Tel est le titre de l’éditorial de Rouge, l’hebdomadaire de la LCR, le 24 juillet, prévoyant de cette manière une nouvelle explosion sociale en automne ! Il faut dire que la droite de Chirac Raffarin, derrière ses airs de Tartuffe, met le paquet : adoption du projet désastreux sur les retraites, volonté de casser les services publics (école, électricité, téléphone…), annonce pendant l’été de milliers de licenciements dans tous les secteurs et toutes les régions sans aucune réaction du « bon monsieur Raffarin » (avec une exception : renationalisation partielle de la société Alsthom : il s’agit en fait de faire payer les pertes par les impôts populaires et non par les pauvres patrons !), allègements fiscaux pour les revenus les plus élevés, et en prime, publication des salaires annuels des grands patrons, qui se chiffrent en centaines de milliers d’euros. Ajoutons quelques coups tordus dans la grande tradition des services secrets français, comme la tentative ratée de libérer une otage des FARC colombiennes dans le dos des autorités colombiennes et brésiliennes, et on comprendra que la seule solution de ce gouvernement pour durer est de renforcer à un rythme inquiétant les mesures répressives, dont le signe le plus connu est l’opération militaire montée pour arrêter dans sa ferme le syndicaliste agricole José Bové, début juillet, et libéré début août suite aux multiples protestations.
C’est donc une situation paradoxale que celle de la France : le gouvernement de la droite dure élue en juin 2002 reste sans véritable opposition politique d’ampleur, alors qu’elle vient de subir une première défaite politique (échec du referendum en Corse), et cela dans un pays qui a connu en une année trois mobilisations exceptionnelles (contre Le Pen, contre la guerre en Irak, contre le plan de cassage des retraites), prolongé par un très dur conflit national en plein été, celui des intermittents du spectacle. Et il faut citer bien sûr les deux faits marquants du mois d’août : d’un côté, l’immense mobilisation contre l’Organisation Mondiale du Commerce, qui a réuni plus de 250 000 personnes sur les plateaux désertiques du Larzac, lieu d’une mémorable mobilisation antimilitariste dans les années 1970 ; de l’autre côté, le terrible bilan de la canicule (à ce jour, autour de 10 000 morts, vieillards et pauvres avant tout), qui met en relief non seulement le vrai visage de cette droite démagogique et en fait incapable de réagir face aux catastrophes sociales, mais aussi l’avenir que nous réserve la société capitaliste, dont la recherche du profit s’oppose chaque jour un peu plus aux intérêts des peuples.
Il nous semble donc nécessaire de faire le point et de revenir sur les leçons des mobilisations des derniers mois.
La mobilisation sur les retraites : une reconstruction du mouvement ouvrier
On ne l’a pas assez souligné : l’une des raisons de la victoire de Chirac, au-delà des écrasantes responsabilités de la gauche réformiste, est celui de l’affaiblissement du mouvement ouvrier depuis une trentaine d’années, avec la quasi disparition de certains secteurs industriels (sidérurgie dans l’Est, grosse réduction des effectifs dans le ‘bastion’ ouvrier qu’était Renault…), un chômage de masse et une précarisation qui concerne aujourd’hui bien des emplois, et ceux des jeunes en particulier. L’incapacité du mouvement syndical français, malgré des luttes de résistance, à s’opposer aux attaques durables du patronat et de ses gouvernements a conduit à une très faible syndicalisation : autour de 10% seulement des salariés sont syndiqués, chiffre d’autant plus faible que s’y ajoute l’éparpillement syndical : au moins trois grosses confédérations (CGT, CFDT, Force Ouvrière), et plusieurs importantes Fédérations indépendantes (FSU, SUD…). Un tel paysage syndical ne peut que favoriser les divisions : c’est ce qui s’est passé pendant le mouvement, le gouvernement s’appuyant sur la direction de la CFDT pour faire passer ses projets de « réforme » des retraites. Dans ces conditions, l’un des chiffres les plus préoccupants des élections de l’an passé était, à côté du score de Le Pen, celui de l’abstention (28,4%, plus 3,4% des suffrages exprimés en votes blancs ou nuls), signe du manque de confiance de très nombreux salariés dans les capacités des organisations du mouvement ouvrier à offrir une politique alternative à celle du capital. Redonner confiance aux travailleurs non seulement dans leurs mobilisations, mais dans un certain nombre de principes anticapitalistes, tel a été un des enjeux de la mobilisation de ce printemps.
