- Le Canard enchaîné vous caricature souriant, coiffé d’un foulard et déclarant « Je savais que ça allait faire parler de moi ! » Tout le monde parle d’Ilhem Moussaid, candidate NPA voilée dans le Vaucluse. Vous vous doutiez que ça allait déclencher une telle polémique ?
Le Figaro a sorti, peut-être pour fêter les un an du NPA, une information à 23 heures. Elle a été reprise en boucle sur toutes les radios à partir de 6 heures du matin. À 8 heures, mon portable explose et à midi, on m’explique dans la rue qu’on a une candidate en burqa. Il faut être sérieux ! Sur le fond, je veux bien débattre de la laïcité, du féminisme et aussi de l’islamophobie avec tous ceux qui dans le camp progressiste, sont prêts à le faire sur des bases claires. Parce que, bizarrement, dès qu’on parle de la religion musulmane, les gens n’arrivent plus à faire la part des choses.
- Au sein même du NPA, le malaise est perceptible...
Pour nous, les convictions religieuses ne sont pas un obstacle à l’entrée dans un parti à partir du moment où les valeurs de notre parti sont réellement partagées.
- La religion n’est-elle pas « l’opium du peuple » ?
Ceux que j’ai entendu faire de grandes leçons sur la laïcité, ont instrumentalisé cette candidate pour essayer de se redorer un peu le blason sur le terrain de la laïcité. Clairement, dans le clan de l’UMP, c’est insupportable.
- La décision de présenter cette candidate voilée a été prise régionalement. À titre personnel, l’auriez-vous défendue ?
Vous imaginez bien que ma position personnelle, je vais d’abord l’apporter aux militants. On va gérer ce débat. On ne va pas s’excuser d’avoir cherché à reprendre pied dans les quartiers populaires. Il y en a qui sont croyants, d’autres qui ne le sont pas. Parmi ceux qui sont croyants, il y a des minorités qui peuvent porter le foulard. Le pari du NPA, c’est de fédérer les milieux d’horizon complètement différent : des syndicalistes, des intérimaires, des ouvriers, des précaires, des militants de quartiers populaires.
C’est ce mélange qui est compliqué ?
Oui. Ça fait des étincelles. Il y a des contradictions, Mais du coup, on cherche à avoir un parti qui ressemble à la société. C’est Jamel Debbouze qui disait ça : « Le visage de la France est en train de changer et bizarrement il ressemble de plus en plus au mien. » Peut-être va-t-il falloir l’intégrer un petit peu parce que l’islamophobie dans le cadre de la campagne de l’identité nationale a été un élément en tant que tel.
- Ce refus de l’islamophobie, ça vaut des concessions sur le voile ?
Chaque parti va découvrir en son propre sein qu’il y a déjà des élues qui portent le foulard. C’est le cas au PS et au PCF.
- S’agissant des élections régionales, on ne comprend pas très bien votre stratégie électorale vis-à-vis de la gauche...
Nous ne voulons pas soutenir des politiques qui nous mettent en porte à faux avec notre militantisme au quotidien... Résister ensemble oui, proposer ensemble non.