France : Leçons des élections de mars

, par IONAS Christos

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Fin mars ont eu lieu en France deux séries d’élections : les régionales, pour élire les conseillers régionaux (dans chacune des 22 régions du pays, le conseil gère la construction de bâtiments publics, les aides aux entreprises etc.) et les cantonales, pour élire les conseillers au niveau du département (95 départements de métropole + des départements dans d’anciennes colonies). Si ces deux élections sont importantes par rapport à l’application de la décentralisation, elles avaient cette année un intérêt bien plus grand : 2 ans après la défaite historique de la « gauche plurielle », elles constituaient un test pas tellement sur la popularité du gouvernement du libéral Raffarin (les sondages montrent depuis longtemps un rejet populaire), mais plutôt sur l’état des forces de la gauche réformiste et révolutionnaire. De tout point de vue, les résultats sont fort intéressants ! Voyons les résultats des régionales, considérées comme plus politiques que les cantonales :
— Plus que d’un recul attendu, c’est de désastre à droite qu’il faut parler, avec 37 % (34,5 % au premier tour) des voix
— Contrairement à beaucoup de prévisions, la gauche réformiste, toutes tendances confondues, obtient 40,31 % au premier tour, en hausse spectaculaire. Au deuxième tour s’est produit un événement politique important : pour la première fois depuis 1981, la gauche, renforcée des électeurs d’extrême gauche et d’abstentionnistes du premier tour, a obtenu plus de 50 % des voix. Ce qui signifie symboliquement que la gauche a retrouvé la majorité absolue en France, et que ce n’est pas le Front National de Le Pen qui lui permet en se maintenant au deuxième tour de l’emporter face à la droite. Si ce fait symbolique se confirmait, ce pourrait être un très fort encouragement à faire reculer l’influence des fascistes.
— Malheureusement, et cela n’a pas été assez souligné, le parti de Le Pen reste à 15% et au total les groupes fascistes obtiennent 16,6 % des voix. De plus, à l’issue du premier tour, le Front National a pu se maintenir dans 17 des 22 régions, étendant son influence (en régression chez les ouvriers) chez les paysans.
— Les listes unitaires de la LCR et de Lutte Ouvrière obtiennent un tout petit peu moins de 5% des voix : ce score est présenté et comme une surprise et comme un recul, évident si l’on compare aux élections présidentielles de 2002 (plus de 10% pour les candidatures séparées d’Arlette Laguiller et d’Olivier Besancenot).

Observer les chiffres... et les mobilisations

Devant ces chiffres, et avant de revenir sur les résultats de la gauche réformiste et révolutionnaire, on peut déjà comprendre le paradoxe de la situation politique : alors qu’elle détient la présidence, la majorité absolue à l’assemblée nationale, la droite est ramenée à son problème fondamental : les 82 % de Chirac au deuxième tour en avril 2002 sont loin, elle est retournée à ses seuls 19 % du premier tour. La crise de la droite est revenue au premier plan : le parti du président, l’UMP, est traversé de conflits, dont le plus fort oppose Chirac à son double en démagogie, le libéral Sarkozy. Et l’UMP n’a pas pu monopoliser la scène à droite : l’UDF (tendance libérale non gaulliste) se maintient, comme une épine. Le désastre se vérifie non seulement par la défaite de tous les ministres candidats aux élections régionales, mais aussi par le fait que Chirac n’a pas eu d’autre solution que de renommer comme premier ministre Raffarin, dont la représentante régionale a pourtant été sévèrement battue dans le Poitou. Et par conviction comme par nécessité, c’est la même politique anti-sociale qui a été annoncée, celle qui vient d’être condamnée comme rarement dans l’histoire récente !