Cela passait bien sûr par une bataille contre l’attitude de la gauche réformiste, d’autant que le principe de l’allongement des annuités nécessaires pour obtenir une retraite complète avait été accepté en commun par Chirac et Lionel Jospin alors premier ministre lors d’un sommet européen. Et de fait, le Parti Socialiste, malgré toutes ses déclarations pendant le mouvement, n’a jamais mis en avant le refus du passage de 37,5 annuités à 40 annuités pour les travailleurs de la fonction publique, ni la suppression des mesures Balladur de 1993, qui avaient instauré ce même allongement pour les travailleurs du secteur privé. Mais de manière générale, on peut dire que les directions syndicales, sans même parler de celle de la CFDT, ne se sont pas elles non plus battues pour exiger 37,5 annuités pour tous. Dans une pétition lancée fin juin par la CGT, la FSU et l’UNSA , cette revendication ne figure même pas ! C’est dire que ce point a été l’un des principaux points de clivage au sein du mouvement : la grande masse des salariés en lutte l’ont mis en avant, obligeant les directions à le défendre. De ce point de vue, la bataille préparatoire qui avait eu lieu cet hiver dans le secteur du gaz-électricité (EDF-GDF) a été exemplaire (cf Spartakos numéro 70)
Dans cette situation difficile, où pendant cinq ans, un gouvernement de « gauche plurielle » s’est de fait totalement conformé aux exigences du libéralisme, un enjeu prioritaire sur les plans syndical et politique, et qui avait surgi à une échelle de masse pendant le mouvement phare de l’hiver 1995, a été celui du lien entre intellectuels et mouvement ouvrier, par la réappropriation de masse de la critique sociale argumentée. Ce qui s’est produit autour de Pierre Bourdieu n’est qu’un indice du large développement de cette pratique d’études et de débats, qui se concrétise par exemple par les notes de la Fondation Copernic ou d’autres travaux, auxquels participent régulièrement de nombreux militants syndicaux. Sur la question des retraites, les discussions avaient permis à un large secteur militant de se préparer à répondre à la propagande gouvernementale (qui n’a jamais fait qu’aggraver les arguments des réformistes !) qui a été assénée sur les thèmes : pas d’autre solution que travailler plus longtemps ; les retraites sont en danger ; les travailleurs du public sont privilégiés, etc. Cette propagande, d’autant plus efficace en raison de l’affaiblissement du camp des travailleurs, n’a cependant pas pu jouer son rôle d’assommoir, grâce à la préparation sur cette question (cf les brochures de Copernic, de la FSU, de la LCR….).
Une attention particulière doit être accordée à la place symbolique des questions scolaires, thème traditionnel de fortes mobilisations en France et secteur politiquement sensible en période de crise sociale. Les luttes autour des questions scolaires ont en fait été la clé de la mobilisation. Cela pour un ensemble de raisons évidentes : avec le projet de retraite Raffarin, les enseignants sont touchés de plein fouet : travailler 40 annuités ou plus alors que le métier est devenu épuisant, c’était inacceptable aussi bien pour les « vieux » que pour les jeunes enseignants. Mais en outre, le gouvernement a avancé en automne des projets très graves : supprimer le statut de surveillant, qui permet à des milliers d’étudiants de gagner un salaire en effectuant des heures d’encadrement pédagogique dans les collèges et lycées. La droite veut remplacer ces jeunes disposant de droits par 20 000 « assistants d’éducation », jeunes précaires (ou retraités appauvris)… Autre projet : décentraliser un certain nombre de fonctions éducatives, en faisant passer 120 000 travailleurs de l’Education du statut de fonctionnaires d’Etat à celui de fonctionnaire territorial. Or, comme on l’a constaté dans d’autres secteurs, ce passage a déjà été l’occasion d’ouvrir des services à la concurrence, et donc de casser le service public. En prime, aucune création de poste d’enseignant n’est prévue pour le prochain budget, alors que les besoins sont énormes. Autant de raisons qui ont fait que dès l’automne, les syndicats enseignants ont lancé des journées de grève, peu suivies à ce moment-là car lancées sans perspectives. Mais ce que n’a pas compris la droite, c’est qu’en période de crise, à l’heure où certains quartiers pauvres voient fermer les services municipaux et les commerces, l’école est ressentie par beaucoup comme le « dernier lien social », ce que ne peuvent bien sûr pas comprendre les jeunes bourgeois libéraux des cabinets ministériels. Le résultat, c’est que dans la bataille pour la défense des retraites, il y a eu en même temps une très grosse bataille contre les projets scolaires du gouvernement, et ç’a été une des forces de la mobilisation : non seulement les enseignants ont été le pivot de la mobilisation, mais de très nombreux parents ont manifesté, ont occupé des établissements scolaires. Sur ce terrain, le gouvernement a d’ailleurs été forcé de reculer : le plan décentralisation est retardé, et une partie des fonctions menacées reste fonction publique d’Etat.
