2013 a commencé dans une ambiance délétère et d’austérité. À quoi bon espérer… Le Président essaie de trouver des solutions pour redresser la chute de l’Europe avec son staff, leurs efforts changeront-ils les prévisions pessimistes des économistes ? Personne ne le pense, mais nous avons tout de même le droit de rêver ! Comme on le dit si bien : « l’espoir fait vivre… ». Avec cet état d’esprit, l’équipe de La Plume s’est attelée à interroger plusieurs personnalités issues d’horizons différentes sur la manière de voir le monde et d’essayer de le refaire ensemble. La crise de 2008 nous a démontré qu’il était, plus que jamais, nécessaire d’induire de l’éthique dans le fonctionnement de la société à l’ère de la mondialisation. Qu’en pense notre invité du mois, Yvan Lemaître (NPA) ? Délectons-nous de ses quelques réponses.
- Merci de nous accorder vos réponses pour notre numéro de la rentrée 2013, le nom de votre parti est éloquent, il est symbole de la lutte des classes et de l’égale répartition des richesses et des pouvoirs. Quelles seraient d’après vous les réformes qui changeraient positivement et durablement la France voire le monde ? Et pourquoi ?
Tout d’abord, l’idée de notre parti est de défendre l’intérêt des travailleurs qui sont ceux qui font la France. Pour l’intérêt général, il nous faut nous réunir sur le fait de s’opposer aux « messieurs-dames de la finance » responsables des crises économiques contemporaines et revoir les bases sur lesquelles nous avons construit l’Europe et l’économie mondiale. De la crise de l’énergie en passant celles des subprimes et des stock-options, il est désormais important de se reposer sur des valeurs universelles et humaines pour rebâtir le monde. Garantir l’emploi pour tous serait un premier chantier à la reconstruction, pour ce faire il faudrait :
1/ Rendre le licenciement et le chômage hors-la-loi dans le droit du travail, et c’est possible ! La société actuelle favorise des actionnaires et des patrons qui ne recherchent que le profit sans se préoccuper de l’avenir de leurs employés, ce qui a pour effet de laisser des fortunes immenses s’accumuler autour d’une espèce d’oligarchie, 10 familles françaises dominent l’économie nationale. Il faut, ici, forcer le capital à une répartition plus juste entre les différents acteurs des entreprises, de l’employé, qui devrait être représenté dans les C.A d’entreprise avec les dirigeants en participant aux grandes décisions, au patron en passant par l’actionnaire.
2/ Rehausser le niveau de vie en augmentant le SMIC à 1700€ net ! Les 20 milliards d’euros d’investissement encore une fois accordés au patronat auraient largement suffit à mettre en place cette réforme… La meilleure répartition des richesses permettrait d’investir davantage dans les écoles en embauchant, entre autre, des professeurs. Elle permettrait également à tous, et surtout aux les revenus les plus faibles, d’avoir accès à la santé et de pouvoir s’assurer contre les imprévus notamment dans les périodes de crise comme nous vivons aujourd’hui. Nous avons besoin de patrons qui investissent dans l’avenir et dans l’intérêt de tous pas de patrons qui préfèrent dilapider leurs fortunes dans les marchés boursiers sans perspective durable.
3/ Annuler la dette des états envers les banques privées ! La France verse près de 50 milliards d’euros de remboursement aux banques chaque année, vous trouvez cela normal ? Le remboursement de la dette est même le premier poste budgétaire de l’état… Depuis que les pouvoirs financiers ont été privatisés, la dette n’a fait que croitre alors que ceux qui détiennent ces pouvoirs n’ont pas arrêté de s’enrichir. Il faut absolument que l’état reprenne le contrôle des finances et qu’elle nationalise les banques ! Le rôle que ces dernières ont est tellement crucial qu’on ne peut le laisser entre les mains de rentiers avides de bénéfices, nous n’avons pas besoin de Traders ! L’état doit encadrer les régulations et les transactions financières puis refonder l’économie sur des bases sociales et démocratiques, ce qui s’applique ici pour les banques doit également s’appliquer pour l’Europe car les peuples sont intimement liés. Au-delà de la finance, les entreprises de l’énergie ne peuvent être d’ordre privatisé ! Total qui génère des milliards de bénéfices chaque année, grâce aux ressources énergétiques primaires appartenant à la nation, devrait appartenir à l’état et ne pas dicter au consommateur les prix aberrants du pétrole. Il en va du pouvoir d’achat de chacun, le peuple doit choisir ce qu’il doit faire des ressources naturelles appartenant à son pays.
4/ Donner les moyens à la population de pouvoir contrôler le politique. Nous devons penser la politique de manière différente et pousser la démocratie à sa phase ultime, le peuple doit pouvoir porter l’avenir de la France avec leurs représentants. Au NPA, nous sommes favorables à l’idée d’instaurer des bureaux locaux de vote participatif à la proportionnel pour les questions liées à la gouvernance et supprimer le Sénat, qui ne donne pas l’opportunité aux français d’intervenir dans les débats. Egalement, et comme je vous le précisais précédemment, il faut que les travailleurs puissent intervenir lors des conseils d’administration au sein des entreprises par l’appui d’un droit politique à établir sur le lieu de travail.