La vraie question, comme toujours, est donc celle des perspectives à gauche. Avant de revenir sur les résultats, il faut constater que sur le terrain social et syndical, la situation est quelque peu contradictoire. En effet, on assiste à l’évidence à des luttes très déterminées : les intermittents du spectacle continuent leur mobilisation, les chercheurs scientifiques viennent de gagner leur superbe lutte contre les suppressions de postes, la journée de mobilisation contre le projet de privatiser EDF (Électricité) a été un succès, des actions spectaculaires ont lieu contre les suppressions de postes de professeurs… Mais en même temps, des actions nationales comme la manifestation pour l’Europe sociale, qui a mobilisé des centaines de milliers de personnes en Allemagne ou en Italie, n’a réuni que quelques dizaines de milliers de manifestants en France. De même, les journées d’action dans l’education nationale ne sont pour l’instant que des demi-succès. La combativité existe donc, dans la continuité du formidable mouvement du printemps 2003, mais sans qu’il y ait pour l’heure de perspective de généralisation. La bataille qui s’amorce maintenant pour la défense de la sécurité sociale sera peut être l’occasion d’un mouvement d’ensemble, sur la base de la victoire électorale contre la droite.

En tout cas, on peut vérifier sur le plan syndical la profondeur du processus que nous avons évoqué dans des articles précédents. En effet, le syndicat symbole de la complicité avec le patronat est aujourd’hui en crise : la CFDT voit ses scores en forte baisse lors des élections professionnelles. Sa plus forte baisse est -11 % à la SNCF (trains), mais elle est très forte aussi à EDF, dans les hôpitaux. Des milliers d’adhérents l’ont quittée ces derniers temps, rejoignant soit la CGT (dont le discours est plus combatif que l’action...), soit la FSU ou SUD, particulièrement actifs. Des fidèles de la direction CFDT s’inquiètent ouvertement aujourd’hui d’une situation menaçant non seulement ce syndicat mais aussi le syndicalisme de collaboration de classes. Car de fait, ce qui se manifeste de plus en plus dans ce processus, c’est une exigence de masse de démocratie : or, pour faire passer ses conceptions libérales, le syndicalisme de collaboration de classes ne peut en ce moment qu’utiliser des méthodes autoritaires, aux antipodes de l’organisation des récents mouvements de masse. C’est dire l’enjeu de ce qui se passe dans le mouvement syndical aujourd’hui !

Les résultats de la gauche réformiste

C’est dans ce cadre qu’il convient d’examiner brièvement les résultats des partis de gauche, car évidemment les évolutions syndicales et politiques sont interdépendantes. De plus, ce qui est présenté par des journaux comme Le Monde et Libération comme des faits acquis après ces élections sont en fait des tendances souvent contradictoires, et la situation exige d’éviter tout impressionnisme !

Parti socialiste

Il est à l’évidence le grand vainqueur de ces élections (il préside maintenant presque tous les conseils régionaux), et cela pour plusieurs raisons : le traumatisme du 21 avril 2002 (Jospin arrivé en 3e position, avec seulement 6% d’écart avec la gauche révolutionnaire) est dépassé : il a retrouvé une très large faveur populaire, en rupture apparente avec son image de technocrates libéraux coupés de la population. De plus, il a réussi à imposer dans bien des cas une alliance au parfum de « gauche plurielle » au Parti communiste (PCF) et aux Verts, surfant intelligemment sur le besoin d’unité à gauche pour sanctionner la droite (on le vérifie à cette occasion : les dirigeants socialistes issus de la gauche révolutionnaire sont malheureusement d’excellents tacticiens pour dévoyer la combativité des masses !). Aux élections cantonales, le PS continue à « manger » les élus du PCF, parachevant la bataille pour l’hégémonie du camp réformiste engagée il y a très longtemps par François Mitterrand. Enfin, le PS a bien compris qu’il fallait gérer habilement cette grande victoire, en trouvant l’équilibre entre triomphalisme et inaction. Donc, d’un côté, François Hollande, le secrétaire national, se réjouit de ce qu’il appelle échec de LO et LCR, qualifiés d’immobilistes (!!!) seulement protestataires, et de l’autre, il promet de faire des directions des régions des « laboratoires » pour la gauche (les régions ne disposent que du centième du budget national de l’État !), qui s’opposeront aux projets néfastes de la droite. Et pour prouver le sérieux de la « nouvelle vie » du PS, Hollande explique sans rire qu’il n’est pas question de refaire la « gauche plurielle », mais que dès maintenant, les Verts et le PCF sont invités à participer à un comité de liaison pour préparer le programme du futur gouvernement de 2007, dont les bases seraient bien sûr la philosophie social-libérale du PS : par exemple, pas question d’abolir l’inacceptable loi sur les retraites !