Succès (et faiblesses) de la mobilisation
En apparence, Raffarin et son ministre Fillon ont gagné sur la question des retraites, et la droite a marqué des points importants, au regard des acquis sociaux. Il suffit de citer les propos cyniques et provocateurs du dirigeant des patrons français, le baron Ernest-Antoine Seillère de Laborde (Le Monde, 2 juillet) : « La nécessité de réformer les grands systèmes sociaux, le premier d’entre eux étant la retraite, s’est imposée. Le gouvernement a donc avancé, selon sa méthode. Il a cerné les contours de sa réforme au terme d’une période qu’il a voulue longue, ce qui a déclenché des réactions sociales fortes. Il a tenu tranquillement sa position, jusqu’à ce que la réaction s’apaise et que le Parlement donne au projet sa forme législative. Pour la première fois depuis des décennies, la volonté de réforme d’un gouvernement l’emporte sur la somme des réactions négatives, corporatistes, extrémistes, de refus et de blocage. Dans l’histoire économique et sociale de notre pays, c’est une page qui se tourne. Nos idées, lancées avec la refondation sociale en 2000, ont porté. ». Le personnage, connu pour ses positions extrémistes et de refus, derrière les propos méprisants et mensongers (il n’y a eu aucune négociation sur la question des retraites !), montre clairement qu’un risque terrible existe désormais : c’est une véritable question de civilisation qui se pose en France à travers les attaques contre les acquis sociaux. Pourtant, le paradoxe est que sur la question des retraites, le mouvement en lui-même est empreint de réussites, ce qui permet de comprendre que même après le vote de la loi, tous les dirigeants syndicaux expliquent que « la page n’est pas tournée » (FSU).
Première réussite, celle d’une véritable grève générale dans l’éducation. Et cela sur les axes vus plus haut (retraite, école). Certains enseignants ont fait plus de 2 mois de grève reconductible, et de manière générale, le secteur a connu plusieurs semaines où plus de 60 % des enseignants ont fait grève (moins dans les services non enseignants). Le ministre, soi-disant expert, le « philosophe » Luc Ferry, est aujourd’hui tout à fait déconsidéré, malgré la protection de Chirac, qui tient à ses ministres non membres des partis de droite ! Surtout, plus qu’en 1995, les enseignants ont pris conscience en masse de la prolétarisation de leurs conditions (travail, salaires…), et le désir de faire le lien avec les autres salariés a été très fort, sur la base des traditions de luttes enseignantes (importance de l’assemblée générale), et avec un rôle clé, comme en 1995, de leur principal syndicat, la FSU, dans lequel intervient une tendance syndicale révolutionnaire, l’Ecole Emancipée, dont l’action a été décisive pour que la FSU appelle très tôt à la grève reconductible. Fait important, la jeune génération s’est fortement mobilisée, et les cortèges enseignants étaient très dynamiques dans les manifestations. Les enseignants et la FSU ont joué un rôle clé dans les efforts pour étendre la grève à tous les autres secteurs, en participant à l’animation dans bien des villes d’assemblées générales interprofessionnelles. Cette combativité a d’ailleurs été parfois mal ressentie par des bureaucrates CGT locaux, qui ne voyaient pas d’un bon œil des enseignants déterminés venir appeler à l’extension de la lutte dans « leur » entreprise !
Le gouvernement semble fort inquiet de cet état d’esprit : il vient donc d’annoncer, après bien des hésitations, une augmentation du budget (insuffisante) mais la droite française reste incapable de comprendre la force de la colère venue des écoles : parlant de « mal-être » des enseignants, Raffarin prépare un débat national sur l’éducation, Chirac souhaitant « une grande réconciliation nationale » ! Dans son château du Poitou, le seigneur Raffarin reste à des années lumière de la réalité, et son obsession est évidemment d’adapter l’école aux formes de marchandisation que son complice Berlusconi a imposées sous la forme des « 3 i » --- inglese, internet, imprese, c’est-à-dire anglais, internet, entreprise… Dans tous les cas, la réponse à cette opération poudre aux yeux sera très vite discutée dès la rentrée des classes : des assemblées générales sont prévues dans tous les établissements scolaires dès le 1er jour, et des préavis de grève ont été déposés !
Autre point de réussite : dans quelques régions, on a connu un début de grève générale. Malgré bien des difficultés, quelques régions ont amorcé des mouvements associant secteur public et privé (autour de grosses entreprises ou d’entreprises en luttes sur d’autres questions que les retraites) : la région de Marseille a été en pointe, mais aussi le sud ouest, Clermont Ferrand, la Normandie (le 26 juin, en fin de mouvement, la ville du Havre voyait manifester 20 000 personnes !), la Réunion (colonie devenue département, déclarée en situation quasi insurrectionnelle !). De manière générale, on peut faire trois remarques :
# contrairement à ce qui a été dit (ni le gouvernement ni apparemment certains bureaucrates ne tenaient à montrer cette réalité !), la participation au mouvement n’a pas été avant tout celle du public : les estimations donnent 60% pour le public, 40% pour le privé.
