Au NPA, on doute que le PC prenne ses distances avec le PS

, par GROND Pierre-François

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À l’occasion de l’université d’été du Nouveau parti anticapitaliste à Port-Leucate, le « numéro 2 » de la formation, Pierre-François Grond, le confie : il est très loin d’être convaincu que le Parti communiste finisse par s’émanciper du Parti socialiste pour les régionales de mars 2010.

© Dessin de Louison.
Source : Louison et les crayons.

  • Marianne2 : Le score de l’élection européenne est digéré ? La déception est passée ?

Pierre-François Grond : En mars dernier, on nous annonçait de 8% à 9 %. C’était clairement des scores folkloriques. Sachant que les 18-30 ans représentent un tiers de notre électorat, on savait qu’on se situait plutôt entre 4 % et 6 %. Finalement, s’il doit y avoir déception, ce n’est pas par rapport au score final. La déception est de ne pas avoir eu un élu.

  • Ce qui risque de se reproduire pour les régionales. D’autant que fin juin, Daniel Bensaïd (le maître à penser du NPA, ndlr) estimait que le PCF avait toutes les chances de « retourner à ses amours plurielles avec le PS » pour ce scrutin. Après les avoir rencontrés en juillet, c’est aussi votre point de vue ?

La réunion que nous avons eue avec la direction du PC ne s’est pas bien passée. Mais alors vraiment pas. Il n’y a pas eu de communiqué de presse ni même de conférence de presse. Nous leur avons proposé, comme aux autres formations que nous avons rencontrées, de participer à des groupes de travail. Ce sont les seuls qui n’ont pas dit « oui ». Pierre Laurent (son homologue au PCF, ndlr), a été clair au cours de la réunion : pour eux, le seul objectif, c’est de préserver les conseillers régionaux que compte le parti. Finalement, on les sent plus attirés par la gauche d’adaptation, la gauche de gestion qu’incarne le PS que par la gauche anticapitaliste. En fait, le problème se pose surtout pour le PG. Soit Jean-Luc Mélenchon parvient à faire changer le PCF, soit il n’y arrive pas et alors le PG devra choisir...

  • Mais dans l’hypothèse où le PCF refuserait, le Front de gauche réduit au NPA et au PG, aurait-il encore un sens ?

Le Front de gauche est une sorte de canevas qui a été construit autour de deux personnalités : Jean-Luc Mélenchon et Marie-George Buffet. Que le PCF accepte ou non, il nous faudra inventer un nouveau rassemblement. Et ce nouveau rassemblement ne devra pas être un simple Front de gauche élargi au NPA. D’une part parce que, tel qu’il existe aujourd’hui, il ne correspond pas à nos orientations politiques, et que d’autre part, il est nécessaire de l’ouvrir à d’autres formations. On peut disposer du renfort des Alternatifs, des Alterekolos, peut-être des Motivés et, même si ça s’annonce un peu compliqué, d’un bout de la Fédération (organisation regroupant des tenants du « non » de gauche au Traité Constitutionnel Européen).

  • Finalement, une alliance du PS et du MoDem, comme peuvent l’appeler de leurs vœux Vincent Peillon et d’autres avec lui, permettrait de clarifier les choses : dans cette configuration-là, les communistes pourraient difficilement céder aux avances de Solférino ?

Qui croit à cette hypothèse ? Moi, je n’y crois pas. La majorité qui est née au congrès de Reims ne s’est pas faite sur cette orientation. Je ne suis pas le conseiller politique du Parti socialiste, mais ils ont tout intérêt à laisser les partis compter leurs forces lors de ces régionales. Le résultat du MoDem aux élections européennes est loin d’être bon. Quant à Europe-écologie, ça n’est vraiment pas le même scrutin : rien ne dit qu’ils rééditeront leur score...

P.-S.

Propos recueillis par Gérald Andrieu.
Entretien paru sur Marianne2.fr, édition du 24 août 2009.

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