Conférence sur la famille L’an prochain, promis, ça va changer...

, par BATAILLE Claire

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Comme on pouvait s’y attendre, le thème de la famille et de sa « revalorisation » était en bonne place dans les discours électoraux de Chirac. Deux objectifs immédiats avaient même été fixés : la création, en 1996, d’une prestation autonomie pour les personnes âgées dépendantes, la tenue d’une grande conférence sur la famille chargée de « réformer » la politique familiale.
Les « contraintes » budgétaires et la rigueur ont sérieusement rogné les ambitions gouvernementales, frustrant par la même, la base la plus rétrograde de l’actuelle majorité. Pas de prestation autonomie avant 1997, plus de « salaire maternel » en perspective...
La « réforme » ne devra pas engendrer de dépenses supplémentaires. Il faut surtout « dépenser mieux » n’a cessé de répéter Juppé, le 6 mai, à l’occasion de sa pseudo-conférence sur la famille qui n’a duré que cinq heures et n’a finalement rien décidé, si ce n’est la création de cinq groupes de travail chargés de préparer la prochaine conférence qui devrait se tenir fin 1996 ou plutôt en 1997. Les thèmes retenus ne sont pas anodins : « Les familles aujourd’hui, avec des figures nouvelles » (place des familles recomposées), « compensation des charges familiales » (prestations diverses, fiscalité), « environnement de la famille, avec les services dont elle a besoin » (équipements collectifs), « conciliation du temps de travail, du temps familial et du temps scolaire » (développement du temps partiel), « problèmes... [des] personnes âgées dépendantes. »
En fait, même si rien n’est tranché formellement, la politique familiale actuelle du gouvernement se dessine nettement : réduction des prestations (mise sous condition de ressources de l’allocation pour jeune enfant, imposition des allocations familiales, « simplification » des prestations), coupes claires dans les dépenses d’équipements collectifs (crèches, maternelles, etc.), incitation massive des femmes à travailler à temps partiel pour « mieux » prendre en charge, à la maison, les enfants et les vieillards trop « coûteux » pour la collectivité. C’est fou ce que la famille a de charme et de vertus lorsqu’il s’agit de faire des économies !
Pour notre part, nous pensons qu’une politique alternative doit s’attaquer de front à plusieurs problèmes :

  • le droit de l’enfant à bénéficier de prestations correctes, quel que soit son rang et son origine sociale (des prestations égalitaires dès le premier enfant) ;
  • la réforme radicale de la fiscalité qui interdise aux riches de cumuler tous les privilèges (suppression, entre autres, du quotient familial) ;
  • l’individualisation de l’impôt de telle sorte que les femmes actives ne soient pas pénalisées par les revenus « cumulés » du « ménage » ;
  • développement des équipements collectifs et des prestations en nature (gratuité des colonies de vacances, des cantines, des livres et fournitures scolaires).
    Notre réponse n’est pas complète, loin de là, mais il nous semble qu’elle a au moins le merite de remettre en cause le discours démagogique du gouvernement sur la nécessaire « redistribution » des prestations en faveur des plus pauvres. À suivre...
Jamais à court d’idées, le député Jean-Louis Beaumont. Deja père spirituel de l’« amendement Boutin-Beaumont », ridiculisé à l’Assemblée avec le succès que l’on sait, il revient à la charge avec sa clique. Dernière trouvaille, une proposition de loi visant à étendre l’« objection de conscience au bénéfice des membres du personnel non médical des établissements de soin en cas d’avortement ». Cette nouvelle offensive a d’abord pour but de légitimer l’action de Xavier Dousseau, ce directeur-adjoint d’un hôpital de Lille qui, perturbé sans doute dans son « unité intérieure » selon leur jargon, a participé à un commando anti-IVG dans son propre établissement. Mais cela va plus loin puisqu’il s’agirait d’étendre la possibilité de cette « objection » aux pharmaciens, au personnel des entreprises pharmaceutiques, aux contribuables... Bref, à la société tout entière.
Attaque symbolique ? Peut-être. La vigilance n’en est pas moins nécessaire.

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