# Alors que cette tactique était conçue par les directions syndicales comme un moyen d’éviter la grève générale, les appels à des journées d’action séparées d’une semaine ont jusqu’à un certain point renforcé la mobilisation : alors que le 6 mai, la presse voyait un mouvement affaibli, le 13 mai a vu 2 millions de manifestants, une grève d’une rare puissance, et le 25 mai (un dimanche…) a été un ras de marée de manifestants. En juin, les manifs ont continué, et on peut dire que jusqu’à la mi-juin, la grève générale pouvait encore s’imposer. Et donc, paradoxalement, les directions syndicales ne feront pas les frais de ce qui était pourtant une volonté de casser le mouvement !
# Dans de nombreuses régions, des coordinations interprofessionnelles ont commencé à se mettre en place, pour assurer un contrôle unitaire des luttes par les travailleurs. Avec la fin provisoire du mouvement, il semble que de nombreuses structures restent en place comme outil de mobilisation pour l’automne.
Facteur de force du mouvement, en lien avec ce qui a été dit sur le développement d’instruments de critique sociale : pendant toute la mobilisation, face à la propagande du gouvernement (des millions d’euros ainsi gaspillés !) et au crétinisme réformiste, la mobilisation s’est faite constamment sur la base d’explications et de discussions sur des questions économiques et politiques centrales. On citera l’influence des textes de René Passet, expliquant qu’on peut et doit taxer les revenus élevés et accroître la part des salaires dans le produit national pour résoudre les problèmes de financement des retraites, qu’il n’y a pas de risque de fuite de capitaux vers l’étranger, ou tel autre célèbre texte (« 37,5 torchons ou bien 40 serviettes ? ») montrant que les vraies inégalités ne sont pas entre le secteur public et le privé, mais à l’intérieur du privé…. Globalement, tous ces textes insistaient sur la rupture de civilisation qu’entrainerait l’imposition de la réforme, et la nécessité de faire payer le patronat : en cours de mouvement, les manifestations ont pris pour cible les locaux de l’organisation patronale du baron Seillère, le MEDEF, ce qui a entraîné d’ailleurs l’arrestation de militants syndicaux… Face à l’imposante campagne de presse et de l’audio visuel, des réseaux comme Acrimed ont diffusé des analyses critiques de l’information qui ont largement circulé.
Point fondamental (cf plus haut), la mobilisation a été l’occasion d’une reprise de confiance dans l’action syndicale. Conséquence paradoxale puisqu’aucune direction syndicale ne souhaitait combattre de front la réforme des retraites et que la tactique a plutôt été celle de l’épuisement. Ainsi, le 19 juin, alors que les choses étaient désormais jouées, le dirigeant de la CGT, Bernard Thibault, déclarait : « C’est un mouvement dans la durée que nous continuons par de multiples initiatives. La grande consultation nationale prend forme. Ce projet de loi est rejeté par une majorité et, dans les jours à venir, nous allons en faire la démonstration. » Une telle déclaration, alors que le mouvement retombait, aurait dû discréditer Thibault ! Or, hormis les militants radicaux, personne ne lui en tient rigueur. Au contraire : le 21 juin, un sondage indique que 56 % des Français jugent favorablement les grèves et manifestations qui ont lieu à ce moment, et l’opinion reste favorable aux solutions syndicales plutôt qu’à celles du gouvernement ! A cela, peut être deux explications : d’abord, la suite des déclarations de Thibault : « Que personne ne pense qu’une fois un texte adopté, il est inscrit dans le marbre. Il ne faut pas sous-estimer la capacité du mouvement social à remettre les sujets à l’ordre du jour, même si ce n’est pas le calendrier décidé par le gouvernement. » Ensuite, une raison qui explique cette fin de déclaration combative : il y a longtemps que les syndicats n’avaient pas agi dans une telle unité… et cela sous la contrainte des travailleurs qui ont véritablement imposé cette unité, sous peine de désertion ! Ainsi, la direction de la CFDT, ouvertement du côté du patronat, paie très cher sa trahison d’avoir approuvé le projet Raffarin : des structures entières quittent la CFDT ou se posent la question de la quitter (ainsi, la Fédération des Transports et de l’Equipement, autour de 56.000 adhérents…). Et pour la première fois depuis longtemps se pose peut-être la question de l’unification syndicale, facteur clé pour les luttes à venir. La structure qui avait été proposée il y a quelques années par la seule Ecole Emancipée, des comités de liaison unitaire des syndicats, se pose concrètement aujourd’hui : il n’y a aucune raison pour les syndicats de lutte qui veulent quitter la CFDT de rejoindre la FSU plus que la CGT ou SUD. Là encore, le syndicalisme enseignant peut jouer un rôle clé : la FSU est l’héritière du syndicalisme « autonome » qui avait refusé, lors de la scission syndicale de 1947, de choisir entre la CGT alors stalinienne et Force Ouvrière anticommuniste forcenée. Le mandat de la fédération enseignante alors formée était clair : travailler à la réunification syndicale sur des bases de classe. Plus de 50 ans plus tard, le moment est peut-être venu : le courant Ecole Emancipée, qui est une tendance syndicale révolutionnaire, mais pas l’émanation d’un parti (à la différence des fractions syndicales en Grèce) fait des propositions en ce sens, dans un contexte bien plus favorable.
