Aujourd’hui, avec l’intégration des dix premiers candidats, nous arrivons à une Europe à 25 membres. Si cet élargissement n’est pas porteur d’une stabilisation de l’Union Européenne, il va apporter une interrogation de base également nécessaire pour un futur élargissement aux Balkans.
À ce stade, il convient de regarder de plus près les critères de l’élargissement à l’U.E. tels que définis à Copenhague en 1993 qui tiennent en trois grands points.
Le premier critère est un critère politique, qui tient compte de l’avancée politique vers la démocratie sous deux angles : celui du pluralisme politique et du respect des minorités. Si l’on peut dire que le pluralisme politique est un fait acquis aujourd’hui, ce n’est pas toujours le cas pour le respect des minorités comme en Macédoine ou au Kosovo par exemple. À ce sujet, il convient de se demander si le modèle politique d’État-nation tel que développé en France, Grande-Bretagne, Allemagne, ou Espagne est à développer dans les Balkans. De ce point de vue, un pays comme la Macédoine est aux antipodes d’un pays comme la France par exemple.
Le deuxième critère défini à Copenhague concerne la capacité des États à affronter la concurrence, ce qui n’est pas le cas pour la majorité des dix pays candidats, si l’on excepte le cas un peu à part de la Slovénie, quand on voit que les balances commerciales de ces pays sont en déficit avec l’Union Européenne. Les pays les moins mal lotis en matière économique sont les pays ayant fortement investi pour leur Éducation, la recherche, et la science.
Le troisième critère concerne l’acquis communautaire à « transférer » aux nouveaux pays candidats. Cela concerne tout particulièrement la Pologne avec la P.A.C. (Politique Agricole Commune), du fait de l’importance de l’agriculture dans ce pays. Le problème est que le modèle social européen construit dans l’après-guerre est remis en cause par la construction européenne qui se fait sur un mode libéral, donc en opposition aux différentes dispositions du Code du Travail en vigueur et contre les Services Publics existants.
Dans ce contexte, il existe une double incompréhension, entre les Occidentaux qui pensent que ceux de l’Est ne sont intéressés que par l’argent, et les pays de l’Europe centrale et orientale qui pensent que les occidentaux veulent leur impose leur façon de faire dans le cadre d’un néo-paternalisme.
Aussi existe-t-il quelques incertitudes sur le résultat des votes qui peuvent traduire quelque chose d’autre qu’un repli nationaliste. Il convient donc de trouver les moyens de convergence pour construire une Europe intégrant la dimension sociale par le haut, et pas seulement la seule dimension monétariste.
Avec les accords de Kumanovo du 10.06.1999 sur le Kosovo et la Yougoslavie de l’époque (aujourd’hui République de Serbie-Monténégro), et la chute de MILOSEVIC en 2000, la désillusion est grande en Serbie quant à la possibilité d’une aide réelle à apporter à ce pays par les occidentaux.
Autre grande question : à quoi sert le Pacte de stabilité s’il n’aide pas au développement ? Car la philosophie des instruments économiques et de l’aide économique devrait être de soutenir les micro-crédits pour l’industrie et les services à développement rapide, et aider le développement du tissu industriel et associatif local. Or, force est de constater que le bilan est négatif sur le plan de critères de convergences européens sacrifiant la santé, les services Publics, l’éducation, et donc le long terme.
Une autre conception de l’Europe est à trouver pour définir des critères de convergence tirant le social vers le haut.