NPA/Politis. Gauche en chantier

« Une géographie politique large » Entretien

, par GROND Pierre-François

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L’université d’été de la LCR s’est tenue fin août à Port Leucate et a été l’occasion de se pencher sur la genèse du Nouveau parti anticapitaliste. Rencontre.

  • Où en est-on de la création d’un Nouveau parti anticapitaliste ? Quelle est votre dynamique ?

Pierre-François Grond : La réunion nationale des 28 et 29 juin a attiré près d’un millier de participants. On en est à des centaines de collectifs et à une réalité politique qui dépasse la LCR tant par le nombre que par la diversité des trajectoires politiques. Aux côtés des membres de la Ligue ou de militants critiques de la direction de Lutte ouvrière, certains viennent du PCF, des collectifs antilibéraux, du mouvement altermondialiste, voire du PS. Pour d’autres il s’agit d’un premier engagement militant. On compte aussi des jeunes issus de la génération anti-CPE. Ajoutez à cela des écologistes radicaux et vous obtenez une géographie politique large. Il ne s’agit pas d’une LCR qui aurait réussi sa transcroissance. C’est une réalité politique qui est qualitativement différente de la LCR.

  • Comment comptez-vous faire du NPA un parti pluraliste comprenant des sensibilités politiques allant au-delà du socle de la LCR ?

P.-F.G. : On nous a fait le procès de l’isolement. On nous a souvent reproché d’organiser un projet politique autour de nous-mêmes. Or, tous ceux qui se sont rendus les 28 et 29 juin se sont aperçus que la réalité politique du NPA dépasse le socle de la LCR. Il y a déjà des sensibilités politiques qui coexistent. Et qui veulent peser dans les débats. Je pense notamment aux militants du PC, aux altermondialistes ou aux écologistes radicaux. On est déjà dans le pluralisme. Le problème vient du fait que l’on confond un accord national de sommet avec le pluralisme. On regarde les courants politiques tels qu’ils sont et on se demande s’ils vont être sur la photo. Ce n’est qu’un critère d’appréciation pour savoir si le processus politique est pluraliste ou non. Or, après notre réunion des 28 et 29 juin, la tonalité politique a changé. On est entré dans une phase de discussion et de dialogue. Cette histoire-là n’est pas confisquée par la LCR. Notre projet est plus large que cela.

  • Quel regard portez-vous sur l’appel lancé par le journal Politis pour organiser l’alternative à gauche ?

P.-F.G. : Ça peut être une bonne chose. D’ailleurs, on discute avec les initiateurs du projet. Denis Sieffert a été invité à l’université d’été pour en parler avec Daniel Bensaïd. Le NPA et l’Appel de Politis sont deux projets différents. Le nôtre est un rassemblement des forces anticapitalistes qui pensent qu’il faut modifier les rapports de force dans la société. En ce sens, nous nous situons sur un plan de stricte indépendance politique, électorale et stratégique vis-à-vis du PS. Dans la mesure où ce dernier assume une posture favorable à l’économie de marché généralisée et souhaite s’adapter aux politiques néolibérales. Avec Politis, il y a un problème de clarification politique. Soit on veut construire un nouveau parti indépendant du PS, soit on cherche à refaire une combinaison à gauche du PS mais finalement en restant dans une logique de pression où l’on accepte que le PS soit hégémonique à gauche. On ne partage pas ce point de vue. Notre projet est un projet de rupture avec le capitalisme. Une rupture économique, sociale, écologiste, féministe qui intègre l’ensemble des combats pour l’émancipation. On veut dessiner un projet de société alternatif au capitalisme. Je ne crois pas que ce soit le souci de l’appel Politis qui se situe davantage dans un schéma politique qui existe déjà Outre-Rhin, Die Linke, et qui a échoué du point de vue de l’intérêt des forces radicales.

P.-S.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Ferrière.
Article paru dans Regards, n° 58, septembre 2008.

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