LCR : que faire du succès de Besancenot ?

, par COUSTAL François

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Pyrénées-Atlantiques, Correspondant régional.

Réunis depuis mercredi matin dans la station pyrénéenne de Gourette, les 800 participants, adhérents et sympathisants, à la 11e université d’été de la LCR devraient aujourd’hui aborder plus directement les enjeux politiques en cette rentrée ainsi que la problématique des rapports avec les partis de gauche trois mois après l’échec de ces derniers à l’élection présidentielle. Une séance de travail est prévue ce matin sur le PCF, "Est-il au bout de son histoire, ou peut-il rebondir ?" Deux dirigeants communistes, Pierre Zarka et Roger Martelli, y participent. Un atelier de réflexion est ensuite consacré au projet de construction d’une force politique nouvelle, après le succès de l’élection présidentielle pour la LCR et l’échec des législatives. En fin d’après-midi, Olivier Besancenot prendra la parole lors de l’unique meeting de cette université.

La veille de cette journée de débats qui s’annoncent plus divers et plus vifs, nous avons demandé à François Coustal, membre du bureau politique de la LCR, de nous dire l’état d’esprit avec lequel son organisation aborde ces enjeux.

Vous n’êtes pas opposés, affirmez-vous, à des accords à gauche avec d’autres partis. Vous avancez l’idée de travailler à la mise sur pied d’une nouvelle formation politique. Pouvez-vous en dire plus ?

François Coustal. Si par principe nous ne sommes pas opposés à des alliances possibles, il reste cependant des questions essentielles à régler avant toute avancée. Celle, prioritaire, du bilan de cinq ans de gauche au gouvernement que doivent tirer les partis qui ont participé à cette gestion et des raisons profondes qui les ont conduits à l’échec électoral. Nous insistons sur ce point, non pas pour régler des comptes, mais pour mieux garantir l’avenir. Nous posons également en préalable la nécessaire discussion sur ce que devrait être le contenu d’une politique réellement à gauche... Pas d’hostilité aussi de notre part au principe d’un soutien ou d’une participation à un gouvernement de gauche. · deux conditions. L’obtention d’un accord avec les autres composantes sur des mesures emblématiques anticapitalistes. La garantie absolue - une condition pour que la LCR effectue ce saut pour elle historique - que le rapport de force social soit tel qu’il nous aide à peser à l’intérieur de l’exécutif. Quant au projet d’une force politique nouvelle, l’idée de la LCR est relativement claire. Ce n’est pas un parti révolutionnaire, mais un mouvement anticapitaliste de lutte rassemblant des gens d’origines politiques diverses, des syndicalistes, des animateurs des mouvements sociaux.

Un objectif qui semble toutefois susciter des avis divers, contradictoires, chez vos militants...

François Coustal. La campagne de la présidentielle avec Olivier Besancenot et le succès obtenu n’a pas modifié les questions qui nous sont posées. L’enjeu autour d’une nouvelle formation est de rassembler largement sur des mesures politiques anticapitalistes et non autour de notre programme. Malgré les progrès, la LCR reste de taille modeste et constituerait un obstacle pour la crédibilité du projet. Dans ce débat, des camarades plus jeunes adhérents ne comprennent pas par exemple pourquoi cette nouvelle organisation ne serait pas un parti révolutionnaire comme la LCR qu’ils viennent de rejoindre lors des élections...

P.-S.

Entretien réalisé par Alain Raynal.
Paru dans L’Humanité, édition du 30 août 2002.

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