5/ Revoir le fonctionnement de l’Europe, celle-ci doit avoir une présence sur les questions internationales. Les positions défendant l’austérité doivent être combattues, chaque gouvernement a le devoir de s’impliquer dans ce sens en installant un processus de décision où les populations pourraient décider de leur sort sans que les financiers ne puissent y faire ingérence. Le pillage des populations par leur gouvernement doit cesser, en premier lieu en Grèce ! L’union européenne doit être politique et non exclusivement financière, elle doit être fondée sur la coopération des peuples. Sur ces bases, ses décisions auront une prégnance internationale et permettront de stopper les guerres d’Afghanistan et Israélo-palestiennes. Le soutien qu’elle pourrait apporter aux révoltes arabes et plus majoritairement aux plus démunis changerait la face du monde. L’ONU même devrait suivre ce modèle, oui ! Nous souhaitons une ONU des peuples… Elle reconnaitrait réellement comme « Etat » la Palestine et non comme sous le format actuel au statut de sous état, statut qui ne procure rien à la Palestine. Sur le volet écologique, cette Europe sera plus efficace, aucun état ne pourra résoudre le problème de la pollution seul si ce n’est par un mouvement général de tous les peuples et états.
6/ Développer les services publics, faire en sorte que chaque citoyen puisse avoir accès à la culture dans n’importe quel lieu de France, Zup ou non… Permettre à chacun de s’impliquer avec tous ses concitoyens dans la vie de la cité et plus vastement de la société. Voilà quelques unes de nos réflexions, pour en savoir plus, les lecteurs pourront se rendre sur notre site ou prendre contact directement avec notre siège à Paris.
- Pensez-vous que la population, dans sa complexité et sa diversité, soit prête pour le bouleversement que vous proposez ? Et quels sont les facteurs qui vous font penser cela ?
Bien sûr ! La crainte de la crise a galvanisé les consciences sur le fait que leurs politiques, on sent les esprits en quête de solutions pour palier et éradiquer la crise. Les manifestations, regroupements ou encore les grèves qui se répètent chaque année démontrent qu’il y a une réelle volonté d’agir et de participer à la construction du pays, jamais, je dis bien jamais il n’a été observé une décote aussi rapide d’un président et de son premier ministre au lendemain d’une élection… Le peuple ne veut plus attendre. C’est sûr, il faut encore du temps mais surtout continuer à se révolter contre les agissements du gouvernement quand celui-ci adopte des mesures contre l’intérêt des français. Laissons les consciences s’éveiller et prendre place sur les décisions futures.
- Quels seraient les acteurs et les partenaires avec lesquels il vous faudrait travailler pour faire avancer votre cause ?
Il n’y a pas d’acteurs précis, ça peut être tout le monde, en tout cas tous ceux qui œuvrent pour plus d’égalité, plus de droits sociaux et politiques, plus d’égalité, tout ce qui a attrait améliorer les conditions de vie. Les rassemblements pour le mariage pour tous, par exemple, va dans ce sens tout comme les luttes à Notre-Dame-des-Landes (manifestation contre la construction du nouvel aéroport) ! Pour faire avancer la cause du travailleur, il y a aussi des acteurs incontournables qui font et ont fait évoluer les droits du travailleur comme les syndicats, les associations, les partis de gauche avec lesquels il faudra coopérer.
- Le projet de rassemblement prôné par François Hollande vous parait-il plausible aux vues des réformes engagées par le gouvernement ? Quel état des lieux faîtes-vous de la France post-élection 2012 ?
Le gouvernement vit une crise de notoriété unique, abandonné par les Verts et une partie de politiciens issus de la gauche, il est reproché au président de ne pas respecter ses engagements de campagne. M. Hollande était plus affirmé contre les grandes fortunes et les financiers pendant sa campagne, ce qui ne semble plus être le cas quand on observe les mesures prises par le gouvernement Ayrault. Nous sommes dirigé par les financiers, une ploutocratie est en place, il nous faut nous réunir pour s’opposer à celle-ci, nous rassembler pour affirmer notre souhait de voir se développer une manière plus humaine d’exercer les métiers de banquier ou de patron.
- L’argent fait rêver tout le monde, il est la cause de bonheurs et de malheurs, quel rapport devrait-on avoir avec ce dernier ? Quel serait le modèle idéal de société selon vous ? Et enfin, comment concevez-vous l’épanouissement individuel dans ce modèle ?
L’argent ne fait pas tout ! Il n’est surtout pas fait pour acheter le travail des autres, les rendant dépendant d’un seul individu ou d’un groupe d’individus. Il doit être redistribué et permettre à chacun d’acquérir des biens. Le problème est que cette société favorise souvent la même une classe sociale, ceux qui possèdent déjà un gros capital et ces derniers s’enrichissent de plus en plus. Un autre problème se pose, il réside dans la compréhension de l’épanouissement, pour moi, l’épanouissement individuel passe par le reflet de cet épanouissement et du bonheur sur le collectif. En clair, on ne peut être heureux seul ! Beaucoup de choses ne s’achètent pas aussi, vous avez par exemple la construction individuelle, le développement de ses compétences, la créativité et l’ingéniosité, la culture et un modèle idéal de société serait de mettre en avant ces exemples cités. La liberté de chacun passe par la liberté des autres à agir. Dans ce modèle-ci, il n’y aurait de rapport de domination ou d’exploitation mais un rapport de coopération.