Pour les 35h hebdomadaire sans perte de salaire, sans « flexibilité » ni dégradation des conditions de travail et avec embauches correspondantes !
L’annonce par Lionel Jospin du dépôt d’une loi réduisant la durée légale du travail à 35h hebdomadaires sans perte de salaire est un élément qui peut changer la situation sociale du pays. La réduction du temps de travail est une mesure décisive pour créer des emplois et réduire réellement le nombre de chômeurs. C’est aussi une mesure indispensable pour les salariés à un moment où les conditions de travail se sont dégradées et où le travail s’est considérablement « intensifié » dans les entreprises comme dans les administrations. SUD-PTT revendique une réduction massive et rapide, 35h vers les 32h hebdomadaires, sans perte de salaire. Pour que les 35h généralisées dans les 2 ans puissent jouer ce rôle et permettre les embauches correspondantes, il ne faut pas que les effets de la réduction du temps de travail ne soient gommés par les gains de productivité et la flexibilité : les perdants en seraient alors les salariés qui verraient leur situation se dégrader et les chômeurs et précaires qui ne verraient pas se concrétiser les embauches annoncées ! D’où notre inquiétude en entendant les propos de Lionel Jospin annonçant que les règles concernant « l’organisation du travail et la modulation du temps de travail » pourraient être revues à la fin de la période de négociations et au moment où une deuxième loi fixera le cadre exact du passage au 35h. Cette inquiétude s’appuie sur les pratiques du patronat et des directions d’entreprises qui lient aujourd’hui la réduction du temps de travail à l’acceptation d’horaires « atypiques », c’est-à-dire à travailler les soirées et les week-end, comme le montrent les dernières décisions prises à France Télécom pour l’ouverture élargie des services. Les 35h doivent s’appliquer au public comme au privé. Les négociations qui doivent s’ouvrir dans la fonction publique (négociations où le Groupe des 10 auquel participe la fédération SUD-PTT n’est toujours pas invité) le 14 octobre doivent être l’occasion pour le gouvernement d’annoncer l’élargissement de la réduction du temps de travail, avec les formes appropriées, à l’ensemble des administrations et entreprises publiques. Celles-ci doivent donner l’exemple, à un moment où le patronat renâcle à engager des négociations sur le passage rapide aux 35h. Dès l’année 98 une impulsion forte doit être donnée et l’État doit y jouer tout son rôle. Les administrations et entreprises dépendant du secteur public et nationalisé doivent négocier le passage aux 35h dans les mois qui viennent ! Le passage aux 35h doit permettre un vaste mouvement de création d’emplois et de résorption de la précarité. Là aussi l’État doit montrer l’exemple. Dans les administrations ou les entreprises qui, comme La Poste, emploient un grand nombre de précaires les négociations doivent s’ouvrir pour permettre de garantir un emploi stable à tout le personnel.
Il faut maintenant construire un processus de mobilisation face au directions d’entreprises et au patronat qui vont chercher à s’opposer à la réduction du temps de travail ou à la détourner à leur profit grâce à la flexibilité. Une telle mobilisation doit aussi s’adresser au parlement et au gouvernement : il faut des lois favorables aux intérêt des chômeurs et des salariés !
Cette mobilisation doit avoir lieu dans les entreprises. SUD-PTT demande que les directions de La Poste et de France Télécom engagent au plus vite les négociations. SUD-PTT prendra contact avec les autres fédérations syndicales des PTT pour proposer des interventions conjointes.
Elle doit aussi avoir lieu sur le plan général. Des manifestations sont déjà annoncées : le 15 novembre, à l’appel du Collectif national pour l’emploi et les droits des femmes ; le 20 novembre à Luxembourg, au moment où se tiendra le sommet européen sur l’emploi. Il faudra d’autres initiatives d’ici le vote de la loi sur les 35 heures, début 1998. SUD-PTT prendra tous les contacts interprofessionnels avec les syndicats et les associations pour permettre un tel processus.
Paris, le 13 octobre 1997.