Élections régionales de mars 2010

« La Région doit être un outil de répartition des richesses »

, par BESANCENOT Olivier

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Olivier Besancenot, porte-parole national du NPA s’engage pour la première fois dans une élection régionale en conduisant les listes de son parti en Île-de-France.

  • Que représentent les régionales pour le Nouveau parti anticapitaliste qui a peu de chances d’avoir des élus ?

C’est une occasion de porter notre programme pour une autre répartition des richesses avec gratuité des transports collectifs, retraite à 60 ans et 37,5 ans de cotisation, etc. auprès des gens qui nous parlent de leurs préoccupations... Les gens ne trient pas leurs préoccupations en fonction des champs de compétence. En outre, nous espérons créer une dynamique en obtenant plus de 5 % des voix, ce qui nous permettrait d’avoir potentiellement des élus.

  • À condition de faire des alliances, techniques dites-vous, avec la gauche. C’est une évolution ?

Nous l’avons déjà fait dans le passé, aux municipales par exemple. Nous proposons une alliance démocratique sans participation à l’exécutif et sans obligation de voter le budget dans le cadre d’une stricte représentation proportionnelle de notre liste.

  • La droite demeure donc votre principal adversaire ?

Absolument. Il faut lui mettre une bonne claque. Si elle ne gagne aucune région, ce sera mauvais pour elle dans le rapport de force. Mais nous invitons tous les électeurs qui ne se retrouvent pas dans la gestion socialiste, qui reprochent à la gauche de ne pas faire la différence entre une région gérée par la droite et une gérée par la gauche de voter pour nos listes.

  • Quelles ruptures de gauche aimeriez-vous réaliser dans la gestion des régions ?

Nous voulons que les fonds publics aillent uniquement au secteur public. La région doit être un outil de répartition des richesses notamment pour lutter contre les inégalités sociales. Nous voulons la transparence dans l’utilisation des fonds publics, l’arrêt des subventions à ceux qui font des profits et licencient. Nous proposons ainsi davantage de transports collectifs et leur gratuité comme l’avaient obtenu nos conseillers régionaux en Midi-Pyrénées en 1998 pour les chômeurs et les précaires. Nous voulons que les villes respectent le seuil des 20 % de logements sociaux prévus par la loi.

  • L’image du NPA c’est d’abord Olivier Besancenot, or elle semble un peu grippée.

Je n’ai jamais cherché à jouer perso, le NPA est un outil collectif animé par des gens qui ne sont pas des professionnels de la politique. Si vous voulez dire que la « pipolisation » sur mon nom marche moins, c’est une bonne nouvelle à titre politique et personnel car j’ai toujours pensé qu’il ne faut jamais remettre le destin d’une cause entre les mains d’un seul. La crise sociale demeure, même si les convergences de luttes ne se sont pas encore réalisées. Il faut que la crise soit payée par ceux qui l’ont provoquée.

  • Il y a aussi le trouble causé par votre candidate portant foulard en Languedoc-Roussillon...

C’est une instrumentalisation par le gouvernement d’une candidate sur 2000 après le flop de son débat sur l’identité nationale. Il joue la carte de la stigmatisation, du racisme.

  • Comment gérez-vous les remous ?

On va gérer ça collectivement sur le long terme. Le débat ne concerne pas que le NPA, d’autres partis de gauche ont des élues portant le foulard. La laïcité, la place de la femme sont de vrais débats qui traversent la gauche.

  • Chez vos militants et sympathisants, notamment les femmes, il y a un malaise. Que leur dîtes-vous ?

Nous avons un débat interne et c’est avec nos militantes et militants que j’en débats, pas par presse interposée. Pour ce qui est de notre électorat je lui dis : regardez l’ensemble de notre programme, de nos propositions et ne tombez pas dans le panneau de ceux qui voudraient faire de cette campagne un référendum sur le voile.

Olivier Besancenot

Porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Olivier Besancenot, aujourd’hui âgé de 36 ans, fut deux fois candidats à l’élection présidentielle, en 2002 et en 2007 où il obtint respectivement 1,2 et 1,5 million de voix.

Diplômé d’histoire, il est facteur à Neuilly-sur-Seine.

Il conduit la liste de son parti aux élections régionales en Île-de-France.

P.-S.

Propos recueillis par Michel Rivet-Paturel.
Entretien paru dans LeProgrès.fr, édition du 27 février 2010.

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