François Castaing. Institut Maghreb-Europe

« S’interroger sur le partage du pouvoir »

, par CASTAING François

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Rencontré hier à l’ENA d’Alger, François Castaing, chercheur de l’Université Paris VIII et de l’Institut Maghreb-Europe (IME), apporte, dans cet entretien, son éclairage.

  • Au plan pratique, qu’est-ce que la gouvernance ?

C’est une vaste question, mais il s’agit de savoir si la gouvernance est un simple ensemble de procédures ou un problème d’organisation politique de l’action collective. Dit autrement, cela veut dire que la gouvernance est, peut-être, une réforme ou une révolution du mode d’organisation de l’Etat. Selon la Banque mondiale, cette notion, extrêmement normative, prend la forme d’injonctions. Pour les mouvements sociaux, il s’agit plutôt d’une nouvelle forme de l’action publique. En revanche, la gouvernance est un terme mondialisé qui intéresse tous les pays puisque ça touche à l’évolution de l’action publique.

  • Pourquoi un tel intérêt pour cette notion, notamment pour les pays du Sud ?

Il est clair que la gouvernance pose la question de la légitimation de l’Etat avec un certain nombre de mises en cause de cette dernière. Pour les défenseurs du marché libre, il s’agit de savoir quelle est la place de l’Etat à propos de la fonction de régulation. Pour la société civile, l’Etat porterait-il encore l’intérêt général ? Et enfin, au niveau interne à l’Etat, la question s’articule, se pose en termes d’efficacité. Donc, tous les pays se sentent aujourd’hui concernés par la gouvernance. Il faut surtout éviter de réduire la gouvernance à une simple question de procédures, mais aller s’interroger sur le partage réel du pouvoir ou des pouvoirs.

  • Quel est l’apport des pays du Nord pour ceux du Sud ?

L’Institut Maghreb Europe (IME) aborde la notion de gouvernance selon des approches comparatistes qui sont à la fois des débats, des mises en cause et une analyse des effets. Primo, on assiste à une reterritorialisation du monde en fonction de quatre grands espaces : l’empire américain, la zone de libre-échange en Asie, l’Union européenne et la Chine. Là, il faut se demander où est la place des pays qui ne sont pas intégrés dans ces quatre espaces. Secundo, aujourd’hui, on est en face de la dualité entre la logique républicaine à la française et la notion d’Etat supplétif à l’anglo-saxone. Tertio, l’approche comparatiste s’intéresse au problème de développement local qui suppose une lecture des pouvoirs qui s’exercent au niveau des différents échelons de l’Etat, territorialement parlant.

P.-S.

Propos recueillis par Salah Eddine Belabes.

Source

El-Watan, 30 mai 2005.

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