Or, tout cela pose en fait de gros problèmes au PS : d’abord parce que le succès réveille les appétits internes en vue de l’élection présidentielle de 2007 (Hollande ? Lang ? Fabius ?...) et le succès est déjà difficile à gérer (conflits locaux avec le PCF ou les Verts, manœuvres bureaucratiques pour les listes aux élections européennes...). Mais surtout parce que sur le fond, le succès du PS est dû bien sûr à la volonté populaire de battre la droite, et on peut être sûr que la victoire de la gauche en Espagne une semaine plus tôt a renforcé le vote pour le PS et la gauche réformiste... mais dans les faits, rien n’est vraiment changé : jusqu’à la veille des élections, tous les sondages ont montré que les électeurs considèrent qu’il n’y a quasiment pas de différence entre le programme du PS et celui de la droite. Et bien des témoignages le confirment : des jeunes et des travailleurs ont voté « utile » pour ne pas retrouver une situation comme en 2002, mais peu ont des illusions sur le PS. D’ici 2007, le PS pourra t’il faire croire à ces centaines de milliers d’électeurs qu’on peut compter sur lui pour prendre des mesures anticapitalistes !!? On voit ici comment pourraient ici peser les évolutions dans le débat d’orientation syndicale... d’autant que bien sûr le PS n’a pas d’autre stratégie que celle d’une gauche plurielle où sa place serait encore plus hégémonique. En attendant, Hollande dit tout haut sa peur pour les mois à venir : parlant de la droite continuant la même politique, il craint que « cette obstination, même déguisée par les habits de la ruse, ne produise des conflits, des frustrations, des colères » (Libération, 3 avril). La colère des travailleurs à cause de la politique libérale, voilà le véritable problème de ce grand stratège électoral ! Et cela lui est d’autant plus insupportable qu’il affirme que « notre résultat démontre que nous n’avions pas besoin d’un discours « plus à gauche ». Il nous suffisait d’être de gauche. » Tel est le problème du PS : c’est bien parce qu’il a dénoncé la politique de la droite avec un discours de gauche — et il a été obligé d’adopter ce discours, face à la menace d’un succès de LO-LCR ! — que le PS a bénéficié de centaines de milliers de voix qui autrement seraient allées pour le PCF ou LO-LCR ! Et comme il n’a pas l’intention de se détourner du social libéralisme, les 3 années avant l’élection présidentielle risquent de l’obliger soit à mentir trop fort, soit à prouver aux travailleurs et aux jeunes qu’ils ont raison de ne pas voir de différence entre son programme et celui de la droite !

Les Verts

On a tendance à sous-estimer leur poids électoral : or, là où ils se présentaient de manière autonome, les Verts obtiennent des résultats variant entre 5 et 10%. Mais cette existence électorale ne peut masquer la question de fond : celle de l’existence réelle de ce parti. Depuis leur participation au gouvernement Jospin, lors de laquelle aucune mesure écologique n’a été prise, les Verts vont en fait de crise en crise, et le problème s’est vérifié ainsi pour ces élections : alors que la direction qualifiée de gauche poussait à des listes autonomes, cette orientation nationale a été remise en cause dans bien des régions. La raison ? Très simple : le PS faisait le forcing pour des listes « unitaires » et il offrait des places éligibles ! Devant une telle perspective, les grands défenseurs de principes que se veulent les Verts ont donc en majorité rompu avec la décision nationale, tout simplement pour avoir des élus qui n’auront dans la pratique que peu de possibilité d’imposer des mesures écologiques ! Sur le fond, les Verts sont en réalité devenus un groupe de pression utile au Parti Socialiste.

