La LCR et les élections municipales

, par LIÉGARD Guillaume

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Situées quelques dix mois après l’élection présidentielle, les élections municipales de mars 2008 auront nécessairement valeur de premier vote sanction contre la politique menée par Sarkozy. Pour la LCR, l’enjeu est double : faire de cette élection un test contre la politique du gouvernement et offrir une perspective de rassemblement anticapitaliste à la gauche face au ralliement du PS au libéralisme. De ce point de vue, nous inscrivons aussi notre politique électorale dans le cadre plus large de construction d’un nouveau parti anticapitaliste, en toute indépendance des partis de la gauche institutionnelle.

Un test contre la politique de Sarkozy

Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, c’est une véritable avalanche de mesures antisociales et antidémocratiques. C’est d’abord la remise en cause du droit à la retraite pour tous, en commençant par les régimes spéciaux pour ensuite imposer 41 annuités à l’ensemble des salariés, et plus tard encore : travailler toujours plus pour toucher des pensions basses, qui obligeront celles et ceux qui le pourront à prendre des assurances privées, et pour les autres à s’enfoncer dans la précarité et la pauvreté. C’est la même logique en ce qui concerne la santé avec la mise en place des franchises.
C’est aussi le mensonge sur le pouvoir d’achat. Gagner plus, nous disait-on, en travaillant plus. On travaille davantage, plus longtemps, plus intensément, mais sans que les salaires suivent (sauf celui de Sarkozy qui augmente de 172 % !). On défiscalise les plus riches et on bloque les salaires, les pensions, les petits revenus, le SMIC, alors même que les profits explosent et que les prix à la consommation s’envolent.
La France de Sarkozy, c’est la France des rentiers ! De nouvelles lois s’attaquent aux immigrés, de nouvelles lois sécuritaires veulent déployer un arsenal encore plus répressif. Les nouvelles technologies sont mises au service de la surveillance de la population : des tests ADN pour les étrangers candidats au regroupement familial, des drones pour survoler les banlieues et filmer leurs habitants.
Le droit aux études des jeunes est quant à lui doublement remis en cause : par les suppressions de postes dans l’Éducation nationale, et l’autonomie des universités qui prépare des facultés à plusieurs vitesses ainsi que des droits d’inscriptions « libres », c’est-à-dire en augmentation.
En 2005, une majorité de la population a rejeté le Traité constitutionnel
européen. Et Sarkozy revient avec un « mini traité » qui est une maxi
arnaque, car c’est le sosie du précédent, mais ce coup-ci il n’y aura pas
de référendum. L’Europe, pour eux, est une affaire trop sérieuse pour être
laissée aux peuples, ce sont les députés et sénateurs UMP et PS essentiellement qui l’adopteront ; c’est un hold-up démocratique !
Quant au Grenelle de l’environnement, au-delà des annonces publicitaires, on est loin des mesures radicales s’attaquant réellement aux intérêts des firmes et des lobbies polluants !

Cette politique a d’ores et déjà suscité des mobilisations, manifestations et grèves. À l’heure où ces lignes sont écrites, il n’est pas possible de connaître l’issue du mouvement social ni de savoir si des jonctions entre les différents secteurs en lutte se réaliseront. Mais force est de constater que l’ampleur du mécontentement, la force des mobilisations et la détermination des grévistes vont bien au-delà de ce qu’envisageaient le gouvernement... et une bonne partie des organisations syndicales. La situation sociale traduit, une nouvelle fois, le refus profond dans ce pays des politiques capitalistes de déréglementations libérales.

Que Sarkozy mène la politique dont rêvent depuis de nombreuses années ses amis du MEDEF n’est pas une surprise. Que le PS soit à ce point incapable de s’opposer avec cohérence et efficacité à la brutalité des politiques de droite frappe une partie de l’opinion. Il y a des socialistes au gouvernement, une participation des éléphants du PS à toutes les commissions sarkozystes qui préparent les mauvais coups : Lang sur les institutions, Rocard contre les enseignants, Attali sur la « croissance ». Quant à Strauss-Kahn, le voici directeur du FMI au cœur de la puissance capitaliste, à la tête d’une institution vomie à juste titre par les peuples du tiers-monde ! Quand on pense qu’ils nous ont fait le coup du vote utile pendant toute la campagne présidentielle...

Tout cela renforce notre politique de claire délimitation vis-à-vis du PS. Gageons aussi que la résistance sociale aux attaques gouvernementales cherchera aussi à s’exprimer dans le cadre des prochaines échéances électorales. À l’échelon municipal, les mêmes enjeux se retrouvent : aménager le système au service des entreprises capitalistes ou satisfaire les besoins de la population dans le cadre d’une autre répartition des richesses et des pouvoirs. La gauche traditionnelle accepte la gestion loyale des institutions et tourne le dos à la satisfaction de ces besoins.

