À l’annonce des résultats du référendum proposant une réforme profonde de la Constitution bolivarienne, en décembre 2007, le camp chaviste a reçu un véritable coup de massue. Il n’en fallait pas plus pour que l’aile la plus à droite du processus explique que la proposition d’une marche en avant vers le socialisme du xxie siècle était une erreur, et que les Vénézuéliens voulaient un chavisme sans socialisme. Depuis, le processus semble hésiter entre plusieurs voies, sous prétexte d’être un laboratoire de construction d’un socialisme émancipé des modèles théoriques du XXe siècle [1].
En 2008, les mesures du gouvernement ont oscillé entre décisions social-démocrates visant à flatter l’électorat des classes moyennes et véritables avancées sociales vers la construction d’une nouvelle société. L’enjeu de cette élection est donc bien l’approfondissement du processus révolutionnaire. Tout résultat mitigé, ou pire, pourrait être interprété comme une défaite et porterait un coup sérieux à la dynamique de transformation radicale.
L’ambiance du moment a de quoi inquiéter. S’il y a très peu de chances que l’opposition sorte gagnante de ces élections, de nombreux indices peuvent laisser penser que la situation ne sera pas plus claire demain. D’abord, il faut s’attendre, une fois de plus, à une forte abstention. Lorsque Chavez n’est pas candidat directement, le taux de participation n’atteint pas les 30%. Cela peut s’expliquer par deux facteurs. Le premier tient au peu d’enthousiasme que soulèvent un certain nombre de candidats, dont le peuple connaît la faible ferveur révolutionnaire. L’autre, au fait que, si la majorité populaire reste attachée au processus, l’empêchant ainsi de franchir le pas d’un vote en faveur d’une opposition peu crédible, la difficulté que rencontre le gouvernement vénézuélien à régler les problèmes du quotidien (inflation de 30%, insécurité, gestion des ordures dans les quartiers populaires, etc.) pèse sur le scrutin.
Les sondages d’opinion indiquent que, parmi les 21 États (sur 22) que détiennent les chavistes, trois risquent d’être perdus (Carabobo, Nueva Esparta, Sucre). Mais ce recul sera sans doute occulté par la prise de l’État de Zulia, seul État de l’opposition et fief de Manuel Rosales, candidat contre Chavez à la dernière présidentielle.
Cette victoire permettra sans doute de persévérer dans le sens du processus, sans obliger à la remise en cause d’un certain nombre de bureaucrates chavistes. C’est là l’une des principales contradictions que risque de produire le résultat de cette nouvelle consultation. De fait, si victoire il y a, elle risque de ressembler à une victoire personnelle de Chavez, qui s’est très impliqué dans cette campagne et dont les sondages d’opinions favorables avoisinent toujours les 55%. Ce sera aussi la preuve de la réelle efficacité du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) qui, pour sa première échéance électorale, aura fonctionné comme un véritable rouleau compresseur, se permettant même d’écarter ses alliés traditionnels que sont le Parti communiste vénézuélien (PCV) et le Parti pour tous (PPT).