Avec ce message, le Nouveau Parti anticapitaliste souhaite remercier vos deux organisations pour cette invitation à leur congrès de fusion, en espérant que vos travaux seront fructueux et aboutiront donc à la naissance d’une nouvelle organisation révolutionnaire. Car dans un contexte de division des forces et organisations de notre camp social, la fusion de deux organisations est un signal encourageant pour l’ensemble de celles et ceux qui n’ont pas renoncé à changer la société, à la débarrasser du poison capitaliste.
Après son élection il y a deux ans, il n’avait pas fallu bien longtemps pour que le pouvoir macroniste révèle sa véritable nature. Le « ni de gauche ni de droite », auquel peu ont cru, a bien vite disparu, laissant la place à une politique antisociale et autoritaire au service des plus riches. Avec la morgue des puissants et de ceux qui les servent, Macron incarne parfaitement les desiderata et diktats des plus gros capitalistes, désireux d’imposer des reculs historiques à notre camp social.
Dans ce contexte, il a fallu attendre l’irruption du mouvement des Gilets jaunes en novembre dernier pour voir apparaître sur les ronds-points, dans les rues, une opposition populaire et radicale au représentant des « premiers de cordée »... Cette opposition a mis en lumière l’ampleur de la crise sociale qui touche en premier les catégories populaire, mais aussi l’existence de colères profondes contre ces injustices sociales... ainsi que la répression — inédite — dont peut faire preuve un pouvoir aux abois. D’autres mobilisations se sont fait jour, pour défendre les services publics dans la santé et l’éducation, pour la justice climatique ou pour l’égalité des droits femmes-hommes.
Pour autant, rien n’est réglé : notre camp social - lorsqu’il se bat - ne gagne pas, et l’extrême droite, nationaliste et raciste, entend prospérer sur la base des reculs sociaux et de la démoralisation, comme le montre encore le dernier scrutin européen. En s’appuyant sur les luttes, il y a donc urgence à porter un projet d’émancipation, révolutionnaire, à reconstruire une représentation politique pour les exploitéEs.
Au cœur des résistances, nos chemins se croisent souvent. Dans les syndicats, sur certains lieux d’étude ou de travail, anticapitalistes, anarchistes et libertaires se battent souvent ensemble, au coude à coude, pour faire reculer les projets antisociaux du gouvernement et les injustices sociales, pour l’égalité des droits et la solidarité avec les migrantEs, contre le danger de l’extrême droite et ses tentatives d’intervention dans les entreprises et ses apparitions de rue. C’est dire si nous pensons qu’il est positif que les libertaires et anarchistes ouvrent avec votre congrès une nouvelle page de leur histoire, au-delà des nuances, voire des désaccords que nous connaissons toutes et tous. À ce propos, nous pensons que nos responsabilités respectives, humblement, à notre échelle, nécessiteraient que nous prenions langue, que nous confrontions nos points de vue, reprenant ainsi le fil des échanges que nous avons pu avoir il y a quelques années avec Alternative libertaire au moment de la fondation du NPA.
Il ne s’agit pas de reprendre aujourd’hui les mêmes débats mettant en valeur les mêmes désaccords bien connus dans l’histoire du mouvement ouvrier, car les urgences sociales, démocratiques et écologiques, les vents mauvais d’extrême droite qui soufflent ici et ailleurs, exigent de repenser
nos orientations, nos interventions, de dépasser les vieilles divisions qui travaillent le mouvement ouvrier et toutes ses organisations depuis des décennies. Nous vivons une période de crise particulièrement aiguë pour notre classe. Cette crise qui peut déboucher sur une accélération de l’histoire nous met face à nos responsabilités : soit le pire continue à exercer sa pression — jusqu’au pouvoir ? — car les partis de gouvernement n’arrêteront pas son avancée (bien au contraire), soit le monde du travail parvient à surmonter ses faiblesses pour construire une véritable alternative aux politiques capitalistes et/ou nationalistes.
Au-delà des luttes où nous nous retrouvons et qu’il faut continuer à construire, nous vous proposons donc de nous rencontrer au lendemain de votre congrès pour en discuter. D’ici là, nous vous souhaitons une nouvelle fois un congrès fructueux et vous envoyons nos salutations militantes et anticapitalistes.
Montreuil, le vendredi 7 juin 2019.