Notes de lecture

La Révolution brune, la société allemande sous le IIIe Reich

, par BÉNIES Nicolas

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La Révolution brune, la société allemande sous le IIIe Reich par David Schoenbaum, Gallimard, collection Tel, 420 pages.

La réédition de ce livre est salutaire. Même s’il n’était pas absolument original, cet ouvrage paru en 1966 sortait des sentiers battus de la vulgate des historiens du IIIe Reich. Il faut dire aussi que le titre anglais — Hitler’s social revolution — sentait bon la provocation. Une idée de l’éditeur, explique-t-il dans l’avant-propos de cette édition (2000). Il préférerait le titre français qui fait beaucoup moins vendre, remarquons-le. Il rompait avec une méthode d’investigation qui faisait la part belle au concept de totalitarisme et aux discours des dirigeants hitlériens pris pour argent comptant. La politique suivie en devenait totalement incompréhensible. Et la place actuelle de l’économie allemande — comme celle de l’économie japonaise d’ailleurs — tenait du « miracle ». Il met en lumière une politique consciente et cohérente qui vise, sous les coups de boutoir des restructurations mises en place par l’État autoritaire, à métamorphoser les formes de l’accumulation du capital et la société tout entière. Les discours populistes, démagogiques de Hitler dissimulaient ces faits. L’auteur évite soigneusement toute échelle de valeur et toute prise de position idéologique. Son texte peut parfois apparaître un peu plat. Pourtant il donne des informations intéressantes. Cet ouvrage n’est pas le premier dans cette voie. Dès la fin de la guerre, Charles Bettelheim, dans L’économie allemande sous la nazisme (réédité dans la Petite collection Maspero et aujourd’hui épuisé), analysait les restructurations capitalistes du régime hitlérien et ébauchait une même conclusion avec cependant moins d’éléments.

P.-S.

Article paru dans Nouveaux regards, n° 11, automne 2000.

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