Après avoir pendant plus d’un mois joué à Napoléon chef de bataille pour l’emploi, Villepin se retrouve petit garçon annonçant, après que Chirac l’a déjà fait par un communiqué de l’Elysée, qu’il remplace l’article 8 de la loi sur « l’égalité des chances » par un nouveau dispositif. Il se désavoue lui-même. Remplacer suppose le retrait !
C’était la première revendication des jeunes et des salariés. Le recul de Villepin est un premier succès, même s’il est loin de répondre à l’ensemble des exigences du mouvement : l’abrogation du CNE et de la loi sur « l’égalité des chances », en finir avec la politique de généralisation de la précarité.
Le retrait du CPE laisse la place à un nouveau dispositif destiné, selon les propos de Chirac-Villepin-Sarkozy, à l’insertion professionnelle des jeunes en difficulté. Autant dire un nouveau dispositif pour faire semblant de faire quelque chose et qui ne sert à rien.
Pour le gouvernement, il ne pouvait être question de retrait pur et simple, alors, il a été chercher dans l’arsenal des mesures inutiles de quoi sauver la face, mais personne n’est dupe. Les jeunes, pas plus que les salariés, ne peuvent se satisfaire de ce faux-semblant dérisoire qui permet au gouvernement de sauver le CNE et la loi sur l’égalité des chances. Et à Villepin de s’accrocher à son fauteuil de Matignon !
Le vrai succès du mouvement des jeunes est d’avoir discrédité ce gouvernement illégitime, désavoué dans la rue et dans les urnes. Il l’a ridiculisé en l’obligeant à des gesticulations grotesques pour finalement céder.
Le mouvement de la jeunesse fait naître un nouvel espoir : la lutte paye quand elle ne craint pas la démocratie, ni de faire de la politique, ni de contester les institutions, qu’elle dépasse les divisions pour unir les forces du travail et les générations.
Ce succès est un premier pas, un encouragement pour mettre un coup d’arrêt à la politique de régression sociale de ce gouvernement et en finir avec lui.
Comme les étudiants ont tenu à le rappeler dans les assemblées générales qui se sont tenues après l’annonce par Chirac et Villepin de leur recul, ce dernier ouvre des possibilités mais il ne satisfait pas aux exigences du mouvement. Les jeunes comme les salariés se sont mobilisés contre la précarité et le chômage. Ils refusent d’être de la « Chair à patrons ». Ils veulent construire leur avenir et pouvoir bénéficier d’un emploi stable et d’un revenu garanti.
Villepin a annoncé que son gouvernement ouvrirait des discussions sur l’insertion des jeunes, le parcours professionnel, la précarité. Il continue de ne rien comprendre. Les jeunes, les salariés ont déjà discuté de tout cela, ils savent ce qu’ils veulent : un emploi et un revenu garantis.
Villepin continue ses manœuvres de diversion pour gagner du temps et tenter d’associer les organisations syndicales à sa politique. Il n’a pas compris que c’est trop tard, que lui-même a perdu tout crédit, que plus personne ne lui fait confiance.
Fort du premier recul du gouvernement, les jeunes et les travailleurs devraient renforcer les liens de solidarité pour rester à l’offensive et pousser l’avantage.