serait nécessaire. Or, les seules perspectives proposées à ce jour sont des journées d’action, le plus souvent catégorielles, sans lendemain ne permettant pas d’inverser le rapport de force. Ce serait pourtant le meilleur moyen de placer la question sociale au c¦ur des débats électoraux, de donner une claque à ce gouvernement, et de défendre nos droits.

P.-S.

Article paru dans le Journal du Pays Basque, édition du 31 octobre 2006.

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