Le PCF

Devant quelques scores obtenus par ses rares listes autonomes, les commentaires soulignent le « réveil » électoral du PCF. Or, ceci est en grande partie contestable : d’abord parce que réveil suppose un seul dormeur : or, il n’y a pas eu de ligne unique pour ces élections, où les fédérations ont pu faire ce qu’elles voulaient, soit des listes autonomes en adoptant un langage souvent gauche (contre la droite et le social libéralisme), soit en s’alliant dès le premier tour avec le PS ! Et dans tous les cas, il y a eu fusion avec le PS pour le deuxième tour... Il n’est donc possible d’observer le « réveil » que dans 8 régions, et si dans 5 d’entre elles , les scores vont de 7 à 11% , dans les 3 autres, les scores sont en dessous de 5%. :Aquitaine : 4,35 % et 4,10 pour LO-LCR ; Franche Comté : 4,7 % pour LO-LCR, 4,2 pour le PC ; Alsace : 3,7% pour le PC, 3% pour LO-LCR. De plus, les listes autonomes sont sans unité : en Picardie (PCF :11%, LO-LCR : 6,6%), le stalinien nostalgique Gremetz a grandement profité des voix des très réactionnaires chasseurs (accord avec eux, qui ne présentaient pas de liste alors qu’ils avaient recueilli 10% dans de précédentes élections dans cette région !). Par contre, en Ile de France, la dirigeante Marie-George Buffet a réussi une campagne à tonalité radicale unitaire, en alliance avec des militant-e-s du mouvement social, et son électorat (7,2% , et 4% pour LO-LCR) provient à l’évidence d’une partie de ceux qui avaient voté LO ou LCR en 2002.

Par ailleurs, ces quelques résultats ne doivent pas cacher qu’aux élections cantonales, le PCF continue à perdre des élus dans ses anciens bastions, et cela au profit du Parti Socialiste : on le constate dans la vieille « ceinture rouge » de Paris (Aubervilliers, Montreuil, Argenteuil...). Cette situation de « communisme municipal » en perdition ne peut qu’accroître les tensions entre les uns et les autres au sein du parti : on peut penser que Robert Hue va pousser à l’alliance avec le PS, pendant que des rénovateurs comme Zarka vont poursuivre leurs efforts pour une gauche radicale ouverte, condamnée par des nostalgiques comme Gremetz ou Bocquet qui se vantent de pouvoir faire disparaître électoralement l’extrême gauche !. En tout cas, dans un premier temps, on a pu constater la réapparition de pratiques staliniennes disparues : affiches LO-LCR arrachées, agression contre une militante révolutionnaire, et même disparition sur des photos de campagne du visage de la colistière de M.G. Buffet, Claire Villiers, co-fondatrice d’Agir contre le Chômage, sans doute trop « gauchiste » pour quelques nostalgiques !

Résultats de la gauche révolutionnaire

Ce qui est surprenant à leur propos, c’est la surprise affichée par beaucoup devant des résultats dont il est dit qu’ils traduiraient un échec ! Pourtant, ici même, nous annoncions de tels résultats autour de 5 à 6% ! Et de tels chiffres qui circulent depuis plusieurs mois, tous les commentateurs politiques français les connaissaient aussi ! Les raisons pour lesquelles il fallait logiquement attendre ce score et non pas les 10 % minimum logiquement espérés sont les suivantes :
— modification de la loi électorale par le gouvernement Jospin puis par la droite, sous prétexte d’isoler le Front National. Résultat : alors qu’en 1998 avec environ 4,5% des voix, LO et la LCR avaient une quarantaine d’élus, en 2004, avec environ 5%, ces organisations n’ont plus un seul élu (ce qui est loin d’être le cas du Front national) ! Vive l’alliance démocratique de la gauche plurielle et dela droite libérale...
— campagne de longue haleine contre la gauche révolutionnaire et radicale : il est clair que les résultats de 2002 ont inquiété la bourgeoisie et ses représentants. Ces derniers mois, on ne compte plus les articles ou les allusions dans les articles à une gauche extrémiste, anti-démocratique quand ce n’est pas tout simplement alliée des fascistes (la direction de la CFDT a réussi l’exploit de voter une résolution appelant à ne pas voter pour le front national et pour... LO-LCR !). L’alliance LO-LCR a été présentée comme anachronique, sans perspective ni proposition !
— Traumatisme du 1er tour de l’élection présidentielle (exploité par une campagne rendant les candidatures de la gauche révolutionnaire responsables de l’élimination de Jospin au bénéfice de Le Pen !) et logique du « vote utile ». Ces 2 éléments sont liés puisque le grand bénéficiaire dans les 2 cas a été le PS, qui a d’ailleurs utilisé ses anciens trotskystes recyclés pour donner des leçons de civisme révolutionnaire ! Cela dit, à lire les témoignages parus dans la presse, le nombre de ceux qui ont voté PS au premier en tour en déclarant leur sympathie pour la LCR et Olivier Besancenot est tout à fait réconfortant ! Par contre, ce qui est sûr, c’est que cette logique du vote utile a provoqué une excellente surprise de ces élections : la participation des abstentionnistes (+3%) qui ont voté PS et ont donc contribué à accroître la différence de la gauche réformiste avec la droite (... mais hélas aussi avec les révolutionnaires !)

