« Il propose quoi Hollande ? »

, par POUTOU Philippe

Recommander cette page

Passé en 15 jours du statut de candidat quasi anonyme à celui de nouvelle coqueluche des médias, Philippe Poutou était à Rouen pour son dernier meeting de campagne. En conférence de presse le candidat du NPA a répondu à nos questions.

  • Y-a-t-il une mesure qui trouve grâce à vous yeux parmi les propositions de François Hollande, le probable président ?

Crédit : Philippe Poutou

Philippe Poutou : Qu’est-ce qu’il propose Hollande ? La sixième tranche d’imposition ( NDLR : la taxation à 75 % des revenus au-delà d’un million d’euros), les socialistes sont déjà en train de l’écarter. Fabius dit déjà que les footballeurs, les stars du showbiz vont être exonérées. Jérôme Cahuzac ne savait même pas de quoi parlait François Hollande au moment de la proposition. Pareil pour le nouveau coup de pouce sur le smic on n’y croit pas. Dégager Sarko est notre priorité, mais on n’est pas naïf avec les socialistes. Même avec eux, après le 6 mai ce sera l’austérité. Il n’y a qu’à voir ce qu’explique l’article du jour Les Échos.

  • Les intentions de vote pour vous donnent un score plus bas qu’Olivier Besancenot en 2007. Craigniez-vous si cela est confirmé dimanche soir la comparaison avec votre prédécesseur ? Et dans quelle mesure cela risque d’affecter le NPA ?

Philippe Poutou : On n’est pas inquiet. La situation politique est différente. La situation économique aussi. Là il y a le Front de gauche avec Mélenchon. Notre message n’est pas simple à faire comprendre et avec la crise les gens sont inquiets. Alors c’est sûr avec Mélenchon qui est là à dire « j’ai des gros muscles » c’est plus confortable, rassurant, pour les électeurs. Nous, au NPA on cherche à rassembler toute la gauche de la gauche.

Si je fais 1 % ça ne me démoralisera pas parce que je sais que ce n’est pas personnel mais je ne dis pas que je m’en fous. Un bon score nous aiderait pour préparer la suite.

  • Dans votre programme anticapitaliste on ne trouve aucune remise en cause de la société de consommation. Pourquoi ?

Philippe Poutou : Le problème à l’heure actuelle c’est que les gens ne consomment pas assez. Qu’est-ce que je vais bouffer ? Comment je vais pouvoir payer ? Pourquoi les services publics ferment ? Comment lutter contre la précarité ? C’est ça les questions que se posent beaucoup de personnes. Notre programme met en avance les mesures sociales qu’il faudrait prendre. Il est là pour répondre à une situation urgente. Après oui il manque des choses. Encore que sur l’énergie on parle du gaspillage, de la mauvaise consommation. Savoir si on doit acheter des Nike on verra plus tard.

  • On a l’impression que depuis votre passage dans l’émission « Des paroles et des actes » votre campagne connaît un nouveau virage. Comment l’expliquez-vous ? Avez-vous changé de recette médiatique ?

Philippe Poutou : Il n’y a rien de nouveau dans ce que je dis. Seulement avec l’équité du temps de parole, les médias sont obligés de s’intéresser à nous, on est devenu audible. Les gens avec l’arrivée du premier tour, sont plus disponibles pour nous écouter. Et puis c’est comme une équipe de foot prête pour la compétition, il ne faut pas rater le rendez-vous. Je ne l’ai pas raté.

Faire entendre la voix anti-capitaliste c’est bien. On se sent moins seul. On aimerait faire davantage de fin de campagne.