- Pas trop difficile d’être un postier « réquisitionné » en ce moment ?
Pour les conditions de taf, on a obtenu les bases élémentaires de sécurité : des masques et du gel. On a aussi un droit de retrait, que certain·e·s ont déjà utilisé, mais franchement on est au charbon. On n’a pas trop le temps de réfléchir. Cela dit, on nous demande de continuer à travailler au nom de la continuité du service public, ce n’est pas une réquisition préfectorale. C’est vraiment intéressant qu’ils redécouvrent à cette occasion cette notion de service public, bafouée le restant de l’année, qu’on nous parle d’usagers alors qu’avant il fallait satisfaire d’abord des clients. Nous, on le vit bizarrement avec les collègues.
- Cette situation, elle nous apprend quoi sur la France ?
On a le nez dans le guidon, donc difficile d’effectuer de fines analyses. Ce qui est évident pourtant, c’est qu’il y aura un retour de flamme. Tout le monde peut voir les effets du démantèlement des services publics, notamment de santé. On est dans une situation d’urgence et, personnellement, j’écoute à peine ce que peut dire le gouvernement, à part les grandes déclarations. La colère viendra plus tard.
- Selon vous, quelle sera la suite ?
Il y aura des conséquences. Il y aura un avant et un après. Nous aussi, on en tirera des leçons. La situation est ouverte, entre soit une tentation autoritaire encore plus dure et prononcée, soit une vraie remise à plat sur les besoins sociaux. On préfère préserver les bénéfices de certaines entreprises plutôt que de sauver des vies. « Nos vies avant leur profits » : ce slogan n’a jamais été autant d’actualité.