Après le 29 Mai, on continue !

, par MAILFERT Martine

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Après le 29 mai, tout est fait pour minimiser la dynamique sociale et démocratique qui s’est exprimée lors du suffrage. Pas un jour sans un article, sans une prise de position qui ne salisse le NON du 29 mai en le qualifiant de populiste, de nationaliste voire de xénophobe. Le défendre dans ses multiples dimensions sociales, démocratiques, écologiques, féministes et internationalistes : tel est l’enjeu. Quelle meilleure défense que lui donner des perspectives et des prolongements ?

Se battre pour une autre construction européenne

Nous venons d’assister à un sommet européen de crise. Les gouvernements s’affrontent minablement sur un budget dérisoire mais s’accordent pour refuser ce qui est évident : la mort du traité constitutionnel européen. Pourtant après les NON français et néerlandais, la situation est claire : il faut une autre construction européenne, sociale et démocratique, en rupture avec la construction libérale de l’Europe.

Pourtant, le processus « continue » et le calendrier des directives libérales n’est pas modifié. Les chefs d’État refusent d’entendre le message des peuples.

Il est indispensable de mener campagne au niveau de toute l’Europe sur les thèmes qui s’opposent point par point au repli nationaliste et xénophobe de l’extrême droite. D’où l’urgence d’initiatives et de propositions, qui montrent, à l’échelle européenne, que nous ne combattons pas le plombier polonais, l’ouvrier slovaque ou turc, mais un système qui exploite de façon éhontée l’ensemble des travailleurs. L’abrogation des directives (Bolkestein, temps de travail, mise en concurrence des services publics), la remise en cause du pacte de stabilité et de l’indépendance de la Banque Centrale Européenne, l’exigence d’un Smic européen, de services publics européens, pourraient être, par exemple, des thèmes d’actions et de rassemblements à l’échelle européenne.

Face aux manœuvres des gouvernements de l’Europe, il est également déterminant que nous maintenions ensemble notre exigence d’un retrait complet de la constitution ainsi que notre positionnement en faveur d’un processus constituant, alliant la discussion la plus large avec l’élection d’assemblées constituantes, pour définir le contenu d’une autre union européenne, sociale, démocratique et solidaire.

Agir contre la politique du gouvernement Villepin-Sarkozy !

En nommant le tandem Villepin-Sarkozy, Chirac s’assoit à nouveau sur la légitimité populaire. Son programme ultra-libéral vise le code du travail, les services publics et le droit de grève, c’est un programme sécuritaire et anti-immigrés, dont l’objectif est de clairement faire diversion face à l’insatisfaction sociale qui s’est exprimée le 29 mai. De quelle légitimité dispose cette équipe, qui a été contestée dans la rue et qui vient de perdre successivement trois scrutins électoraux ? 10 ans ça suffit ! Par nos luttes, nous devons tout faire pour bouleverser le calendrier électoral.

Refusons l’allongement de deux ans de la période d’essai qui généralise la précarité, exigeons l’arrêt immédiat des privatisations, une autre répartition des richesses, luttons pour le droit à l’emploi en commençant par interdire les licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices, défendons les droits des chômeurs, le droit de grève mis à mal par le gouvernement. Telles sont les pistes d’actions que la LCR propose pour qu’ensemble nous agissions afin de bloquer les projets de ce gouvernement.

Construire une alternative politique !

La société française rejette profondément le libéralisme, c’est-à-dire un capitalisme de plus en plus brutal et sauvage. Un immense espoir est né. Un espoir qu’il ne faut pas cadenasser par le calendrier électoral de 2007. La priorité, pour la LCR, est de discuter le contenu de politiques antilibérales, d’une véritable rupture sociale et démocratique avec le système capitaliste. Car cet espoir ne peut pas être gâché par une énième alternance sociale-libérale qui ne s’attaque ni à la répartition des richesses, ni à la satisfaction des exigences sociales ni même qui annule les contre-réformes libérales imposées depuis 20 ans. Il faut une rupture avec les politiques menées par le capitalisme libéral.

Dans les collectifs pour un NON de gauche et les meetings, des militants de différents horizons ont appris à travailler ensemble. Si nous voulons prolonger cette victoire, il faut pouvoir discuter ensemble d’une alternative, sous la forme, pourquoi pas, d’états généraux contre le libéralisme. La dynamique unitaire a permis le succès le 29 mai, elle est la condition du prolongement, des perspectives et donc de l’espoir pour celles et ceux nombreux qui attendent des suites. Pour sa part, la LCR est tout à fait disponible pour agir en ce sens. Elle met ses moyens militants au service de ce projet.

P.-S.

Article paru dans Le Journal du Pays Basque, édition du 7 juillet 2005.

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