- Qu’est-ce que le passage à l’euro a changé pour Renault ?
Jean-Claude Vessillier : Le basculement du 1er janvier est l’aboutissement d’un travail de près de trois ans visant à permettre à la maison mère mais aussi à nos concessionnaires indépendants de pouvoir facturer en euros. Au 1er janvier 2001, la comptabilité du siège était passée à l’euro. Et, depuis un an, les contrats avec nos gros clients européens, ceux qui se dotent de flottes de véhicules — sociétés ou les loueurs de voitures —, ont été progressivement libellés en euros.
- Le consommateur européen va pouvoir dorénavant facilement comparer les prix pratiqués par Renault, suivant les pays. Pratiquerez-vous un jour un prix unique européen ?
On constate que les écarts de prix dans l’automobile ont tendance à diminuer. L’euro va continuer à favoriser cette convergence. Dans l’automobile, les écarts entre les différents pays sont de 10 % à 12 % (hors taxes), alors que, pour certains secteurs de biens de consommation, ils peuvent être de 30 %.
Mais nous sommes encore loin d’un prix unique européen. Pour cela il faudrait déjà harmoniser les fiscalités européennes. Pour une voiture haut de gamme, les taxes inclues dans le prix à payer en France sont de 19,6 % et de 16 % en Espagne. Alors que l’acheteur portugais paie une TVA de 17 % plus 36,3 % de taxes parafiscales. La fiscalité hollandaise est du même ordre. Dans ces conditions, les prix affichés ne peuvent être les mêmes.
- Faut-il alors aller acheter sa voiture en Espagne ?
En théorie, tout consommateur européen peut le faire. Avant le passage à l’euro, en 1993, lors de la dévaluation de la peseta, on a vu de nombreux clients acheter leurs voitures en Espagne. Mais le phénomène n’a jamais été massif. D’abord parce que les taxes sont réglées dans le pays où le véhicule est immatriculé. Ensuite, parce que l’achat d’une automobile est lié à un point de vente qui peut assurer service et entretien du véhicule. Le service d’un concessionnaire de proximité est donc important pour l’utilisateur. Ce dernier point explique sans doute que les achats par Internet représentent une fraction infime de nos ventes, pour l’instant.
- Une fiscalité différente peut-elle seule expliquer les écarts de prix ?
Non, car les comportements, les attentes et les goûts des consommateurs ne sont pas homogènes suivant les pays. La loi du marché permet aussi de jouer sur les prix. D’ailleurs, comment expliquer sans cela qu’aux Etats-Unis, on observe une différence de prix de l’ordre de 10 % entre la côte est et la côte ouest, moins chère ? Dernier facteur qui rentre en compte dans nos prix : les frais locaux de nos distributeurs. Le coût du salaire d’un employé dans une de nos concessions en Grèce n’est pas le même qu’en Allemagne.
- L’écart des prix dépend-il aussi des lieux de production du véhicule ?
Non. Comme les autres constructeurs, nos coûts de production dépendent de moins en moins d’un prix de revient calculé sur un seul pays. Nos achats s’effectuent au niveau mondial, les composantes de la voiture viennent de lignes de production situées dans différents pays du globe.
- En résumé, qu’apporte pour vous l’euro ?
Depuis 1999, l’euro a apporté une stabilité dans les monnaies européennes. C’est essentiel. Depuis le 1er janvier, il donne une lisibilité aux consommateurs européens.