États-Unis

10 raisons de ne pas la faire !

, par Comité contre une guerre du Viet-nâm au Moyen-Orient (CAVME)

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Le Comité contre une guerre du Viet-nâm au Moyen-Orient (CAVME) a publié cet argumentaire contre l’intervention américaine dans le Golfe.

1- Nous sommes sur le point d’entrer en guerre, à moins que nous soyons assez nombreux à la refuser.

  • Nous assistons au plus grand déploiement de forces américaines depuis le Viet-nâm. 500 000 soldats sont prêts à participer à une guerre dans le Golfe !
  • Le coût de l’intervention américaine est de 25 millions de dollars par jour, et ce prix sera démultiplié si la guerre éclate (2,5 milliards de dollars ont été dépensés entre le 2 août et le 30 septembre 1990).

2- Une guerre dans le Golfe, comme au Viet-nâm, sera longue et se déroulera sur plusieurs fronts.

  • Elle coûtera un nombre incalculable de vies humaines.
  • Cela ne sera pas l’affaire de deux jours, comme au Panama et à Grenade.
  • 200 millions d’Arabes, le plus souvent pauvres, vivent dispersés dans 22 Etats différents. La grande majorité, d’après l’ancien fonctionnaire de l’administration Carter, Zbigniew Brzezinski « bouillent d’hostilité envers les Etats-Unis » et sont du côté de l’Irak (Newsweek du 24 août 1990).

3- L’intervention nord-américaine se fait au détriment des besoins de la population.

  • Pour 1990, le déficit du budget atteindra le niveau record de 220 milliards de dollars. Pour financer l’intervention au Moyen-Orient, le budget militaire s’accroît démesurément ; or, en revanche, les fonds pour le logement, l’éducation, la santé, et d’autres programmes sociaux seront amputés d’autant.
  • Le niveau de vie des Américains a continuellement baissé durant la demière décennie, jusqu’à des proportions inquiétantes dans de nombreux endroits.

4- Nous nous battrons pour les profits des compagnies pétrolières.

  • Un conseiller très proche de Bush a ouvertement expliqué dans le Times (20 août 1990) pourquoi les Etats-Unis se préparaient à faire la guerre : « Même un idiot comprendrait ce principe : nous avons besoin du pétrole. C’est beau de parler de la défense de la liberté, mais le Koweït et l’Arabie saoudite ne sont pas vraiment des modèles de démocraties. »
  • Le prix du pétrole a augmenté en flèche immédiatement après l’intervention du 2 août 1990. L’augmentation de 7,1 cents par gallon [1 gallon = 3,785 1itres], le 6 août, a rapporté 1 milliard de dollars aux compagnies pétrolières. Si la guerre éclate, les spéculateurs prévoient que le prix du baril passerait de 60 à 80 dollars.
  • Quatre des dix plus grandes multinationales des Etats-Unis sont des compagnies pétrolières et leurs profits sont parmi les plus élevés du monde.

5- La politique américaine fait fi du droit à Pautodétermination du peuple arabe.

  • Après la Première Guerre mondiale, les puissances occidentales ont arbitrairement créé des Etats-nations au Moyen-Orient afin de préserver leurs propres intérêts.
  • En 1928, l’Accord de la « ligne rouge » a partagé les richesses pétrolières du monde arabe entre les principales puissances occidentales. Durant près de cinquante ans, les Etats-Unis, à travers l’Aramco Corp., ont contrôlé les principaux champs pétroliers de la région.
  • Les Etats-Unis et les autres puissances occidentales ont pillé les ressources de la région, contre la volonté du peuple arabe. Ils n’avaient absolument aucun droit juridique, moral, ou politique d’intervenir au Moyen-Orient. C’est au peuple arabe, et non aux anciens pouvoirs coloniaux, de décider des frontières de la région.

6- L’imminence de la guerre alimente le racisme.

  • Pour justifier la logique de guerre, le gouvernement et les médias utilisent des préjugés culturels et encouragent le racisme.
  • Mais le racisme prend d’autres formes : 40 % des jeunes Noirs en âge de travailler sont au chômage. La crise économique a conduit des dizaines de milliers de Noirs et de Latino-Américains immigrés à s’engager dans l’armée ; aujourd’hui, ils sont au front en Arabie saoudite. Ce seront les premiers à mourir si la guerre éclate.

7- Cette guerre conduira au retour de la conscription.

  • Les forces de réserve sont limitées. Les Etats-Unis ne peuvent pas assurer une guerre prolongée au Moyen-Orient sans réinstaurer la conscription, abandonnée après la guerre du Viet-nâm.
  • Les jeunes Américains auxquels on demandera de se battre ne doivent pas être sacrifiés pour protéger les super-profits des compagnies pétrolières.

8- Nous ferions la guerre pour les rois féodaux et les émirs

  • 60 % des 1,9 million de Koweitiens n’ont aucun droit civique.
  • À la mi-juillet 1990, le Parlement koweitien a été dissout par l’émir ; de toutes façons, il n’avait été élu que par 6 % des Koweitiens.
  • 90 % du total des investissements koweitiens est contrôlé par 18 familles multimillardaires.
  • En Arabie saoudite, l’esclavage n’a été aboli qu’en 1962. Les femmes n’ont pas le droit de conduire, de parler à des hommes (sauf s’ils appartiennent à la famille proche) ni d’avoir un emploi.

9- La politique des Etats-Unis tient un double langage.

  • Les Etats-Unis ont violé les lois intemationales en envahissant Panama et Grenade et en annant les contras nicaraguayens. Ces actions ont été condamnées par une majorité des membres des Nations-Unies.
  • Les Etats-Unis ont ignoré l’utilisation de gaz toxiques pour massacrer 5 000 Kurdes irakiens et la longue série de violations des droits de l’homme de Saddam Hussein ; mais, à l’époque, il servait les intérêts américains en menant sa guerre meurtrière contre l’lran.
  • Hussein a reçu des millions de dollars d’armement des nations occidentales, y compris des Etats-Unis, trois mois à peine avant l’invasion du Koweit.

10- Nous devrions développer des sources d’énergie renouvelables et non polluantes.

  • Notre environnement est menacé par le transport et par la combustion du pétrole. Selon de nombreux experts, les changements climatiques qui en résultent pourraient créer un « effet de serre », qui mettrait en danger toute vie humaine.
  • Certaines lois sur la protection de l’environnement (par exemple, des restrictions sur le forage off-shore seront vraisemblement assouplies à la suite de l’intervention américaine dans le Golfe.

Novembre 1990
San Francisco

P.-S.

Inprecor, n° 321, décembre 1990-janvier 1991, p. 17.

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