Mise au point de Christian Picquet et Bernard Ravenel (suivi d’une lettre de Jack Fath)

, par FATH Jacques, PICQUET Christian, RAVENEL Bernard

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Réponse de Christian Picquet et Bernard Ravenel

Dans un libelle intitulé « Un comportement honteux » et diffusé largement sur Internet, Nicolas Shahshahani et Pierre-Yves Salingue prétendent avoir appris, de la bouche du sous-directeur de la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris, Monsieur Demarais, qu’ils avaient « été désignés, par Christian Picquet, en tant que cibles potentielles de la répression de la police de M. Sarkozy ».

L’assertion, fondée sur des propos prètés à un responsable policier que nul n’est en état de vérifier, ne mériterait même pas que l’on prenne le temps de s’y arréter si elle ne visait manifestement à générer le trouble parmi les destinataires du courrier.

D’où la nécessité de cette mise au point.

Nous nous sommes tous deux rendus, le mercredi 9 juillet, à la préfecture de police de Paris pour y signer la déclaration légale de la manifestation du 9 juillet, contre l’invitation d’Ariel Sharon en France, contre le mur d’annexion, contre l’occupation des territoires palestiniens. Cette manifestation avait été déclarée, au nom de nombreuses organisations, au lendemain de la réunion du 21 juin du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens.

A l’occasion de la signature de la déclaration de manifestation, il nous a été confirmé ce que nous avions auparavant appris de diverses sources, à savoir que la CAPJPO/Europalestine et d’autres structures avaient, de leur côté et sur leurs propres bases, déposé une déclaration de manifestation, pour la même date et sur le même parcours. Le sous-directeur de la DOPC nous a fait savoir qu’il était, dans ces conditions, légalement contraint de faire aussi signer à leurs représentants une déclaration. Nous avons donc simplement pris acte du fait que se tiendraient, le samedi 9, deux manifestations sur le même parcours, et indiqué à notre interlocuteur que nous ferions en sorte de gérer cette situation au mieux sur le terrain (ce qui a été fait). Aucune autre considération politique n’a été évoquée.

La CAPJPO/Europalestine a choisi de rompre politiquement, voilà déjà longtemps, avec le cadre unitaire que représente la Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens. Chacun d’entre nous a eu, hélas, suffisamment d’occasions d’exprimer publiquement ses divergences avec cette association pour n’avoir besoin maintenant ni d’ajouter quoi que ce soit à des propos auxquels chacun peut se référer, ni de faire passer des « messages » par l’entremise de la préfecture de police (ce qui n’est pas vraiment dans notre culture).

Nous n’entendons, à présent, nullement entrer dans des polémiques ou des stratégies qui n’aboutiraient qu’à provoquer des tensions voire des violences et marginaliseraient le mouvement de solidarité que le Collectif national unitaire s’efforce de construire pour la reconnaissance des droits nationaux du peuple palestinien, contre le mur qui vise à l’annexion de la Cisjordanie et de Jérusalem, contre l’occupation et la colonisation des territoires palestiniens. Dès l’annonce de la venue en France de Sharon, nous avons pris l’initiative d’une bataille sur ces objectifs, laquelle s’est déjà traduite par la délégation du 7 juillet au Quai-d’Orsay ou par le succès de la manifestation de rue du 9. Elle aura pour prochain temps fort la veillée du 26 juillet, place de la Madeleine, à proximité de l’Elysée.

Rien ne réussira à nous détourner d’urgences définies en commun par les organisations parties prenantes de cette bataille. Surtout pas des polémiques manœuvriéres ou provocatrices...

Lettre de Jack Fath du PCF

Sur la manifestation du 9 juillet.
D’abord une précision.

Nous participons à l’ensemble des initiatives du « Collectif pour une paix juste entre Palestiniens et Israéliens », et nous sommes présents aux réunions de ce collectif (sauf impossibilités occasionnelles). Il n’y a ni ambiguïté, ni réticence à l’activité unitaire. La formulation que j’ai pu lire : « absence trop fréquente du PCF dans les manifestations unitaires de soutien... » ne correspond pas à la réalité. Je pense que celles et ceux qui participent comme moi aux réunions du Collectif peuvent en témoigner.

Concernant la manifestation du 9 juillet, nous avions signé l’appel collectif et nous avions aussi publié un appel propre au PCF, sur un contenu semblable. Cet appel a été diffusé dans toutes les organisations départementales du parti, pour l’Ile de France, afin d’informer les communistes, de sensibiliser et mobiliser.

Suite aux attentats intervenus à Londres, nous avons décidé de ne pas participer à la manifestation. Il nous est apparu que les conditions nécessaires à une bonne manifestation de protestation contre la politique d’Ariel Sharon, et de solidarité ne pouvaient plus être réunies.

L’expérience montre la difficulté à organiser des initiatives larges qui soient vraiment « représentatives » des sentiments, certainement très majoritaires dans l’opinion publique française, d’inquiétude et de rejet vis-à-vis de la politique des autorités israéliennes. Malgré cela, nous avions décidé de nous engager dans l’initiative unitaire. J’ajoute que nos craintes se nourrissaient aussi de la participation prévue d’Euro-palestine-CAPJPO. Dans le contexte créé par les attentats de Londres nous nous sommes refusés de prendre le risque d’un dérapage, toujours possible et d’ailleurs légitimement redouté par les membres du Collectif. Selon nos informations, cela ne s’est pas produit, et c’est tant mieux.

Nous restons évidemment pleinement partie prenante de l’action unitaire. Nous gardons aussi notre propre vision des choses. Nous souhaitons vraiment sortir d’une situation où les actions collectives restent, en général, peu susceptibles d’élargir un soutien populaire actif. Celui-ci reste à conquérir : tout le monde en a conscience, au sein du Collectif national.

Le PCF a d’ailleurs ses propres initiatives. Nous avons lancé une campagne intitulée « Faisons tomber les murs » qui, sans se limiter au mur d’annexion d’Ariel Sharon, permettra à notre parti, en convergence explicite avec le Collectif national et la Plate-forme des ONG pour la Palestine, d’alimenter l’action de façon très complémentaire.

Cette campagne sera relancée fortement à la Fête de l’Humanité au cours de plusieurs initiatives, en particulier le vendredi 9 septembre à 19h (stand du Val d’Oise), avec Marie-George Buffet et Leila Shahid.

P.-S.

Article paru sur le site Enfants de la palestine, le 10 juillet 2005.

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