Dernier facteur de réussite : comme on l’a indiqué, la combativité se maintient, et la droite la plus réactionnaire qui soit (Le Monde écrivait récemment que Chirac a désormais abandonné tout discours sur le rôle de l’État contre la fracture sociale !) est désormais en recul. Un tel conflit, se terminant sur une défaite puisque le projet est adopté, accompagné de pertes salariales terribles pour des dizaines de milliers de grévistes, aurait dû se terminer dans le désespoir et la division. Certes, il existe des sentiments de trahison, d’amertume, mais globalement, la combativité se maintient : les formes du mouvement n’y sont pas étrangères, et la fin de la grève a souvent été votée avec une exigence de poursuivre la mobilisation dans l’unité, notamment en perspective des prochaines attaques contre la sécurité sociale ! De son côté, la droite, qui a pourtant tous les leviers du pouvoir, se trouve désormais en situation difficile. Une preuve en est son échec sur le referendum pour une plus grande autonomie en Corse, pour lequel Chirac et Raffarin ont dépensé beaucoup d’efforts pour faire gagner le oui, aux côtés de nationalistes avides de pouvoir local. C’est le non qui a gagné, et comme le disait le Parti Communiste, il s’agissait surtout de montrer au gouvernement que la population refuse sa politique générale. C’est chose faite. Ainsi, une des conséquences de ce qui a été le plus grand mouvement social après mai 1968 et décembre 1995 sera peut-être de poser prochainement la question de virer ce gouvernement qui constitue un danger monstrueux pour les acquis sociaux et civilisationnels.
Les limites du mouvement
La principale limite, c’est évidemment l’échec d’une véritable grève générale, qui était le seul moyen pour contraindre un tel gouvernement à reculer. Or, beaucoup le disent : cette grève était possible, surtout après le succès de la journée d’action du 13 mai. Pourquoi n’a t’elle pas réussi ? Relevons plusieurs facteurs :
— ien sûr, on l’a dit, le rôle des directions syndicales, et on pourrait distinguer des raisons propres à chaque syndicat. Ce qui est sûr, c’est que la direction de la CGT a envoyé le 14 mai ses bureaucrates arrêter la grève qui se prolongeait chez les cheminots et les travailleurs du métro, à la suite de la fantastique mobilisation du 13 mai. Globalement, la responsabilité principale du frein au mouvement incombe bien, vu sa force, à la CGT dont le récent congrès a prouvé le malaise : quelle orientation prendre pour ce syndicat si longtemps simple courroie de transmission du Parti Communiste et aujourd’hui « orphelin », alors que les travailleurs exigent d’elle qu’elle lance la mobilisation contre le désordre du libéralisme…
— le manque de préparation de bien des équipes syndicales pour une telle mobilisation : le fatalisme selon lequel après la défaite électorale de 2002, il faudrait bien du temps pour se remettre avait été intégré, et des équipes tout à fait conscientes de la gravité des projets de Raffarin n’ont pas cru aux possibilités d’une mobilisation de masse.
— de nombreux militants dans toutes les régions ont insisté sur les difficultés objectives des travailleurs du privé à se lancer dans de longues mobilisations « sans garanties »
— au niveau politique, seule la LCR a appuyé très tôt la nécessité de la grève générale. Les partis réformistes étaient évidemment contre, ainsi que Lutte Ouvrière, comme cela a été débattu par les deux organisations lors de la fête annuelle de LO. Même si le mot d’ordre a souvent été majoritaire dans les manifestations, le manque de relais politique a donc pesé contre l’adoption de cette forme de lutte.
Le mouvement a connu de très nombreuses Assemblées Générales (AG), mais n’a pas réussi à développer une autoorganisation de la base au sommet au niveau national. De plus (à moins que ce ne soit une raison à cela), il y a eu, sauf dans quelques régions, des problèmes de représentativité : c’est l’un des débats entre LO et la LCR, la LCR souhaitant que les participants aux AG régionales et nationales soient des délégués mandatés, LO souhaitant que tout le monde puisse venir participer aux AG, mandaté ou à titre individuel. Sur le fond, cela renvoie aux différences dans la conception du travail de masse : la LCR veut doter le mouvement d’outils démocratiques pour le rendre plus efficace et gagner — d’autant que les syndicats sont aujourd’hui plus ouverts aux formes d’autoorganisation —, LO utilisant le mouvement pour essayer de se renforcer en dénichant les « profils révolutionnaires » !
