Message de solidarité pour la libération de Theologos Psaradellis

, par KRIVINE Alain

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Message d’Alain Krivine, député du Parlement européen, dirigeant de la LCR (Ligue communiste révolutionnaire).

Je ne pourrai malheureusement pas être parmi vous ce soir et je le regrette. En effet, si je n’ai aucune connaissance, autre que par la presse, du groupe du 17 Novembre, je connais par contre très bien Théo Psaradellis et c’est pour moi, non seulement un camarade mais un ami.

Je l’ai rencontré au début des années 70 après son évasion et toute l’odyssée qui l’a conduit à Paris, auprès de nous, ses camarades. C’est en partie grâce à lui, que dans de nombreux meetings, les gens ont pu apprendre hors de votre pays les horreurs de la dictature militaire en Grèce. Mais en plus et sur le plan personnel, j’ai découvert un militant dont le courage et le dévouement à la cause de la démocratie étaient sans commune mesure avec sa timidité et sa volonté permanente de ne pas apparaître comme un héros, mais comme un simple militant. Sa gentillesse et sa générosité étaient reconnues par tous.

Je suis très inquiet du climat hystérique qui tend à se développer dans toute l’Europe au nom de la « lutte antiterroriste ». Théo, comme tout notre mouvement, n’a jamais été partisan d’assassinats politiques. Or si je suis inquiet c’est parce que j’ai vu comment le Parlement européen, sous pression des États-Unis vient de voter une définition du « terrorisme » qui peut permettre une véritable criminalisation de l’action syndicale et des résistances à un ordre social mondial régressif. Il suffit de voir comment aujourd’hui des syndicalistes sont emprisonnés en Italie ou menacés de l’être en France comme José Bové.

Après son retour en Grèce, Théo a fini par abandonner le militantisme notamment pour raison de santé. Et je suis très inquiet de savoir que les conditions de sa détention l’ont déjà à plusieurs reprises conduit à l’hôpital. En tout état de cause, je sais qu’il n’a pas renoncé aux valeurs qu’il a toujours défendues et je suis scandalisé que le courage dont il a fait preuve hier contre la dictature, puisse aujourd’hui se retourner contre lui. Je veux croire qu’on ne laissera pas quelqu’un comme Théo en prison : ce serait une trop grande victoire et une revanche pour les anciens tortionnaires. Soyez certains, chers amis, que non seulement au Parlement mais dans toute l’Europe, nous allons nous mobiliser pour que Théo retrouve au plus vite Nadia et ses deux enfants que j’embrasse.

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