Dans de telles circonstances, il était donc très difficile d’espérer beaucoup mieux ! Pourtant, on pourrait ajouter une autre raison, liée au cadre de l’accord entre LO et la LCR, et qui a apparemment pesé, et privant peut être les listes de 1 à 2 % au niveau national et de plus dans telle ou telle région : le fait que pour le deuxième tour, ce soit la position traditionnelle de LO, un peu modifiée par la LCR, qui se soit imposée dans l’accord, a constitué sûrement une erreur politique. En ne donnant pas de consigne de battre la droite et l’extrême droite au deuxième tour, la LCR et LO ont permis une campagne de la gauche réformiste contre elles, sur le thème très simple que les travailleurs et les jeunes, eux, font la différence entre la droite et la gauche, et veulent sanctionner la droite pour essayer de freiner leurs attaques. Au moment où le gouvernement Raffarin s’acharne contre les acquis sociaux, cet argument a fait mouche, et il s’est renforcé là où des listes ouvertes aux militants du mouvement social s’étaient constituées (ces listes ont devancé LO-LCR en Ile de France, en Midi Pyrénées...). De ce point de vue, l’appel public de la minorité de la LCR à voter pour la gauche au deuxième tour, autorisé par les statuts de la LCR, s’inscrit dans une logique classique qui est que pour lutter victorieusement contre les mesures capitalistes, il faut construire l’unité politique la plus large à gauche, et ne pas donner de consigne de vote antidroite au deuxième tour, a été perçu (et exploité !) comme un refus ou une incapacité de prendre ses responsabilités politiques dans un moment où les travailleurs montraient qu’ils voulaient assommer électoralement la droite !

En même temps, il faut souligner plusieurs aspects importants :
— l’importance des voix pour les listes LO-LCR. Plus d’un million de voix dans des conditions difficiles, c’est un potentiel énorme pour les luttes et pour la construction du parti révolutionnaire !
— Les bons scores enregistrés pour les régionales dans certains départements, allant à plus de 6 % et même à 7% en Sarthe (Le Mans, ville industrielle). L’observation des résultats des élections cantonales est intéressante : c’était là soit des listes LO (nombreuses) soit des listes LCR (bien moins nombreuses). On peut observer que la LCR y obtient des résultats dépassant souvent 5 % (plus de 8 % à Clermont-Ferrand, ville des usines Michelin), ce qui vérifie l’enracinement local de la LCR dans bien des régions.
— Enfin, il faut le rappeler : le déroulement de la campagne a été unanimement souligné comme un grand succès : des dizaines de milliers de jeunes et de travailleurs ont participé aux meetings communs, aux réunions de quartiers. Dans une ville comme Tours, une forte mobilisation anti-Sarkozy à l’initiative de la LCR et de différentes associations a débouché sur une manif originale et sur un bon score local. De manière générale, la LCR a enregistré de nombreuses demandes de contacts.

À total, on le voit, la campagne et les résultats ne constituent ne rien l’échec que ceux qui rêvent de voir disparaître la gauche radicale mettent en avant : il faut d’ailleurs s’attendre à la poursuite de la campagne haineuse engagée contre les forces révolutionnaires depuis 2002, et il faut prendre en compte ce facteur idéologique dans notre approche de la réalité politique française !

Cela dit, la situation sociale et politique est tout à fait complexe, et le cadre de l’accord national entre LO et la LCR, qui vaut également pour les élections européennes, pose à l’évidence certains problèmes : ainsi, on peut dès maintenant prévoir qu’un des angles d’attaque contre la LCR pour ces élections sera l’alliance avec une organisation comme LO qui voit d’un œil méprisant les mobilisations altermondialistes. Raison de plus pour la LCR d’être à la pointe des mobilisations anticapitalistes et internationalistes les plus larges, en lien avec tous les militants du mouvement social !

Source

Spartakos, n° 74, mai 2004.

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