Autre limite : alors que la jeunesse scolarisée avait été en pointe dans les mobilisations contre Le Pen et contre la guerre en Irak, elle a été ici quasiment absente. Le lien n’a pas été fait par les jeunes sur cette question, alors qu’il s’agit d’une question d’avenir (mais certes lointaine !) et qui s’inscrit parfaitement dans la lutte contre la mondialisation libérale. Or, la jeunesse scolarisée se mobilise assez fort contre la mondialisation libérale, même si cela est moins fort en France qu’en Grèce : il y a donc eu ici une faiblesse, ce qui prouve que les commissions jeunes des syndicats ont encore bien du travail en perspective pour gagner de futurs militants…
Enfin, bien sûr, l’absence d’une alternative politique crédible (100%) à gauche a pesé sur le mouvement, contrairement à ce qu’expliquent des journalistes, voulant montrer que les jeunes travailleurs, méfiants envers les organisations, se sont mobilisés parce que ce n’était pas « politique » ! D’une part, cela va totalement à l’encontre de la confiance en hausse constatée pour les syndicats, dont le rapport à la politique est connu. D’autre part, l’implication du gouvernement dans la question des retraites en a fait un sujet immédiatement politique. Et par ailleurs, on sait d’expérience que le fait de se lancer dans une grève générale est facilité par le fait que la crise institutionnelle possible débouchera sur une solution gouvernementale : or, de ce point de vue, c’est le degré zéro pour la gauche réformiste, et le risque pouvait être pour certains que la droite se renforce d’un succès contre les travailleurs, ce qui n’est pas le cas, comme on l’a dit, mais reste possible, comme le suggère le baron Seillère. Toutes ces conditions ont pesé contre un engagement plus massif des travailleurs dans l’épreuve de force avec le gouvernement Chirac-Raffarin.
Le mouvement des intermittents : une crise de société exceptionnelle
La preuve de la combativité maintenue peut se vérifier dans le conflit qui s’est engagé fin juin entre les artistes et le gouvernement, à propos de la situation faite aux « intermittents du spectacle », c’est à dire tous les travailleurs du spectacle, artistes, techniciens, qui entre deux spectacles, deux productions, se retrouvent au chômage. Jusqu’ici, un accord leur permettait de subsister à peu près grâce aux allocations chômage, même si le système n’était pas satisfaisant, de nombreux employeurs (surtout dans l’audio visuel) abusant du « statut » de précaire au lieu d’attribuer des contrats à durée illimitée. Or, l’employeur concerné ici est à nouveau le MEDEF du baron Seillère, qui trouve que donner tant d’allocations chômage, c’est rogner sur ses profits ! Aussi, au lieu d’aller vers une amélioration du statut de ces milliers d’intermittents, le MEDEF a signé … avec la CFDT, totalement minoritaire dans ce secteur, un accord qui reviendrait, s’il était appliqué, à faire sortir des milliers de travailleurs du droit au chômage : la CGT, majoritaire chez les travailleurs du spectacle, estime que c’est le tiers de la profession qui serait alors directement menacé de ne plus pouvoir vivre de son métier. Belle illustration des discours de Chirac sur « l’exception culturelle française » : en réalité, là aussi, c’est la soumission à la marchandisation de la culture, avec la priorité aux super productions télévisées du genre « reality show ».
Devant l’intransigeance du patronat et les déclarations d’impuissance du ministre de la culture, les travailleurs se sont donc mobilisés, en montant d’un cran, par rapport au mouvement sur les retraites, auquel beaucoup d’entre eux ont participé : ils ont appelé immédiatement à la grève reconductible, avec constitution de nombreux organes d’autoorganisation. Ils ont en même temps posé la question cruciale de la politique culturelle : le dispositif existant a en effet permis depuis plus de 50 ans (les premiers accords datent du Front Populaire de 1936) une présence de l’action culturelle sur tout le territoire français, et l’application de l’accord patronal mettrait fin à cette situation, qui permet à toutes les municipalités, même petites, de s’engager dans des opérations culturelles généralement sources d’activités économiques diverses, surtout en période estivale, où la vie culturelle intense attire de nombreux touristes de France ou de l’étranger.
Pour défendre ce droit à la culture pour tous, les travailleurs du spectacle ont donc engagé un mouvement véritablement dramatique, puisque faire la grève des spectacles, c’est se priver de la possibilité d’être reconnu pour son talent et sa créativité. D’immenses manifestations émouvantes ont eu lieu, des débats agités également, des conflits avec une partie de la CGT spectacle, méfiante devant l’autoorganisation, ont éclaté ici ou là. Mais le résultat, c’est l’annulation, historique, de festivals aussi prestigieux que ceux d’Avignon ou Aix en Provence, des conflits symboliquement politiques comme dans la région de la baronne Chirac, qui a pu imposer grâce à la police « son » concert du chanteur Johnny Halliday, l’un des seuls artistes pro-Chirac, mais a dû annuler toute la suite du festival prévu… A ce jour, la mobilisation continue : des centaines d’artistes connus exigent du gouvernement qu’il ne reconnaisse pas l’accord signé par le MEDEF et la CFDT. Sur le fond, cette mobilisation renvoie elle aussi à une question d’acquis de civilisation, comme le soulignait dans le Monde du 17 juillet un producteur de télévision, Jacques Mouriquand, intermittent lui aussi : « Quel désastre ce serait si ces milliers de points d’animation du pays mettaient un terme à leurs activités ! Quelle cohérence y aurait-il à parler d’aménagement du territoire si c’était pour rendre impossibles ces moments de rencontres et de découvertes qui ont changé le visage de la province française ? ».
