Vivre sans temps morts !

, par OLLIVIER François, SITEL Francis

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François OLLIVIER et Francis SITEL
(majorité du comité central)


DEPUIS l’automne, pour la LCR, c’est comme un nouveau printemps : mouvement de la jeunesse, grève des cheminots, mobilisation des instituteurs, recompositions prometteuses du côté du PCF. Et, du coup, ceux qui allaient répétant que la Ligue était morte, qu’il fallait l’enterrer, découvrent, épatés ou contrits, leur erreur.

On cause beaucoup de nous, parlons-en un peu...

La relance des luttes, après des années de recul, de coups encaissés et de crise désagrégatrice du mouvement ouvrier, marque un tournant de la situation. Les effets négatifs des dix dernières années n’en sont pas effacés pour autant : la riposte d’ensemble à l’offensive néo-libérale se heurte encore à de bien puissants obstacles. Mais les conditions pour préparer celle-ci sont plus favorables. Et la confiance en nos propres capacités d’intervention doit s’en trouver renforcée.

a) Au feu des dernières mobilisations sociales, nous avons pu tester et notre orientation et notre efficacité.

Défense intransigeante des revendications, politique d’unité et de démocratie dans un mouvement de masse, pratique syndicale lutte de classe et développement de l’auto-organisation, affirmation non sectaire de l’organisation... L’articulation correcte de ces divers éléments ne saurait supporter ni improvisation ni tergiversation. Si les militants de la LCR ont joué un rôle, s’ils ont acquis une audience auprès de leurs camarades de combat, c’est grâce à un capital — capital d’expérience, de programme, de militantisme... — qui est celui de la LCR. Une fois confirmé que c’est bien un même projet qui anime l’organisation dans sa totalité, reste à tirer les enseignements de ces luttes pour préciser et enrichir notre orientation. Tel est le premier enjeu de notre congrès.

b) La crise du mouvement ouvrier est grosse de recompositions importantes. Celles-ci appellent de nous une audacieuse politique d’ouverture unitaire.

Cette crise est profonde et globale : crise de direction, d’orientation, d’organisation... C’est tout un cycle du mouvement ouvrier qui se clôt et ouvre sur un avenir à construire. Il ne saurait y avoir d’orientation révolutionnaire qui fasse l’économie d’une réponse à ce problème. Et les propositions des uns et des autres doivent être jugées à l’aune de ce qui aujourd’hui représente le défi majeur : la crise du PCF et l’affirrnation du courant des communistes rénovateurs.

Ni dissolution ni autoproclamation !

Relever le défi, ce n’est certes pas casser les instruments indispensables. Il n’y aura pas de recomposition du mouvement ouvrier sur de nouveaux axes sans continuité historique, sans acquis stratégiques, sans capacités politiques et organisationnelles... C’est avec tous les acquis qui sont les siens que la LCR doit aborder les processus à l’œuvre.
Relever le défi, pour la LCR, c’est aussi s’appuyer sur un de ses acquis les plus précieux : la compréhension que la constitution d’une nouvelle avant-garde ne relève pas des proclamations mais de processus concrets complexes. Chacun s’accorde à reconnaître que les voies du sectarisme sont des impasses. Encore faut-il mettre les actes en harmonie avec les propos. Surtout lorsqu’on se trouve confronté à des possibilités aussi décisives que celles qui se dessinent...
Il ne s’agit ni de pari ni de fiction. On ne parle pas d’une fusion dont les conditions sont encore loin d’être réunies. Il s’agit de s’inscrire dans un processus qui n’en est qu’à ses débuts, qui appelle des débats d’ordre stratégique et des rapprochements substantiels sur le terrain de l’action. Mais un processus dont, oui, on doit dire qu’on accepte sans hésitation que le terme possible (et souhaitable) soit la construction d’une nouvelle organisation.
C’est ce que font les thèses de la majorité : « S’il surgissait de cette crise un courant prét à tirer loyalement un trait sur le passé stalinien sans renoncer au communisme, c’est-à-dire à la construction d’un parti révolutionnaire d’action, luttant avec conséquence pour l’unité et l’indépendance de la classe ouvrière, pour un projet socialiste démocratique, pour une solidarité active avec les peuples en lutte contre la bureaucratie, nous serions prêts a envisager avec eux la possibilité d’une organisation commune, démocratique et ouverte à tous ceux prêts à s’engager dans cette voie. » (Thèses III.l5, p. 35.)
Telles sont les deux réponses — étroitement combinées pour former une même orientation — que notre congrès doit apporter :
— comment intervenir et nous construire dans la situation, sur la base d’une ligne de mobilisation unitaire et d’appui à l’auto-organisation ;
— comment s’inscrire positivement dans les recompositions en cours pour avancer dans la voie de la construction d’un parti révolutionnaire des travailleurs.

Pour la majorité du comité central
François Ollivier (BP)
Francis Sitel (BP)

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