Les grands candidats font chacun leur petite virée dans les départements et territoires d’outre-mer (DOM-TOM) même si, hors période électorale, ils restent sourds aux exigences des populations. Et, si les questions du statut et des inégalités sociales sont revenues à l’ordre du jour, c’est d’abord grâce aux mobilisations dans les DOM-TOM. La LCR a toujours soutenu le droit à l’autodétermination des dernières colonies françaises. Nos élus au Parlement européen ont aidé les élus guyanais à se faire entendre des institutions françaises et européennes, qui refusaient de les recevoir.
La loi d’orientation proposée par le gouvernement demeure dans un cadre de départementalisation, dans le carcan de la Constitution de 1958 qui limite toute possibilité d’évolution à de simples adaptations. Elle se contente de prévoir la réunion des élus des conseils généraux et régionaux pour qu’ils débattent de propositions à soumettre au gouvernement, sans donner aux peuples les moyens d’élaborer démocratiquement le contenu d’un nouveau statut. Une loi qui risque de renforcer le poids de notables locaux qui élaborent des propositions sans mandat explicite de leurs électeurs. Pourtant, la situation pousse à remettre en cause le vieux cadre colonial : la construction européenne rend plus évidente la reconnaissance des peuples des DOM comme sujets de droit, sans passer par la tutelle de Paris. L’avenir des DOM-TOM passe par l’établissement de relations souveraines sur leurs continents respectifs et avec l’Union européenne.
C’est pourquoi il faut mettre en route un véritable processus démocratique d’autodétermination et changer la Constitution française pour la mettre en conformité avec le droit des peuples.
Cela passe par l’élection au suffrage universel et à la proportionnelle intégrale de nouvelles assemblées expressément mandatées, dans chaque département d’outre-mer, par leurs peuples respectifs. Ceci afin d’élaborer un projet de statut qui sera ensuite soumis aux électeurs, avant négociation avec l’Etat français.
C’est par un tel processus démocratique que l’aspiration à la souveraineté s’accompagnera d’une transformation allant dans le sens de la justice sociale. Les aspirations de la majorité s’imposeront à la minorité de privilégiés qui profitent du statut actuel, agrémenté pour les plus riches de défiscalisations et de zones franches, pour les plus pauvres d’un chômage qui atteint une moyenne de 25 % de la population.
L’Etat français doit, dans un premier temps, partager des compétences avec une nouvelle autorité et lui en transférer : ce conseil exécutif doit être responsable devant une assemblée souveraine mandatée par les électeurs. En matière d’organisation de la justice et de l’enseignement, des relations internationales, du respect des identités multiculturelles, de conquête de nouveaux droits sociaux, de choix d’investissements correspondant au plus près aux besoins urgents à satisfaire, une véritable démocratie participative doit impliquer toute la population dès maintenant. La France impose une relation de dépendance et d’assistanat, privant ceux qui sont les vrais créateurs de richesses de prendre leurs affaires en main pour sortir d’un sous-développement créé par cinq siècles de colonisation. À terme, ce sera aux peuples de décider de leur avenir.
Nous partageons avec de nombreux mouvements dans les DOM-TOM les principes et les valeurs qui ont animé la tradition d’une gauche anticolonialiste en France :
— Le droit imprescriptible des peuples des dernières colonies à l’autodétermination et la supériorité de ce principe du droit international sur la Constitution et les lois françaises ;
— le droit des peuples kanak, maori, guadeloupéen, guyanais et martiniquais à l’indépendance nationale et leur inscription auprès de l’ONU sur la liste des territoires à décoloniser ;
— la reconnaissance de l’esclavage comme un « crime contre l’humanité » doit s’accompagner de réparations, parmi lesquelles doivent figurer l’acceptation par l’Etat français d’un véritable droit à l’autodétermination et une véritable coopération économique en remboursement de la dette contractée vis-à-vis des peuples mis en esclavage et soumis au colonialisme.
Candidat pour une autre politique, Olivier Besancenot fait entendre une voix différente dans le concert de propos républicains convenus. Pour préparer l’avenir, pour que nos résistances, en France et outre-mer, se renforcent et se rejoignent.
Chiffres à retenir
36,4 %, c’est le taux de chômage à la Réunion. Il touche 17,3 % de la population en Nouvelle-Calédonie, 26,6 % en Guyane, 28,1 % en Martinique 29,8 % en Guadeloupe, contre 10,5 % en métropole.
1,46 médecin pour soigner mille habitants en Guyane, 1,8 en Guadeloupe, 1,85 en Nouvelle-Calédonie, 2 à la Réunion, 2,07 en Martinique, alors qu’on en compte 3,03 en France métropolitaine.
16,9 enfants sur mille meurent avant leur premier anniversaire en Guyane contre 4,7 en métropole. Les taux sont de 6,5 à la Réunion, 6,7 en Martinique, 8,4 en Guadeloupe et 8,6% en Nouvelle-Calédonie.