- Vous manifestez aujourd’hui [1] pour demander un plan d’urgence de l’hôpital. C’est sa désorganisation qui a entraîné la dérive sécuritaire ?
Il est clair que si l’hôpital était en mesure de traiter les malades du Covid tout en assurant la prise en charge des autres pathologies avec des chambres occupées, aujourd’hui, par les patients victimes du virus, on ne serait pas dans cette situation. C’est le manque de lits et de personnel qui sont responsables des mesures que nous subissons en tant que citoyens. Et ce que nous vivons, nous soignants, au quotidien est visible désormais en grand, par tous. On se prend aujourd’hui en pleine face les politiques d’économies successives, les suppressions de dizaines de milliers de lits dans le pays et la diminution des moyens, comme la disparition des services de proximité, de petits centres hospitaliers, que nous dénonçons depuis des années.
- Au CHU de Toulouse les promesses ont-elles été tenues ?
La direction annonce avoir embauché 1 700 personnes depuis le début de l’année, mais ce chiffre couvre à peine les départs, des contrats CDD en majorité. Des créations de postes, on n’en voit pas, excepté dans les centres de dépistage drive-Covid. Et ne parlons pas de lits supplémentaires, sans personnel on ne peut pas en ouvrir de nouveaux. Aujourd’hui encore, on a eu une réunion où l’on nous parle d’autoremplacement, mais pas d’embauche. C’est dingue, on a l’impression qu’il ne s’est rien passé à l’hôpital. Il faut savoir qu’au CHU, pas un seul agent en activité n’a pu bénéficier du statut d’accident du travail alors que 17 d’entre eux, par exemple, ont été contaminés dans un seul service de gériatrie.
- Le monde d’après à l’hôpital, vous le voyez comment ?
Si nous nous mobilisons aujourd’hui avec 25 autres organisations, c’est justement parce qu’on veut le construire différemment en fédérant toutes les bonnes volontés. C’est ce qu’on tente d’expliquer aux citoyens pour en finir avec des politiques gouvernementales désastreuses qui mettent à la rue et dans la précarité des millions de personnes avec un pouvoir qui profite de la situation pour faire passer des projets de lois liberticides, sur la sécurité globale, les retraites ou la recherche. Quand Emmanuel Macron dit « les soignants, ce n’est pas des lits qu’ils veulent, mais que vous restiez chez vous », il se fout de nous. On sait que rien ne tombera du ciel, c’est pour cela qu’il faut se battre.