« À gauche, nous sommes opposés à ce gouvernement »

, par BESANCENOT Olivier

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Six mois après une vague de départs vers le Front de gauche, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot et Philippe Poutou a ouvert vendredi son deuxième congrès, qui doit durer trois jours à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Des plans sociaux « en cascade », une intervention militaire contestée au Mali, des instits en grève confrontés à « un manque de moyens » : Olivier Besancenot a pour l’occasion accepté de livrer son regard sur l’actualité du moment.

Le Front de gauche a siphonné bon nombre d’adhérents du NPA durant l’élection présidentielle. À sa création en 2009, votre parti comptait 9 000 adhérents. Ils sont aujourd’hui 2 500...

On a connu des moments difficiles, on ne l’a pas caché mais cette période est dernière nous. Nous avons là un congrès de reconstruction. Dans un contexte social compliqué, il a fallu remonter la pente, et c’est ce que l’on a fait. Dans un contexte politique différent, avec un gouvernement soi-disant de gauche, beaucoup de personnes font appel à nous. Elles ne partagent d’ailleurs pas forcément l’entièreté de notre programme, mais considèrent que nous sommes les plus indépendants et les plus opposés, à gauche, à ce gouvernement.

Quel regard portez-vous sur la fronde sociale qui agite PSA, Renault ou encore Goodyear ?

Je suis révolté par ce qui est en train de se passer, mais j’ai de l’espoir vu ce qu’il s’est passé cette semaine. Les salariés de PSA, Virgin, Goodyear et de l’association Licenci’elles ont manifesté ensemble. Il y a derrière des semaines de travail militant car c’est tout sauf naturel, lorsque l’on est confronté à une fermeture d’usine ou un plan de licenciement, de prendre le temps d’aller à la rencontre des autres. Or c’est la seule force que nous avons entre les mains pour imposer une loi contre les licenciements alors que le gouvernement, concrètement, ne fait rien contre cette cascade de plans sociaux.

Que répondez-vous à ceux qui accusent la CGT d’avoir entravé la restructuration de l’usine Goodyear d’Amiens-Nord, menacée de fermeture ?

Je prends très mal ce procès qui est fait aux syndicats. Il y a là-bas des équipes combatives qui ont refusé le chantage qu’on impose aux usines actuellement : soit on coupe un bras, soit la tête. On dit aux salariés : soit vous travaillez plus en étant de moins en moins payés, soit le site est fermé. On rend les organisations syndicales responsables de la fermeture d’un site : c’est un comble ! Goodyear a fait l’année dernière des bénéfices-record sans précédent depuis 2000. Nous réclamons la publication de ses livres de compte.

Comprenez-vous que les enseignants du primaire fassent grève, dans le cadre de la réforme sur les rythmes scolaires ? Le gouvernement a pourtant injecté des moyens dans le domaine de l’éducation...

Sur les rythmes scolaires, ce sont les enfants qui vont trinquer, car leur temps de présence à l’école reste le même, voire plus. Quelles que soient les grandes annonces faites par le gouvernement, en réalité on est simplement en train de remplacer les départs à la retraite. Cela est de surcroît financé sur le dos des autres services publics, car la politique du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite se poursuit par ailleurs.

Vous êtes l’une des rares voix en France à mettre en doute l’intervention militaire française au Mali...

Ma solidarité va au peuple malien, exposé à des risques réels de fanatisme religieux. Le problème, c’est lorsque l’on regarde le bilan des interventions militaires occidentales ces dernières années. En Irak, en Afghanistan, en Somalie : quand on a prétendu pouvoir lutter contre le terrorisme en intervenant de cette manière, on ne fait que renforcer les adversaires les plus extrémistes. La vraie question c’est la refondation politique du Mali.