Mohamed Rachid Chrii a été libéré le 7 janvier, gracié par le roi du Maroc, Mohamed VI, en même temps que d’autres prisonniers d’opinion – trente trois au total – dont le journaliste Ali Lmrabet, des militants pour l’indépendance du Sahara et des islamistes.
Dirigeant syndical, défenseur des droits de l’homme, militant contre la mondialisation libérale, Mohamed Rachid Chrii avait été arrêté en avril dernier pour avoir tenté d’empêcher des policiers de passer à tabac un jeune homme qu’ils venaient d’interpeller. Sauvagement torturé par la police politique, M. R. Chrii avait été condamné à 18 mois de prison pour divers prétextes dont incitation à la rébellion et protection d’un criminel.
Une campagne internationale de solidarité a été lancée au lendemain de la tenue du Forum social européen pour accompagner les actions menées au Maroc. Ainsi, des députés européens ont publié une déclaration exigeant sa libération, la FIDH et l’OMCT ont également pris position dans ce sens, plus d’une vingtaine de députés portugais ont adressé une lettre à l’ambassade du Maroc, des associations et syndicats ont adressé également des courriers aux autorités marocaines ou publié des communiqués en faveur de Rachid (Raid-Attac Tunisie, Attac France, SUD-PTT, SUD-Rail, CADTM etc.). D’autres initiatives ont également été prises à l’échelle internationale comme cette pétition ayant rassemblée plus de 600 signatures de plus de vingt pays parmi lesquelles celles de Noam Chomsky, Ken Loach, Zinn Howard, Tariq Ali, Hugo Blanco, Francisco Louçã, P. K. Murthy, Arundhati Roy, Susan George, Christophe Aguiton, Claudio Katz, Alima Boumédiene-Thiery et beaucoup d’autres encore dont les représentants d’associations marocaines de défense des droits de l’homme.
La libération de Mohamed Rachid Chrii et des autres prisonniers d’opinion est incontestablement une victoire du mouvement démocratique marocain et international. Mais elle intervient également alors que Mohamed VI vient d’annoncer solennellement l’installation d’une Commission Équité et Réconciliation censée apurer le dossier des violations des droits de l’homme et, notamment, qui vise à l’établissement des faits sur les disparitions forcées et les détentions arbitraires, la réparation des préjudices et la réhabilitation des victimes. Cette instance doit favoriser un « règlement extrajudiciaire équitable », une formule qui masque évidemment la volonté d’occulter l’exigence des victimes de la répression de voir leurs tortionnaires traduits devant les tribunaux. Au Maroc, le combat continue contre l’impunité et pour une véritable démocratie.