La mort d’Hibrahim Rugova vient de remettre la situation du Kosovo à la une de la presse. Hibrahim Rugova était le président du Kosovo et de la Ligue démocratique du Kosovo, majoritaire au Parlement de la province. Le problème central des prochains mois sera de connaître le futur statut du Kosovo. La Ligue démocratique du Kosovo (LDK) ainsi que l’ex-UCK sont partisans de l’indépendance de la province. Le groupe de contact (groupe tutélaire depuis les bombardements de l’OTAN en 1999, regroupant États-Unis, Grande-Bretagne, Italie, Russie, Allemagne, France) s’est réuni le 31 janvier sans énoncer de position, mais en affirmant qu’il fallait trouver une solution en 2006.
Le même jour, Vladimir Poutine a fait savoir, par communiqué, que « la communauté internationale doit avoir des principes uniques et universels pour la résolution des problèmes interethniques. [...] Si, par exemple, le Kosovo pouvait devenir indépendant, pourquoi pas l’Abkhazie ou encore l’Ossétie du Sud ? »
Pour Poutine, le Kosovo ne peut devenir un « précédent ». La Russie n’a pas l’intention d’accepter passivement l’indépendance du Kosovo. Une telle perspective pourrait avoir des conséquences au Haut-Karabagh (partie de l’Azerbaïdjan, peuplée majoritairement d’Arméniens), en Ossétie-du-Sud (région de la Géorgie dont une partie de la population demande le rattachement à la Russie) et en Abkhazie (nord-ouest de la Géorgie, qui demande aussi son rattachement à la Russie).
Au Kosovo le problème central est celui de l’indépendance et de la cohabitation harmonieuse des populations au sein de la province. Les Albanais, majoritaires à 90 %, ont été opprimés et réprimés pendant de très longues années par le pouvoir grand-serbe.
Une situation inacceptable a été créée par la Minuk (l’autorité de l’ONU) à Mitrovica, la ville étant divisée en deux, entre une partie serbe et une partie albanaise. On pressent une véritable partition du Kosovo. La situation économique aggrave considérablement les problèmes interethniques : la mine de Trepca n’est toujours pas rouverte et le taux de chômage est alarmant. La minorité serbe vit dans des sortes de ghettos. Cette minorité a créé ses propres écoles, financées par Belgrade, et elle refuse un enseignement commun avec les Albanais.
Dans le même temps, depuis 1999, on a recensé moults violences contre la minorité serbe et aussi contre les Roms, voire les Albanais catholiques.
Pourtant, l’indépendance du Kosovo est la seule perspective crédible. Le retour dans le giron de la Serbie est tout simplement impossible. Mais les droits des minorités sont fondamentaux et ils doivent être respectés, non seulement sur le papier mais dans les faits. Tel est l’enjeu des négociations qui vont commencer.
Les grandes puissances ne sont certainement pas les mieux placées pour garantir la bonne fin du processus. Comment Poutine peut-il se présenter comme un garant des droits des minorités, alors qu’il maintient un état de guerre en Tchétchénie et qu’il menace tout le Caucase ? Comment Blair peut-il préserver les droits des Albanais, alors qu’il maintient la domination britannique sur l’Irlande du Nord ?