« Marseille a besoin d’une vraie rupture »

, par JOHSUA Samuel

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  • Pourquoi cette étiquette de la « contre-attaque à gauche » ?

Samuel Joshua : Pour répondre à deux nécessités, l’une nationale, l’autre locale. Nous devons tout d’abord nous opposer à l’offensive générale du libéralisme et à la droite arrogante et destructrice que représente Sarkozy. Jean-Claude Gaudin cherche à faire oublier son appartenance et son rôle important au sein de l’UMP, mais personne n’est dupe. Nous voulons aussi fortement nous différencier de la candidature de Jean-Noël Guérini : le président du Conseil général ne se réclame absolument pas de la gauche dans cette campagne, sans doute dans l’espoir de rassurer les électeurs du centre pour conquérir la ville ! De plus, on ne peut pas dire que l’on puisse faire confiance aujourd’hui au PS pour résister à Sarkozy, on l’a bien vu lors des grèves contre la disparition des régimes spéciaux de retraite...

  • Vos amis de Lutte ouvrière ont pourtant rejoint Guérini...

S. J. : C’est un incompréhensible et regrettable retournement. Réunis tous ensemble, nous aurions bénéficié d’une dynamique plus puissante encore. Le choix du PC est d’ailleurs tout aussi désolant. L’attrait des postes a été le plus fort.

  • Quel regard portez-vous sur l’évolution de cette ville ?

S. J. : Marseille est riche en potentiel à la condition qu’elle s’appuie sur ce qu’elle est réellement. Depuis bien longtemps déjà, les classes dominantes vivent dans l’illusion que l’on peut changer le peuple de Marseille pour laisser place à une population de classes moyennes aisées... Profitons de cette campagne pour discuter d’abord de ce qui est bon pour les Marseillais tels qu’ils sont !

  • Quelles sont les premières mesures que vous mettriez en oeuvre ?

S. J. : La priorité des priorités, c’est le logement. La spéculation foncière est aujourd’hui telle que la population laborieuse est chassée de la ville. Pour une majorité de foyers, la hausse des prix et des loyers est devenue insupportable. Pour faire baisser cette pression, il existe une solution simple, celle de la réquisition des logements vacants que détiennent les investisseurs publics et privés. Une loi existe ; De Gaulle avait choisi cette solution après-guerre. Il y a 24 000 logements vides à Marseille : en mettant en oeuvre cette loi, la demande baisserait mécaniquement et le prix du foncier en conséquence. Même Ségolène Royal s’est récemment prononcée pour le recours à cette loi.

  • D’autres mesures jugées essentielles ?

S. J. : Nous préconisons également le retour en régie publique du service de l’eau. Une enquête de Que Choisir vient de démontrer que c’est, parmi les grandes villes, à Marseille que l’eau est la plus chère en France. Et nous voulons la gratuité des transports en commun : les rues sont bien gratuites pour les automobilisites alors que leur entretien coûte beaucoup plus cher à la collectivité !

P.-S.

Propos recueillis par Michel-Philippe Baret.
Article paru dans La Provence, édition du 25 février 2008.

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