Et déjà d’autres mobilisations ont eu lieu en août : le rassemblement de plus de 250.000 paysans, militants altermondialistes, enseignants, syndicalistes, jeunes, dans la région de José Bové, le plateau du Larzac, est un événement politique considérable : comme le disait la Confédération paysanne, ce rassemblement « ne fait pas la liaison entre les mouvements sociaux du printemps et de l’automne, il en fait partie intégrante » ! Et cet événement inquiète énormément les différents secteurs de la bourgeoisie, car il montre clairement la force massive qui est en train de se constituer sur la base de mobilisations déterminées, dans ce pays où le ministre le plus important est celui de la police, le très bourgeois Nicolas Sarkozy, qui veut faire gagner la droite sur le terrain des idées de Le Pen…
Une question de fond : construire une véritable alternative de gauche
Aussi réduit soit-il, et en tenant compte des projecteurs médiatiques, le rôle de la LCR est évident : nos camarades sont totalement engagés dans ces mobilisations, et le « contrecoup social » des élections du 21 avril reflètent bien un « effet Besancenot », mais il va de soi que les militants à l’origine des mobilisation dépassent très très largement les contours de la section française de la 4ème Internationale, et heureusement ! Mais que ce soit les contacts pris lors de la mobilisation sur les retraites, que ce soit le président des commerçants d’Avignon maudissant dans le Monde les militants paysans travailleurs amis de José Bové et les amis de Besancenot ou ce dirigeant de la CFDT voulant expliquer la crise de la CFDT par l’action de militants de la LCR (passant sous silence le fait que même les secteurs qui ont approuvé la direction du syndicat dans son orientation balladurienne, puis juppéiste, puis jospinienne, puis raffarinoise, se trouvent aujourd’hui en colère contre leur chef Chérèque !), les éléments pourraient être trouvés pour la révélation d’un « complot trotskyste », analyse coutumière de l’extrême droite jusqu’à certains secteurs de la gauche réformiste (le Nouvel Observateur…) ! La réalité est plus simple : si le lien est si profond entre l’activité de la LCR et les mobilisations, c’est à la fois par clarification du paysage politique à gauche et par le caractère traditionnellement ouvert de la LCR, qui se traduit aujourd’hui par un grossissement important de l’organisation. Cela une fois dit, il faut exclure tout triomphalisme : d’une part parce que le rejet de l’organisation politique reste un fait majeur dans ce pays, d’autre part parce que cette situation confère plus que jamais à la LCR des responsabilités qui impliquent en même temps modestie et audace ! Sur le fond en effet, la situation n’a pas changé d’un iota : la LCR n’est pas le noyau du futur parti révolutionnaire, qui se développera par regroupements de différentes organisations et parties d’organisations. Mais justement, la période se prête en partie à de telles ouvertures, sur la base de la crise d’impuissance de la gauche réformiste, et il n’est évidemment pas facile de trouver la juste réponse aux deux principales propositions faites récemment à la LCR, et qui pourraient éventuellement permettre de passer à une étape supérieure dans la formation d’un regroupement de gauche.
Il y a d’un côté les deux lettres que LO vient d’envoyer à la LCR, après une longue « bouderie révolutionnaire ». Disons-le tout net : ces lettres, qui ont pour objet de proposer les conditions de candidatures communes aux élections régionales et européennes de 2004, traduisent par leur style la régression politique de LO, enfermée dans sa tour d’ivoire, et dans sa conviction qu’appeler à voter contre Le Pen en mai 2002 est une trahison de classe, alors que le danger que représentait un Le Pen à 30% ou plus était évident pour tous les militants antifascistes qui ont diffusé des tracts entre les deux tours des élections présidentielles et se sont vus menacer par des électeurs de Le Pen qui se sentaient forts... Des phrases comme « Vous vous êtes, sous ce prétexte, placés dans le courant de la majorité chiraquienne » ne sont pas seulement idiotes : elles traduisent l’absence de LO de l’immense mobilisation populaire anti-fasciste qui fin avril début mai 2002. s’est déroulée avec la claire conscience qu’il valait mieux dans ces conditions faire passer « le voleur » (Chirac, sur qui pèse de nombreux soupçons de fraude financière), plutôt que renforcer le tortionnaire (Le Pen, pendant la guerre d’Algérie). Cette mobilisation, ainsi que celles contre la guerre en Irak et celle sur les retraites suffisent à montrer que LO n’a pas vraiment saisi ce qui se passe auprès des jeunes et des travailleurs. Cela dit, et même si nous pourrions commenter pendant des heures le mépris de LO pour la lutte anti mondialisation libérale (« nous ne ferons pas l’apologie des idées des maîtres à penser réformistes de l’altermondialisation », proclame LO dans sa seconde lettre), cette organisation est la seule que la LCR rencontre sur des positions assez proches dans la plupart des luttes, et c’est déterminant.