La politique de la LCR aux municipales

Dès le mois de septembre, la Direction nationale de la LCR a indiqué les grandes lignes de sa politique pour les élections municipales. L’enjeu est d’être présent dans plusieurs centaines de communes en proposant aux jeunes, aux salariés, aux militants syndicaux et associatifs qui regardent vers nous, aux électeurs d’Olivier Besancenot, de constituer ces listes ensemble. Sur la base d’une plateforme défendant les axes d’une politique anticapitaliste et autour d’un plan d’urgence sociale et démocratique qui s’appuie sur des mesures concrètes, la LCR cherche à développer le rassemblement le plus largement unitaire. Dans de nombreuses villes, des contacts ont été pris et se poursuivent avec différentes forces politiques.

Avec des listes regroupant des milliers d’hommes et de femmes, la LCR propose d’inverser la vapeur. Cela suppose en particulier une opposition déterminée à la politique gouvernementale et à l’extrême droite, dans l’indépendance vis-à-vis du PS impliquant le refus de participer à tout exécutif social-libéral. Si ce dernier point fait parfois débat en dehors de nous, l’orientation du PS à cet automne, son incapacité à s’opposer aux mesures gouvernementales autrement que sur la forme et jamais sur le fond — et pour cause ! — démontre une nouvelle fois la pertinence de cette orientation pour reconstruire un espoir de transformation anticapitaliste de la société. Dans une telle situation, la politique de la direction du PCF appelant à des listes de toute la gauche n’a d’autres ambitions que la préservation de ses positions institutionnelles au mépris de l’urgence de l’heure, celle de la construction d’une nouvelle force anticapitaliste qui doit pouvoir s’exprimer à ces élections.

Il existe une certaine autonomie entre la bataille que nous menons pour la création d’un nouveau parti anticapitaliste et notre volonté de constituer et d’être partie prenante d’un maximum de listes aux municipales. En particulier, nous ne faisons pas de l’adhésion au projet de ce nouveau parti une condition pour constituer des listes. Les listes à l’initiative de la LCR ne seront donc pas des listes « pour un nouveau parti anticapitaliste » et viseront à rassembler bien au-delà de celles et ceux qui sont déjà convaincus par cette perspective.
Mais si les élections municipales et le nouveau parti ne se recoupent pas totalement, il n’en demeure pas moins que les deux sont pour nous étroitement liés. C’est la bataille politique que nous menons pour la création d’un nouveau parti qui donne une cohérence d’ensemble à ce que nous ferons aux élections municipales. Et, en retour, les résultats des élections municipales, par la capacité à faire militer largement avec la LCR peuvent donner de nouveaux points d’appui pour développer le proces sus. La campagne aux élections municipales servira ainsi à élargir et dynamiser la bataille politique pour le nouveau parti.
Cette approche est d’ailleurs renforcée par les succès rencontrés tout au long de cet automne par les réunions sur la question du nouveau parti. Celles-ci démontrent tout à la fois l’espace politique et l’attente que suscite ce processus. La LCR aura à cœur d’associer très largement celles et ceux qui partagent le projet d’un nouveau parti anticapitaliste à ses listes qu’il y ait ou non d’autres partenaires politiques.

En ce qui concerne le second tour, la LCR donnera ses consignes au lendemain du premier tour. Elle le fera avec la volonté de contribuer à la défaite de la droite tout en tenant compte des conditions locales de la campagne électorale. En particulier, en aucun cas nous n’appellerons à voter pour des listes « de gauche » intégrant le Modem. En tout état de cause, la LCR propose que chaque liste locale soit responsable de sa propre décision concernant le second tour. Lorsque la question se pose, et compte tenu du mode de scrutin, la LCR considère que la fusion est possible avec des listes de gauche. Toutefois, cela ne pourra se faire que dans le cadre d’un accord technique, avec expression propre et sans aucun engagement de solidarité ultérieure de gestion. Il faudra enfin que la constitution de la liste reflète les rapports de force par une représentation proportionnelle des suffrages exprimés au premier tour.

Proposer une autre orientation, en rupture avec les logiques à l’œuvre, affirmer ensemble une force de mobilisation et de luttes, une force anticapitaliste qui n’a pas renoncé à la transformation révolutionnaire de
la société, qui entend défendre l’urgence sociale et démocratique au-tour de mesures concrètes signifiant que nos vies valent plus que leurs profits, tel est l’enjeu de ces élections pour la LCR.

G.L.

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