P. Poutou vient parler des luttes sociales

, par POUTOU Philippe

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Ce 29 mai, Philippe Poutou est en visite dans le Lot-et-Garonne. Le conseiller municipal à la mairie de Bordeaux est le porte-parole de « On est là », liste alliance entre son parti, le nouveau parti anticapitaliste (NPA) et la France insoumise. Il évoque la campagne.

  • Qu’est-ce qui vous a motivé à participer aux Régionales ?

Philippe Poutou : Ce qui nous a motivés avec le NPA, c’est la volonté de faire suite à « Bordeaux en luttes ». On avait déjà fait une liste inédite qui sort du schéma classique d’unité de la gauche. La gauche pour nous, ça n’a plus vraiment de sens. Quand on voit qu’Alain Rousset et des macroniens se revendiquent de gauche, on parle de quoi ? Quitte à faire une unité, autant en faire une des militants syndicalistes, politiques de la gauche radicale, associatifs, Gilets jaunes. Une élection c’est l’occasion de faire déboucher tout ce que l’on crie dans les manifs. Si on peut avoir des élus, ça nous permettrait de ne pas simplement se faire entendre pendant la campagne mais faire résonner la colère et proposer un programme politique de rupture.

La journée en Lot-et-Garonne du porte-parole de « "On est là » va tourner autour de l’inclusion sociale
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  • À en juger par vos rendez-vous, votre journée en Lot-et-Garonne est portée sur l’inclusion sociale ?

Quand on va dans les départements comme le Lot-et-Garonne mais aussi la Dordogne, dès qu’on sort des grosses métropoles, il y a ce sentiment d’exclusion qui est lié à la désertification médicale, la désertification des services publics, des transports, la galère pour trouver du boulot. On rencontre des équipes associatives impliquées dans les questions de précarité, d’inclusion. On commence la journée avec les anciens de l’usine de Fumel. Je les connais car leur bataille, c’était un peu le début de notre bataille à Ford. C’est l’histoire d’une usine qui a fermé après des années de lutte. On va discuter de ça mais sans se morfondre. On va échanger pour savoir comment à travers ces constats on trouve de la force pour se battre, comment on fait du lien entre les différents combats ?

  • Comment pensez-vous éviter ces fermetures d’entreprises et les licenciements massifs ?

On pense qu’il faut sortir du discours hypocrite de cette gauche, et je ne parle pas de la droite, qui dit : « On va subventionner, on va conditionner les subventions ». Au final, rien ne change. Les subventions pleuvent et les entreprises se gavent. Moi je sors d’une histoire avec Ford qui est hautement scandaleuse. La multinationale s’est gavée jusqu’au bout puis elle a fermé et personne n’a réclamé l’argent public alors que Ford n’a pas respecté son contrat. Soit on a un discours fataliste comme la gauche au pouvoir qui donne de l’argent pour limiter la casse, soit on agit de manière autoritaire. Nous, on pense qu’il faut réquisitionner les outils de travail. Au moins provisoirement.

  • Vous êtes porte-parole de « On est là » et non pas candidat. Parlez-nous de votre rôle.

Je ne voulais pas être sur la liste. J’ai déjà un mandat, je suis élu municipal. Ça m’aurait gêné d’être dans la peau d’un candidat. Par contre, tout le monde souhaitait que mon nom soit quelque part. La manière de montrer que j’étais à fond avec la liste était d’avoir ce rôle. Je fais quand même du terrain. Tous les samedis jusqu’à la fin, je suis en déplacement. Ce n’est pas simple et la campagne ne suscite pas un grand enthousiasme.

  • Comment gérez-vous ce manque d’enthousiasme ?

Je ne sais pas si on le gère, on le subit plutôt. Même nous, si on n’était pas là, on n’aurait pas envie de voter. Plus on a de l’âge, plus on a connu d’élections et les fausses promesses. C’est logique qu’une majorité de la population ne croit plus aux élections et on est confronté à ça. Nous, on ne dit pas : « Votez pour nous, on va changer les choses ». On essaye de dire aux gens qu’il faut que l’on fasse de la politique nous-mêmes, il faut qu’on s’occupe de nos affaires. Et une élection comme celle-là peut aider à transmettre ce message.