Le courant Unir, qui avait existé dans et autour de la LCR depuis 2006, s’est dissous le samedi 14 mars 2009. En toute logique, après la dissolution de la LCR dans le NPA, il n’avait pas vocation à continuer sous la forme qui fut la sienne précédemment.
La discussion entre les militants d’ « Unir » a fait apparaître deux points de vue différents sur ce qu’il convenait de faire désormais. Une partie des camarades ont décidé de créer un « mouvement politique » dénommé « Gauche Unitaire », hors du NPA, et décidé d’intégrer au nom de ce nouveau groupe politique le « Front de Gauche », constitué à l’heure actuelle du PCF et du PG.
Nous ne partageons pas ce choix, il n’est pas non plus celui de l’association « Unir », et celle-ci a décidé de mettre fin à son existence. Nous espérons cependant qu’à l’automne, un nouveau débat permettra de dépasser positivement cette situation qui nous affaiblit tous. Nous sommes en effet persuadés que cette séparation ne se justifie pas par des divergences politiques fondamentales.
La perspective d’un front électoral de la gauche de gauche aux élections européennes est une nécessité impérieuse, et l’aggravation de la crise capitaliste ne fait que le confirmer. Cet objectif est partagé par bien des militants qui l’expriment dans plusieurs appels adressés au NPA, au PCF ou au PG. Les salariés, les jeunes, les mouvements sociaux, ont un besoin urgent d’une alternative anticapitaliste unitaire et pluraliste pour renforcer la dynamique des luttes sociales et forger une alternative à la droite au pouvoir et au social-libéralisme. Nous sommes en désaccord complet avec la décision de la majorité de la direction du NPA de mettre fin aux discussions unitaires et sa décision de faire cavalier seul en juin prochain.
Pour autant nous voulons continuer ce combat politique avec les centaines de militants qui ont rejoint le NPA et qui sont eux aussi, à la recherche d’une politique de rassemblement, à ces élections mais aussi au-delà de cette échéance.
Le combat pour la recomposition, la reconstruction, d’une gauche digne de ce nom n’est donc pas terminé. Mais face à un front de gauche qui apparaît d’abord comme un accord de sommet entre le PC et le PG, il est présomptueux de penser qu’un groupe de militants, sous le label d’une nouvelle organisation créée pour la circonstance, puisse changer la situation, et parvenir à un rassemblement pluraliste de toutes les composantes, sans exclusive, des forces de la gauche alternative.
Ce rassemblement devrait impliquer une dynamique militante et populaire de terrain, condition indispensable pour dépasser les seules logiques d’organisations existantes et aboutir à une nouvelle force politique anticapitaliste, pluraliste, portée par les milliers de militants du mouvement social qui ont besoin d’une représentation politique à la hauteur de leurs combats.
Aujourd’hui, le compte n’y est pas, à cause de la volonté d’une majorité du NPA de s’auto-affirmer plutôt que de jouer un rôle de rassemblement, mais aussi de la politique de la direction du PCF qui limite son choix d’un front au Parti de Gauche mais refuse une dynamique militante de toute la gauche alternative, sans préalables. La recomposition politique à gauche de la gauche se fera nécessairement par la convergence de forces significatives de la tradition de la gauche radicale et de celles provenant de la tradition socialiste et communiste. Le choix des camarades de « Gauche unitaire » de créer un micro force politique intégrant le Front PCF/PG n’est pas à notre avis en mesure de peser sérieusement.
Le NPA, en tant que nouvelle force politique, rejoint par beaucoup de militants qui y font leur première expérience politique, a une réalité contradictoire et inachevée. Il n’a pas résolu nombre de questions fondamentales. Sera-t-il un nouveau parti de la gauche « révolutionnaire », ou un parti ouvert, pluraliste, ou différents courants de la gauche anticapitaliste se rassembleront ? Sera-t-il un facteur d’unité, contre la droite et le patronat, sera-t-il capable de tenir compte des apports programmatiques que d’autres courants et bien des militants sont porteurs dans le mouvement social ? Sera-t-il, tout en refusant de participer à un gouvernement sur une politique sociale-libérale, capable de tracer la voie à la perspective d’un programme et d’un vrai gouvernement de gauche qui introduirait une première rupture avec le libéralisme capitaliste ? Sera-t-il un parti réellement démocratique, prenant en compte la diversité de ses composantes ? Ce dernier point est fondamental, pour toute force politique, surtout quand elle vise à reconstruire une vraie gauche pluraliste et unitaire. La fin du congrès fondateur du NPA, lors de l’élection de la direction, refusant une représentation proportionnelle à la « sensibilité unitaire » naissante, jette une ombre sur ce point. Il est probable qu’une issue plus conforme à nos traditions démocratiques n’aurait pas eu pour conséquences de pousser des militants à chercher une alternative hors du NPA.
Pour notre part, nous poursuivrons le combat politique pour les idées que nous avons partagé et défendu ensemble dans le courant « Unir ».
Nous les avions forgés au fur et à mesure de notre expérience d’action et de débat parmi les militants de la LCR, mais aussi avec tous ceux avec qui nous avons partagé tant de combats sociaux et politique, sans qu’ils soient membres de notre organisation.
Nous le ferons dans le NPA, à partir d’une nouvelle expérience collective de débats et d’ actions, avec les nombreux militants qui se posent des questions identiques, et l’ont déjà manifesté lors du débat du congrès fondateur.
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