L’opinion — Tribune Libre

Lettre ouverte à Monsieur Grenet, député-maire de Bayonne et président de la communauté d’agglomération

, par MAILFERT Martine

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Monsieur le député-maire et président de la CABAB, Interrogé par la presse sur la gratuité des transports urbains durant la campagne des municipales, vous aviez répondu que cela coûtait quatre millions d’euros par an et que c’était donc utopique.

Nous sommes loin de partager votre point de vue. Nous vous rappelons que les recettes provenant de la billetterie correspondent à 27 % du coût d’exploitation de la STAB-TRANSDEV. Ce montant ne représente qu’1 % des budgets 2 007 des six communes du périmètre urbain (Bayonne, Biarritz, Anglet, Boucau, Tarnos, Saint- Pierre-d’Irube) plus la communauté d’agglomération (CABAB).

Pas de quoi donc en faire un fromage ! Surtout, au moment où vous allez financer, en tant que président de la CABAB, 65 millions d’euros pour la mise en place de la Ligne Grande Vitesse, ligne dont de nombreux experts de différents horizons politiques, s’accordent pour déclarer qu’elle sera aussi inutile que coûteuse.

Pour nous, la gratuité des transports urbains, c’est possible et c’est une question de volonté politique. La gratuité a été développée ces dernières années dans des petites villes comme Issoudun, Mayenne, Vitré, Bar le duc mais aussi des agglomérations moyennes comme celle de Châteauroux (76 000 habitants) ou celle de Castres-Mazamet (90 000 habitants) ainsi que dans de nombreuses villes européennes, notamment en Belgique et en Espagne.

À chaque fois, cela s’est accompagné d’un développement significatif des transports en commun. L’exemple des navettes gratuites sur Bayonne, qui est un succès et dont l’usage s’est avéré le moins cher du réseau devrait, nous semble-t-il vous conduire à être plus positif sur la gratuité.

Réinterrogé dernièrement, lors d’une réunion à Ste Croix, sur la gratuité des transports urbains, vous avez répondu que ce n’était pas viable dans des moyennes agglomérations telles que la nôtre. C’est entièrement faux ! L’agglomération de Bayonne avec ses 135 000 habitants a une dimension assez proche de Chateauroux ou de Castres-Mazamet. Les études montrent que le coût de la gratuité entre petites villes et plus grosses agglomérations joue en faveur des plus grandes agglomérations.

La perte des recettes liée à la gratuité ne représente donc pas un obstacle financier majeur a fortiori sur des agglomérations de 135 000 habitants comme la nôtre sachant que la gratuité permettrait en plus de supprimer les coûts de gestion de la billetterie, du contrôle et la politique fort coûteuse de création des parkings en centre-ville.

De plus, il existe une source de financement qui peut être mieux exploitée dans notre agglomération, c’est le « versement transport » des entreprises privées ou publiques d’au moins neuf salariés. Alors que 75 % des déplacements de l’agglomération sont des déplacements travail-domicile, ce versement n’est que de 1 % de la masse salariale. M. Grenet, en tant que président de la CABAB vous pouvez très bien faire passer ce taux à 1,8 %, comme c’est le cas dans de nombreuses villes, dégageant ainsi des ressources supplémentaires pour la gratuité.

Enfin, nous ne pouvons pas passer à côté de l’importance de la création d’une régie publique des transports dans l’agglomération, outil indispensable pour satisfaire les besoins de la population, au lieu de fonctionner seulement sur des critères de rentabilité comme aujourd’hui.

Une récente étude, réalisée par la revue Que choisir, vient de montrer la supériorité des villes fonctionnant en régie publique des transports en terme de fréquentation et de dépenses de fonctionnement, comme c’est le cas notamment dans les agglomérations d’Annecy ou de Belfort, agglomérations au même niveau de population que celle de Bayonne.

Savez-vous, Monsieur le Maire, qu’à Hasselt, en Belgique, la gratuité des transports en régie publique intégrée dans une politique d’aménagement de l’espace urbain a permis de multiplier le nombre d’usagers par 9 et de diviser la circulation par cinq.

Monsieur le Président de l’agglomération, avant la fin de l’année, il y aura reconduction de la délégation de service public pour les transports urbains. Alors, il faut abandonner Transdev qui a déjà été condamnée avec Véolia et Kéolis pour entente illicite sur les prix.

Ayez le courage de créer une régie publique des transports urbains (comme pour l’eau sur Bayonne), mettez en place dans le cadre de cette régie le financement de la gratuité des transports, permettez aux usagers d’ouvrir les livres de compte de la STAB et du Syndicat mixte des transports en commun

Mettez en place cette mesure à la fois sociale et écologique qui donnera un coup de pouce au pouvoir d’achat de beaucoup d’entre nous et qui permettra de diminuer la pollution atmosphérique de plus en plus importante dans l’agglomération.

P.-S.

Article paru dans le Journal du Pays Basque, édition du 18 novembre 2008.

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