Le lycée, ce sont mes premiers engagements, mes premières manifs. Au moment du mouvement lycéen de 1990, j’étais en 1er à Louviers, dans l’Eure. La contestation portait sur la vie lycéenne : les droits des élèves (expression, association, affichage, etc.) et les moyens... Mon établissement était très mobilisé. On y tenait des réunions, des assemblées générales, des ateliers. Un comité de grève d’une soixantaine de lycéens se réunissait dans la cafétéria. Ça discutait beaucoup. II y avait des commissions pout animer la future manifestation, organiser des collectes, négocier les absences avec le proviseur. On avait monté un canard, obtenu un panneau d’affichage, un ciné-club. Moi, j’étais bien en pointe. En 2de, j’avais déjà fait débrayer le bahut après la profanation du cimetière de Carpentras. J’étais rodé, et j’avais l’habitude de parler dans le mégaphone... Dans mon quartier, il y avait pas mal de jeunes impliqués dans la casse : il fallait gérer les suites policières. Certains s’étaient faits embarquer, et le proviseur me demandait des comptes : les parents s’inquiètent, où sont les jeunes ? Bref, le lycée était devenu un atelier effervescent de vie démocratique.
- A la même époque, la première guerre du Golfe était en préparation. On se servait donc aussi des manifestations pour faire signer des pétitions contre la guerre. L’un des slogans du mouvement lycéen, c’était « Des sous pour l’école, pas pour la guerre du Golfe ». Là-dessus, j’étais en polémique avec mon prof d’histoire. Sur les questions scolaires, en gros, il nous soutenait. Sur la question de la guerre, ça bloquait. Il était socialiste, et le gouvernement, socialiste, s’apprêtait à participer au conflit. Il excusait l’intervention. Nous, on était contre. C’est pas une petite question, surtout quand on est jeune, et qu’on estime qu’il faut des moyens pour l’éducation. En même temps, c’est quelqu’un que j’estimais beaucoup. C’était un super bon professeur, de ceux qui marquent.
- Un responsable socialiste avait fait une déclaration malheureuse : ceux qui étaient contre la guerre soutenaient Saddam Hussein et étaient donc des collabos. Du coup, en cours, on revenait à la guerre d’Algérie, à la seconde guerre mondiale. C’est un souvenir fort. Ça marquait assez régulièrement les cours d’histoire.
- Dans certains devoirs, je devais rédiger des conclusions totalement déplacées ou excessives. Il les excusait, au nom du devoir qui, malgré tout, était bon. Il était capable de différencier les deux, en disant : « Epargnez-nous vos conclusions ! » Mais j’embrayais sur l’actualité en permanence. Et il se servait souvent de mes copies pour introduire une discussion. La classe nous servait, à lui et moi, de public pour polémiquer ! Donc, le respect et, dans le même temps, l’engueulade politique.
- Il faisait partie de ces profs qui insistaient sur une chose : il faut toujours se faire une opinion, donc lire, relire, s’instruire, chercher à comprendre. Et c’est ça qui m’a donné l’envie de lire sur tout un tas de questions. Il m’a donné envie de chercher à comprendre, y compris pour lui tenir tête ! Fallait bien que j’aie des billes, il était brillant et intelligent... Ce furent mes premières polémiques face à quelqu’un qui tenait la route, qui n’était pas l’adversaire absolu et qui en jouait. Il savait ce qu’il faisait : il me poussait dans mes retranchements. »
1974 : naissance à Levallois-Perret.
1989 : milite à la Ligue communiste révolutionnaire.
1995 : intègre la direction de la LCR.
1997 : entre à La Poste comme facteur.
2002 : obtient 4,25% des voix à l’élection présidentielle.