D’un autre côté, la LCR a été conviée à participer aux rencontres Ramallaud, du nom du café parisien où a eu lieu la première réunion, le 10 juin, qui regroupait un certain nombre de responsables politiques et de militants du mouvement social : refondateurs communistes, courant majoritaire des Verts, « pour une nouvelle gauche » (courant du PS), militants connus de SUD, d’Attac, de Copernic ou d’autres syndicats ou associations venus à titre individuel. Un responsable de la LCR était présent avec mandat d’observateur. Le projet de ce regroupement est double : d’un côté, la préoccupation partagée de construire un débouché politique clairement à gauche pour les luttes, et l’analyse du divorce entre gauche sociale et gauche politique semble riche. Mais aussi, de la part de certains (et la presse a déjà mis l’accent sur cet aspect), des préoccupations électorales qui viseraient à refaire une gauche plurielle un peu moins droitière ! Et les échéances très rapides (adoption d’un texte avec publication de signatures) semble prouver que c’est l’orientation électorale qui prime, alors que construire un débouché politique aux luttes suppose débat de masse, à l’échelle nationale, comme la LCR ou le PCF l’ont entrepris avec l’organisation de forums, dont la pratique montre la difficulté (certains succès dans telle ou telle ville), en raison d’une méfiance maintenue pour l’organisation politique. Il paraît donc évident qu’il ne faut pas brûler les étapes. Dans ces conditions, la direction de la LCR a décidé de ne pas donner suite à ces réunions, tout en acceptant de participer à des débats publics que cette structure organiserait à l’avenir. Un débat existe dans la LCR (cf Rouge du 17 juin), des camarades estimant que la décision de la LCR risque d’être présentée comme un réflexe sectaire, alors qu’il serait possible de participer avec un statut d’observateur à une initiative qui , sur le fond, correspond aux préoccupations de la LCR. Quoi qu’il en soit, les discussions autour de cette initiative montrent à la fois l’émergence de débats de fond dans la gauche française et la difficulté à formuler une claire réponse organisationnelle. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que la bourgeoisie française et ses défenseurs expriment ces dernières semaines une belle unanimité dans son inquiétude devant l’audience accrue de la gauche radicale, et cela avec des attitudes variables : évidemment, le porte-parole du gouvernement affaibli de Raffarin est dans son rôle quand il évoque tous les extrémistes (le but étant de confondre Olivier Besancenot avec Ben Laden !…), mais on voit s’agiter fortement aussi la direction du Parti Socialiste : alors que le secrétaire général François Hollande oppose la responsabilité de la gauche (lui !) aux gauchistes qui n’ont pas (encore, précise-t’il ) le courage de prendre des responsabilités gouvernementales, un autre dirigeant, le sénateur Henri Weber, par ailleurs ancien fondateur de la LCR (on ne peut que recommander ses textes de l’époque, excellents !) : « Rompre avec le capitalisme, mais pour le remplacer par quoi, si on récuse la solution social-démocrate de l’économie de marché ? La grande faiblesse de la gauche de la gauche, c’est son indigence théorique et programmatique » (Le Monde, 22 août). En vérité, le drame pour Weber, c’est que de plus en plus de jeunes et de travailleurs ont du mal à discerner en quoi la social-démocratie apporte la moindre solution, et le Parti socialiste a comme problème principal aujourd’hui d’essayer de prendre des accents de gauche radicale tout en dénonçant celle-ci. Exercice partagé dans une certaine mesure par le Parti Communiste, mais aussi, ce qui est plus grave, par le nouveau président d’Attac, Jacques Nikonoff, qui vient de confondre son appartenance au PCF et son poste de responsable associatif en dénonçant (avec amalgames, mais surtout sans aucun mandat pour s’exprimer ainsi) le gauchisme qui menacerait Attac. Et cela au risque de faire éclater cette association, dont le rôle est déterminant dans les débats actuels de la gauche. La mise sur pieds d’une telle campagne, cela pourrait réjouir, car c’est signe que le système réactionnaire se sent fort menacé. Mais cela risque surtout de rendre encore plus difficiles les conditions de l’unité dans les luttes…
Toutes ces questions seront l’objet du congrès de la LCR, qui devait avoir lieu en juin, mais a été repoussé à l’automne, la mobilisation sociale étant évidemment la priorité en mai-juin ! Question à fort suspens pour la rentrée de septembre : le congrès aura-t’il lieu si les luttes reprennent avec l’automne brûlant annoncé par José Bové lors du rassemblement du Larzac ?!…
Christos Ionas – août 2003