Pour rappel, le NPA ne construit pas de comités dans les dernières colonies françaises, mais encourage ses membres à militer au sein des organisations syndicales et politiques de ces pays.
Vie chère
Comment comptez-vous, si vous êtes élu, lutter contre la vie chère en Guyane ?
Il faut s’attaquer à la « profitasyon » des groupes comme la SARA et des intermédiaires basés à la Martinique. Il faut aussi sortir du financement des collectivités territoriales par l’octroi de mer. Cet impôt indirect, payé par tous les consommateurs quel que soit leur revenu, crée une hausse des prix décriée par les mouvements contre la vie chère. Le système a pour conséquence de renforcer la dépendance de la Guyane envers les importations de France, au détriment des productions locales. Le NPA est pour la sortie de ce cadre colonial, de ce pillage des richesses, de ce contre-développement que le statut départemental n’a pas fondamentalement modifié. C’est pour cela que nos membres participent aux mobilisations contre la vie chère, mais aussi aux organisations anticolonialistes guyanaises.
Chômage
Le taux de chômage en Guyane est de 21%. Les jeunes sont particulièrement touchés (le taux de chômage des moins de 30 ans atteint 36%). Quels dispositifs mettriez-vous en place en Guyane pour favoriser l’emploi ?
Les dispositifs actuels ne font qu’accompagner le chômage, en surexploitant les jeunes à travers les contrats précaires. Pour en finir avec le chômage, il faut un développement au service des besoins de la population. Sarkozy parle de développement endogène, mais sans rien changer sur le fond. Nous revendiquons en premier lieu, le droit à l’autodétermination du peuple guyanais, sachant que l’autonomie doit s’accompagner d’un remboursement de la France pour réparer le contre-développement. Il faut une autonomie de gestion avec un financement basé sur des impôts progressifs sur le revenu, permettant la fin de l’octroi de mer. Ces nouveaux financements permettront un développement de l’industrie, de l’éducation, de la santé, du logement qui feront alors fortement reculer le chômage et la misère.
Quelle est selon vous la première mesure à prendre pour lutter contre l’insécurité ?
Il n’y a pas de mesure miracle car le chômage est la première cause de l’insécurité. L’absence de perspectives chez les moins de 25 ans, qui représentent plus de la moitié de la population, crée une situation explosive. Tant que la précarité sera le lot d’une part importante de la population, il y aura de l’insécurité, comme dans la plupart des pays du « Tiers monde ». Voilà où la tutelle de la France mène à ce jour ses colonies départementalisées.
L’économie de la drogue est un véritable fléau de la mondialisation capitaliste, et ceux qui en bénéficient ne sont jamais inquiétés. Enfermer les petits dealers ou les mules est contre-productif : la politique dite de « Tolérance zéro » est une guerre contre les plus pauvres qui n’a jamais fait reculer la délinquance là où elle a été menée.
Pétrole
La recherche pétrolière au large de la Guyane se poursuit. Êtes-vous favorable à une éventuelle exploitation future ? Si oui, comment assurer des retombées pour la Guyane ?
SHELL et l’Etat français veulent piller ces ressources, avec de faibles retombées pour les Guyanais hormis de probables marées noires sur l’un des littoraux les plus fragiles de la planète. L’exemple de l’Equateur nous semble porteur d’un bon compromis économique et écologique. Le Président Rafael Correa a proposé de ne pas exploiter la manne pétrolière de la région amazonienne de Yasuni, en échange d’un dédommagement de la communauté internationale. En suivant cette voie, la Guyane pourrait bénéficier de larges financements lui permettant d’accélérer son développement économique tout en préservant son remarquable écosystème. Dans le domaine pétrolier comme dans d’autres, la Guyane a tout intérêt à développer ses relations avec ses voisins, et avec les pays de l’ALBA comme le Venezuela.
Pour plus d’infos sur la vie politique guyanaise :
- http://rotkoze.com – journal guyanais d’inspiration ouvrière,
- http://www.mdes.org – Mouvement de décolonisation et d’émancipation sociale