Les résultats électoraux du 13 mai dans la Communauté autonome basque ont constitué une démonstration du refus majoritaire aux forces politiques qui recherchent l’affrontement et la défaite politique du nationalisme basque et des partisans du dialogue. Le Parti populaire (PP) et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), malgré un appui médiatique et judiciaire fort et agressif, n’ont pas réussi à dépasser ensemble la coalition formée par le Parti nationaliste basque (PNV) et Eusko Alkartasuna (EA), qui se présente comme la force hégémonique, pendant qu’Euskal Herritarok (EH) a subi un recul très marqué du fait de ne pas s’être démarqué ouvertement d’ETA. La Gauche basque [1], malgré la marginalisation et la disqualification constantes dont elle a souffert au cours des dernières années de la part des partis mal appelés « constitutionnalistes », a vu recompensé son effort d’établir des ponts à partir de la défense du respect de la liberté de choix du peuple basque quant à son avenir et de la proposition d’une option fédéraliste dans ce cadre.
Ainsi, une nouvelle étape s’ouvre dans la société basque, où une nouvelle impulsion en faveur d’une solution de dialogue doit prendre les devants, sans exclusions et sans limites, pour un appel populaire à l’ETA qu’elle cesse de tuer et pour réclamer des mesures de la part du gouvernement Aznar — telle le respect de la loi par le transfert des prisonniers basques en Euskadi — afin qu’il contribue à dépasser le climat de crispation actuel. Par ailleurs, il faudra un changement radical d’attitude de la part d’une partie du pouvoir judiciaire qui, y compris en pleine campagne électorale, n’a pas fait autre chose que de contribuer à la criminalisation de secteurs de la jeunesse basque.
La stratégie du PP et du PSOE, qui ont pu compter sur l’appui des principaux représentants des institutions de l’État — y compris la Couronne —, des grands médias, du patronat, et, hélas, des centrales syndicales majoritaires, à leur pacte antiterroriste, à leur obsession à criminaliser tout le nationalisme basque et à réinventer un nationalisme espagnol d’exclusion, a subi une défaite, dont ils doivent tenir compte et agir en conséquence, en empruntant un virage politique en faveur du dialogue, selon le vœu de la majorité de la société basque.
Quelque chose de semblable est arrivée à EH, qui devra réaliser un débat interne en profondeur, ce qui, nous l’espérons, les conduira à une prise de distances explicite par rapport à l’activité d’ETA, et à l’appui à la non-violence et au dialogue.
Le redressement d’EB-IU constitue sans doute un stimulant pour avancer vers la reconstruction d’une gauche basque partisane de l’autodétermination et d’un projet fédéral ouvert, ainsi que d’un modèle de société fortement teinté des couleurs rouge, vert et violet. Nous sommes certains que son activité au Parlement s’appuiera sur une alliance étroite avec les mouvements sociaux qui ont soutenu le dialogue, comme Elkarri et Gesto por la Paz, ainsi qu’avec les syndicats, les collectifs, les organisations sociales et secteurs professionnels qui aspirent à lier la défense de l’identité nationale basque à la lutte contre la précarité et pour les droits sociaux fondamentaux, comme l’a déjà démontré leur unité d’action autour de l’expérience de la « Charte des droits sociaux ».
À l’extérieur de l’Euskadi, la Gauche unie fédérale (IU-Fédérale) devra assumer la défense conséquente non seulement du discours fondamental de EB-IU mais aussi la ferme conviction que seulement la reconnaissance du droit de l’ensemble des citoyens basques à décider de leur avenir pourra assurer le progrès vers l’éradication de la violence et la solution d’un conflit dont la nature politique a été largement corroborée au cours de ces élections. IU-Fédérale devra unir cette défense à l’exigence de la reconnaissance de la réalité plurinationale dans l’ensemble de l’État espagnol et, en conséquence, de l’ouverture d’un processus de dialogue et de convergence en action avec d’autres forces de gauche nationales ou nationalistes présentes dans d’autres Communautés autonomes.
16 mai 2001.