- La taxe carbone est pour l’heure enterrée, c’est une bonne nouvelle fiscale. Est-ce une bonne nouvelle environnementale ?
Christophe Aguiton. La censure de la taxe carbone telle que conçue par le gouvernement est une bonne nouvelle. D’abord, son montant était trop faible pour contribuer à la diminution des émissions de gaz à effet de serre (GES). Ensuite et surtout, elle ne concernait ni les principaux pollueurs ni les industriels. L’énergie électrique en était elle aussi exonérée, ce qui aurait incité les ménages à s’équiper de radiateurs électriques, dont le bilan énergétique est très mauvais. Plus généralement, enfin, une taxe s’inscrit dans une politique fiscale globale. Or, celle en œuvre aujourd’hui s’attache à protéger les plus nantis et occasionne des injustices que la taxe carbone n’aurait fait qu’accentuer. Par exemple, un gros contribuable bénéficiant du bouclier fiscal aurait pu l’en déduire. Bref, on ne peut parler de taxe carbone sans l’inscrire dans une fiscalité globale redistributive.
- C’est-à-dire ?
Christophe Aguiton. Une fiscalité qui taxe les revenus les plus élevés. Cela s’est déjà fait, y compris aux États-Unis où, après la grande crise de 1929 et jusque dans les années soixante-dix, la tranche d’impôts maximale était taxée de 80 % à 90%. Et quitte à parler de taxe, il faut aussi parler des « taxes mondiales » sur les revenus financiers ou la spéculation monétaire...
- Faut-il forcément passer par une taxe pour réduire nos gaz à effet de serre ?
Christophe Aguiton. Il y a des tas d’autres leviers d’actions, à commencer par des normes environnementales très précises. Je pense aux transports ou à tout ce qui relève de la construction publiques. On dispose là de sources de réduction considérables : dans un pays comme la France, la consommation liée au bâtiment représente plus de 40 % des émissions de GES.