Pour Olivier Besancenot (NPA), « on propose une vision alternative »

, par BESANCENOT Olivier

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Olivier Besancenot
© Vincent MULLER/opale.photo

Le calcul du gouvernement, c’est que la hausse du coût de la vie tétanise tout le monde. Cela peut se retourner contre lui avec un conflit qui cristallise tout. Surtout qu’il ose présenter sa réforme des retraites comme de la justice et du progrès : c’est prendre les gens ouvertement pour des abrutis. Il existe une complémentarité entre le mouvement pour les retraites et les grèves, souvent locales, pour l’augmentation des salaires. Pour la simple et bonne raison que le meilleur moyen, non seulement de retrouver du pouvoir d’achat, mais de financer la protection sociale et donc les retraites, c’est justement d’augmenter les salaires. Parce que le salaire, ce n’est pas simplement le net, c’est aussi le salaire socialisé, soit les cotisations sociales, salariales et patronales incluses.

Avec cette mobilisation, il ne s’agit pas seulement de résister, on propose aussi une vision alternative. Pour nous, elle passe par le retour aux 60 ans avec 37,5 annuités pour tous et toutes. Parce qu’avec 42 annuités, dans les faits, c’est la retraite à 65 ans. Si on veut financer cela avec de bonnes pensions, il faut trouver au minimum 3 % du PIB. On a le défaut de croire que si les capitalistes ont été capables de récupérer 10 % du PIB dans la répartition des richesses sur les trente dernières années, on devrait être capable d’en faire autant pour augmenter les revenus. De la même façon, si 5 millions de personnes n’étaient pas inscrites à Pôle emploi, personne ne parlerait jamais du problème des retraites. Car ce seraient 5 millions de cotisants et cotisantes en plus. Ce gouvernement assure que sa réforme est indispensable au plein-emploi, mais les prévisions sur lesquelles il s’appuie pour prétendre que les caisses sont en déficit — ce qu’on conteste par ailleurs — ne sont précisément pas basées sur le plein-emploi. C’est un mensonge éhonté. Il est simplement en train d’organiser un virement permanent de la poche de la majorité de la population vers celle d’une minorité d’individus. Mais les écarts de richesse sont tellement flagrants aujourd’hui que cela participe aussi à la révolte.