[...] Dès le départ, notre position a été de chercher un changement fondamental sur le plan politique et constitutionnel. Cela signifiait un maximum de changement dans la législation constitutionnelle britannique et pas de changement de la Constitution irlandaise [1] qui diluerait la définition de la nation, des droits des citoyens irlandais ou de la réunification du pays. Nous connaissions les paramètres définis par les deux gouvernements [britannique et irlandais] et nous savions que l’unité irlandaise ne sortirait pas de cette phase des négociations, mais nous nous fixions comme tâche l’affaiblissement du lien britannique, tout en défendant en même temps le droit des hommes et des femmes irlandais. Et c’est dans ce contexte que nous devons honnêtement mesures les gains et les pertes. [...].
Nous avons lutté et obtenu l’annulation du Government Irland Act, qui sous-tend l’Union [entre le Royaume Uni et l’Irlande du Nord], et insisté pour que d’autres lois significatives, notamment l’Act of Union [la Loi sur l’Union] et la Loi sur la Constitution de l’Irlande du Nord [N.I. Constitution Act de 1973] soient également changés, annulés ou rendus inopérants par toute nouvelle loi.
Comme il fut impossible d’obtenir du gouvernement une déclaration claire, car le gouvernement britannique ménage les unionistes, l’Accord stipule que la nouvelle loi « sera effective malgré la législation antérieure ». L’Union a indubitablement été affaiblie à la suite de l’inclusion d’une clause qui limite la vie de l’Union à la volonté d’une majorité de l’État du nord. C’est un peu comme un partenaire dans une relation qui déclare celle-ci est terminée mais que il ou elle est prêt(e) d’attendre que les enfants auront grandi. Il n’y a la dedans aucun engagement, aucun train de mesures parlementaires pour soutenir un droit absolu, uniquement un accord de rester [unis] tant qu’une majorité en n’en décide pas autrement.
Le revers de cela c’est bien sûr l’inclusion [proposée] dans la constitution irlandaise du “consent clause” [2], et la définition de la nation en termes de peuple plutôt que de son territoire. Néanmoins, une note plus positive, c’est qu’à travers l’amendement à l’article 29, apparaît une « expression constitutionnelle pour établir des instances Nord-Sud qui possèdent une portée pour l’ensemble de l’Irlande ».
Ainsi, l’Union est affaiblie, mais la partition demeure. On pourra peut être affaiblir la partition par une opération dynamique des structures pan-irlandaises, ce que les Unionistes ont combattu bec et ongles. [...] Notre intention fut de lever le veto unioniste de toutes les institutions. [...] Le résultat c’est que les Unionistes ont nettement moins de moyens pour des actes arbitraires. Des garde-fou ont été créés et les Unionistes ne seront plus à mêmes d’exercer un veto sur la constitution d’organes Nord-Sud. [...]
Les pourparlers sont devenus un nouveau terrain de combat où les Unionistes ont cherché à bloquer tout changement en ce qui concerne les droits fondamentaux, alors que Sinn Féin cherchait un maximum de changement, et que certains partis [3] étaient seulement intéressés à établir de nouvelles institutions et ne s’intéressaient pas à des préoccupations plus vastes qui affectent la vie quotidienne du peuple. Ainsi, jusqu’au bout, le Sinn Féin a lutté en faveur de la libération des prisonniers, pour un nouveau service de police, pour une transformation du système judiciaire, et pour tout l’agenda concernant l’égalités et les droits, notamment l’égalité [entre les communautés] devant l’emploi, la langue irlandaise, et le point des symboles et emblèmes. [...] Nous sommes déterminés de faire relâcher jusqu’au dernier prisonnier politique, et cela le plus vite possible.
Nous avons aussi soutenu la Coalition des Femmes qui voulaient rajouter dix sièges supplémentaires dans une Assemblée. Nous l’avons fait non pas parce que cela nous était profitable, mais en reconnaissance du rôle positif qu’elles avaient joués et afin de promouvoir les droits de partis plus petits dans toutes les nouvelles institutions.
[...] Tout cela ne veut pas dire que ce document est acceptable pour régler le problème. Il ne va pas aussi loin que le voudraient la plupart des nationalistes et les républicains. Mais c’est une base pour avancer. [...] Il reste à voir si la logique du comité conjoint pour les nouvelles Commissions Nord-Sud sur les droits humains pourrait atteindre sa pleine potentialité ; si l’égalité entre les deux communautés sera mise au coeur au processus décisionnel par la création d’une commission de l’Égalité dans toute nouvelle Assemblée ; si la communauté irlandophone sera encouragée et aidée dans chaque aspect de la vie quotidienne Le plus important étant que la révision fondamentale de la politique policière mette fin à la violence du bras armé de l’Unionisme qui est né avec la création de l’État du Nord. [...]