Plusieurs hypothèses, dont un cancer du colon
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- Fidel Castro et son frère Raul, en décembre 2004 à la Havane © Adalberto Roque / AFP
« Repos durant plusieurs semaines ». À moins de deux semaines du 80ème anniversaire de Fidel Castro, c’est son secrétaire particulier qui a fait sensation lundi soir sur les chaînes nationales cubaines. Carlos Valenciaga a en effet révélé avec les mots du « lider maximo » qu’un grave « accident de santé » lui avait fait subir une délicate opération chirurgicale aux intestins. Une opération qui oblige le dirigeant cubain « à conserver le repos durant plusieurs semaines, éloigné de (ses) responsabilités et charges ». Fidel Castro a d’ailleurs demandé que les festivités pour ses 80 ans soient reportées au 2 décembre, 50e anniversaire de son débarquement à Cuba à bord du yacht Granma pour lancer la guérilla contre le dictateur Fulgencio Batista. La déclaration écrite à la première personne explique ces problèmes de santé par « un stress extrême » dû à « des jours et des nuits de travail continu sans à peine dormir ». Avec notamment « les énormes efforts » consentis pour le voyage en Argentine lors du sommet du Mercosur, du 22 au 24 juillet, et son discours annuel du 26 juillet, effectué à Bayamo, à plus de 700 km au sud-est de La Havane.
Son frère au pouvoir « de manière provisoire ». Dans cette « proclamation », Raul Castro, de cinq ans son cadet, hérite momentanément des fonctions de premier secrétaire du Parti communiste cubain (PCC, parti unique), ainsi que celles de chef des Forces armées révolutionnaires (FAR) et de président du Conseil d’Etat (gouvernement). Homme du secret, à l’opposé des flamboyances de son frère, Raul Castro collectionne depuis un demi-siècle les titres de « numéro deux », mais il est aussi depuis l’aube du régime le redouté ministre des Forces armées révolutionnaires (FAR), appelées de par la Constitution à jouer un rôle-clé à la disparition de son aîné. « Indubitablement, il est le camarade qui a la plus grande autorité après moi et la meilleure expérience. Aussi possède-t-il toutes les qualités pour me succéder », avait dit de lui Fidel Castro en 2001.
Espoir ou prudence. Alors qu’à La Havane, les Cubains s’interrogeaient sur la gravité de l’état de santé de leur président, à Miami (États-Unis), des milliers d’exilés sont descendus dans les rues pour fêter l’accident de santé de M. Castro, convaincus que sa fin était proche. En Espagne, les associations d’exilés et dissidents cubains ont appelé à la « prudence » et exprimé leur espoir d’une transition démocratique. Lors d’une chute spectaculaire, en province, le 20 octobre 2004, au cours de laquelle il s’était brisé le genou gauche et fêlé le bras droit, le président cubain n’avait à aucun moment renoncé à ses responsabilités, dictant lui-même les communiqués sur son état de santé dans les heures et les jours suivants. Il s’était rétabli en quelques semaines.
L’intervention de Janette Habel
Les réactions officielles
ÉTATS-UNIS : l’administration américaine, dont plusieurs présidents ont tenté de renverser le président cubain, a réagi avec prudence, indiquant « surveiller la situation » sans vouloir « spéculer sur sa santé ».
FRANCE : le ministère des Affaires étrangères s’est refusé à tout commentaire. « Nous avons pris note des informations » provenant de Cuba mais « nous n’avons pas pour habitude de commenter les bulletins de santé des chefs d’État ou de gouvernement », a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay, Denis Simonneau. Pas de commentaire non plus sur la passation temporaire des pouvoirs à Raul Castro.
ESPAGNE : le ministre espagnol socialiste des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a demandé à son ambassadeur à La Havane de transmettre aux autorités cubaines ses voeux de rétablissement « aussi prompt que possible au commandant Castro ». L’opposition de droite, traditionnellement très hostile au régime de La Havane, ne s’est pas félicitée des ennuis de santé de Fidel Castro mais a souhaité l’instauration d’un régime démocratique à Cuba.
ITALIE : le Parti des communistes italiens (PDCI), membre de la coalition gouvernementale de Romano Prodi, a souhaité « une guérison rapide » au leader cubain, estimant que « Cuba, mais aussi toute l’Amérique latine, ont besoin que Fidel Castro reprenne le plus rapidement possible son rôle de leader dans le pays et d’impulsion pour le processus politique continental ».
CHINE : le président chinois Hu Jintao a adressé ses voeux de prompt rétablissement au dirigeant cubain Fidel Castro, a annoncé l’agence de presse officielle Chine Nouvelle.
VENEZUELA : « De tout mon coeur, j’espère que le président Fidel Castro va se rétablir rapidement et rester toujours avec nous », a déclaré Hugo Chavez au Viêt-nam, pays qui entretient aussi des liens étroits avec La Havane. Levant le poing, cet allié de Cuba a ajouté : « Longue vie à Fidel Castro ! »
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Eric Chaverou. Avec agences.