Chers amis,
Nous portons à votre connaissance les faits très graves qui suivent :
- Une délégation du collectif d’associations regroupées sous le sigle Résistance Palestine, qui appelle à manifester samedi 9 juillet à Paris contre la venue annoncée d’Ariel Sharon, a été reçue vendredi matin 8 juillet à la Préfecture de Police de Paris, pour signer l’habituel Dépôt de Déclaration de Manifestation, exigé par la législation.
Notre collectif avait effectué une déclaration écrite de manifestation dès le vendredi 24 juin, et le mercredi 29 juin, la préfecture nous confirmait son accord pour le parcours proposé, à savoir de la Place du Châtelet à la Place de l’Opéra.
En nous recevant vendredi matin 8 juillet (Pierre-Yves Salingue du Comité Nanterre Palestine et Nicolas Shahshahani de CAPJPO- EuroPalestine), le chef d’Etat Major, Inspecteur général Jean-François Demarais, nous a fait part de son « embarras » face à l’existence de deux déclarations distinctes pour une même manifestation.
Après nous avoir affirmé : « bien entendu vous connaissez les raisons pour lesquelles les autres ont voulu faire une déclaration séparée » et après quelques considérations générales sur « la nécessité d’être vigilants à l’égard de propos douteux qui pourraient être tenus » il a précisé son propos : la police sera samedi « extrêmement attentive » au contenu des banderoles et mots d’ordre de notre cortège, au regard de slogans... « antisémites » !
Devant notre étonnement, et nos protestations face à un tel procès d’intention (qui vaut tentative d’intimidation pour ne pas dire menaces, quand votre interlocuteur représente directement la force publique), M. Demarais nous a affirmé sans détours que M. Christian Picquet — de la direction de la Ligue Communiste Révolutionnaire, ayant également fait une déclaration de manifestation pour le compte de diverses organisations pour samedi 9 juillet, sur le même parcours et le même thème — lui avait clairement dit que notre cortège était de nature à favoriser l’expression de propos ou pancartes antisémites. En clair, si d’aventure la manifestation de samedi devait être émaillée d’incidents, c’est à vous que ceux-ci seraient imputés, nous a signifié le responsable policier.
Si les propos attribués par M. Demarais à Christian Picquet sont exacts, cela signifierait que des militants et citoyens ayant appelé à protester contre l’invitation faite par Jacques Chirac au criminel de guerre Sharon ont été désignés, par Christian Picquet, en tant que cibles potentielles de la répression de la police de M. Sarkozy.
Un tel comportement, en direction d’un représentant de la Préfecture de Police de Paris, une institution qui a pourtant écrit, au XXe siècle, quelques unes des pages les plus noires de l’histoire de la ville, qu’il s’agisse de la livraison aux bourreaux nazis de tant de milliers de Juifs entre 1941 et 1944, ou du massacre de centaines d’Algériens en octobre 1961, serait totalement inacceptable.
Nous l’avons dit en séance à M. Demarais, et nous le redisons ici à toutes les associations et organisations se déclarant soucieuses de promouvoir, en France, la solidarité avec le peuple palestinien : nous ne cédons pas plus aux accusations mensongères d’antisémitisme qu’à l’antisémitisme lui-même.
Nous avons de ce point de vue informé M. Demarais que nous n’hésiterons pas à nous adresser aux tribunaux pour demander réparation de comportements diffamatoires, comme nous l’avons déjà fait, en faisant condamner récemment les auteurs de calomnies.
Dès lors de deux choses l’une : soit cette version des faits est démentie publiquement par Christian Picquet soit chacun en tirera les conséquences et en assumera les responsabilités.
Pour la délégation, Pierre-Yves Salingue, Nicolas Shahshahani.
[ Ce texte a été adressé vendredi après-midi au Bureau Politique de la LCR, assorti d’une demande de réaction, restée sans réponse. ]