1) La cellule familiale et celle du parti
Son dernier livre s’intitule avec ironie Ça te passera avec l’âge, un titre qui en dit long sur le regard qu’ont porté sur lui ses proches et ses contemporains, mais aussi sur son propre regard sur lui-même. Un titre comme un pied de nez : puisque visiblement rien ne lui est passé avec l’âge : toujours actif au NPA, Alain Krivine conserve un idéal qu’il qualifie de romantique et guevariste. Il garde sa capacité de révolte, le militantisme, l’enthousiasme, l’optimisme (béat, comme il l’écrit), et la conviction qu’il faut inventer des slogans, descendre dans la rue, participer au fauchage des champs d’OGM, épauler les grandes grèves, soutenir les sans papiers, organiser des meetings voire des campagnes électorales. Dans cette première émission, retour aux origines avec la cellule familiale et la cellule du parti communiste qui ont forgé vos premières amours politique, au sein d’une fratrie de 5 militants. Naissance d’une vocation et d’une culture politique au sein des vaillants et des vaillantes et dans les colonies de vacances du parti communiste.
2) La famille anticoloniale, au cœur de la lutte des peuples pour leur liberté
Deuxième volet de la série. Alain Krivine a été formé au sein de la cellule du parti communiste et de ses organisations de jeunesse. De retour d’un voyage en URSS qui a semé la graine du doute dans son esprit, il va peu à peu concrétiser cette rupture avec le parti autour de la guerre d’indépendance menée en Algérie par le FLN. Là ou le parti se prononce pour la paix et donne son appui aux socialistes, Alain Krivine veut lutter pour l’indépendance aux côté des algériens. Ces luttes pour l’indépendance et la liberté des peuples, ce combat anticolonial va être le point de bascule vers le trotskisme et le militantisme activiste. Un activisme qui aboutira à la création des Comité Vietnam nationalistes CVN, pour l’indépendance du Vietnam qui sera le mot d’ordre de la génération de mai 68.
3) La famille des étudiants, ceux de mai 68
La mobilisation pour la victoire et l’indépendance du Vietnam a été l’amorce de la mobilisation étudiante de mai 68 et une école de la manifestation et de l’activisme. Alain Krivine a été de ceux là au sein de la IVe internationale trotskiste et en rupture avec le parti communiste. Il va découvrir avec mai 68 la force de la mobilisation de masse, la fièvre des affrontements de rue, l’exaltation du collectif mais aussi l’éloignement des étudiants politisés gauchistes et de la classe ouvrière communiste. C’est le passage de relais entre deux générations de militants et deux cultures politiques. C’est l’entrée dans la famille enthousiaste et désordonnée du mouvement étudiant...
4) La famille trotskiste
Au début des années 60 Alain Krivine entre dans une nouvelle famille, au départ sans le savoir par le biais de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, puis clandestinement à la IVe Internationale. C’est une famille plus discrète, plus secrète, moins enveloppante que celle du PC et pas forcément très ouverte sur une société qui change, mais une famille à laquelle il adhère encore aujourd’hui. Il adhèrera au PCR, parti communiste révolutionnaire, fondera en 1966 les JCR, jeunesses communistes révolutionnaires, puis sera de la LC, ligue communiste puis de la LCR, ligue communiste révolutionnaire. Désormais dissoute la LCR a rejoint le NPA nouveau parti anticapitaliste, mais que reste-t-il du trotskisme au NPA ? Et que représentent le trotskisme et le terme même de trotskisme pour Alain Krivine ?
5) La famille politique
Alain Krivine fait partie d’une dernière famille, celle des hommes politiques, à laquelle il a appartenu au travers de mandats et de responsabilités politiques et publiques. Candidat malheureux à la présidentielle deux fois en 69 et 74, il a été député européen de 1999 à 2004 où il a découvert ce qu’il nomme la gabegie du parlement ; il a été aussi membre du bureau politique de la LCR pendant de longues années et porte parole de cette même ligue jusqu’en 2009 moment de sa dissolution. Mais il est avant tout un activiste ; il a manifesté, fait campagne, organisé des meetings, signé des pétitions, participé à des forums mondiaux, occupé une église aux coté de sans papiers et fauché un champ de mais génétiquement modifié et cette liste n’est pas exhaustive. C’est un homme politique et public, mais aussi et surtout un militant.